Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 18 janvier 2015
par Mario Bard.
Suivre le Dieu qui nous habite
Le propriétaire de l’appartement où j’habite vend sa propriété. Donc, depuis une semaine, des acheteurs potentiels se présentent pour la visiter. La bonne nouvelle est qu’ils sont nombreux. De plus, la maison est annoncée comme étant un endroit pour investisseurs, c’est-à-dire, une maison à appartements.
Une sécurité supplémentaire – mais pas une assurance – contre ceux qui voudraient transformer ce bel endroit en maison familiale. Mais, rien ne peut empêcher le nouvel acheteur de le faire. Et au-delà de la fin du bail, il pourrait finalement faire ce qu’il veut.
Me garder, ou bien m’annoncer que je dois trouver un nouveau toit.
Plus que jamais, j’ai besoin de savoir où j’habite! Et peut-être encore davantage à l’intérieur de moi. Pour ne pas céder à la panique, je demande à cette providence en laquelle plusieurs chrétiens croient de me soutenir si la réalité devenait celle d’un départ forcé.
J’ai besoin de savoir où je peux poser les pieds. J’ai l’habitude d’appeler l’endroit où j’habite ma petite montagne. Comme Ieshoua le faisait, je peux m’y retirer et prier, entrer en contact avec le Père afin de dialoguer et me laisser aimer.
L’analogie est la même pour la vie intérieure.
Habiter au cœur de Dieu, c’est comme habiter au cœur de sa montagne. Et la demeure de Dieu est en nous. Seul notre libre oui de chaque jour suffit.
Savoir que, malgré mes chemins tortueux, mes coupures d’amour et les tentations plus fortes qui me font perdre tant de combats intérieurs, je peux retrouver Dieu, brûlant au centre de la montagne de mon cœur. Je peux même oser lui dire et répéter : Père de Ieshoua, je désire que tu demeures en moi. Même si je suis pécheur.
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Le tragique massacre de Charlie Hebdo la semaine dernière nous a fait réfléchir à la liberté d’expression. Elle provoque des violences qui dépassent les Dix Paroles que Dieu a d’abord données à Moïse et son peuple. Qui plus est, les tueurs l’ont fait au nom d’une image de Dieu de moins en moins partagée par les citoyens du monde.
Cette image de violence est pourtant toujours présente chez plusieurs croyants. Je me souviens de ce jeune homme qui me provoquait quand je lui parlais d’un Dieu qui n’est qu’amours… Une fois, je n’ai pas su retenir la violence de mes mots! Difficile de dialoguer.
Il est également compliqué de ne pas retenir sa colère quand quelqu’un s’accroche à l’image d’un Dieu qui est plutôt vengeur, punisseur, et qui à la limite, est prêt à tuer n’importe quand avec un couteau ou une Kalashnikov.
Cette image est aussi la plus facile. On s’y accroche pour mieux régler le sort du monde. Parce que l’amour est tout sauf aisé (rappelons-nous les mots de Vigneault « Qu’il est difficile d’aimer. ») ; aimer est un combat intérieur que nous devons mener chaque jour.
Combat? Oui et non…
Pour combattre grâce au Dieu de Ieshoua, je crois qu’il faut d’abord et tout simplement accepter de se laisser aimer par lui. Jusqu’au plus profond de nos ténèbres. « Les ténèbres ne sont point ténèbres devant toi, la nuit comme le jour est lumière », disent les Écritures.
Accepter que Dieu Père laboure notre cœur. Qu’il construise de nouvelles charpentes. Au fil de nos oui, elles se solidifient. Là est la grande bataille.
Pour rencontrer le Dieu de Ieshoua, devenu Christ, il nous faut accepter de marcher en soi, d’habiter son cœur et non des idéologies, qu’elles soient religieuses, philosophiques, politiques, économiques ou même humanistes.
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Pour habiter chez Dieu, il faut d’abord accepter d’habiter chez soi, loin des garanties qui, certes, rendent l’être humain parfois plus attrayant. Mais au final, elles se révèlent illusions qui se délabrent lorsque vient les temps des guerres, des famines et des pauvretés.
Seul le Dieu qui nous habite saura bouger notre main, ouvrir nos lèvres, écarquiller nos yeux. Notre union à lui, par la mise en action libre et aimante de sa parole, deviendra une fondation sur le roc.
Il s’agit de savoir : qui est le Dieu qui nous habite? Père de Ieshoua? Ou tueur en série? Père de Ieshoua? Ou donneur de leçons inhabitables? Père de Ieshoua? Ou bâtisseur d’injustices?
Un souhait pour 2015? Que le Dieu, père de Ieshoua et Notre Père, habite plus intensément cet espace vide de notre cœur qui ne demande qu’à être bâti sur le roc de sa Bonne Nouvelle qu’est l’Évangile. Amen.
Mario Bard
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