Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 16 octobre 2016
par Mario Bard.
Laisser en nous entrer la foi
En Dieu, il y a deux pôles : le matériel et l’immatériel. Comme si l’un et l’autre étaient intrinsèquement liés, et que de tenter de séparer les deux est une mission impossible de par la nature même de l’univers. La foi nourrit et peut transformer les deux. Elle alimente aussi la façon dont nous voyons le monde.
L’Église a souvent tenté de faire de ce monde un pôle de l’immatériel absolu… en utilisant beaucoup de matériel. Prier dans des cathédrales immenses, comme Saint-Pierre de Rome par exemple, est un paradoxe. Je prie celui que je ne vois pas en utilisant marbres, or, sculptures et autres richesses. En utilisant la beauté diront certains. Bref, reste que le paradoxe est intéressant.
Mais, pour aller plus loin avec cette patience de et dans la prière… J’avoue que je perds souvent patience. Après tout, ce monde est de plus en plus tenté par la richesse « cul-de-sac » du populisme de riches orgueilleux qui, finalement, ne nourrissent que leur égo. Le malheur est qu’il y a beaucoup de désespérés de la vie qui se laissent berner par la bête… comme dans la prière.
En effet, on peut être tenté par la bête. Celle qui ferait tout à notre place. Celle qui procure les numéros de loterie. Celle qui nous donne ce que l’on veut tout de suite : plaisirs, richesses, pouvoirs. Cette bête, si réaliste qu’elle oublie que le meilleur est toujours ici et pour toujours, en construction grâce à nos mains, nos bras et nos pieds, par l’Esprit de Dieu. Cette bête à qui l’on sacrifie notre intelligence et notre cœur…
Tout au contraire, nous avons à laisser entrer en nous ce Dieu qui aime et qui, au en fin de compte, nourrit l’essentielle aspiration à l’amour.
Mais, avons-nous la foi? Quand nous prions, à quel Dieu parlons-nous? Celui de l’Évangile ou celui de nos illusions? Celui qui est « … lent à la colère et plein d’amour… »? Ou celui que nous espérons guerrier et qui nourrira nos ambitions les plus folles?
Avons-nous foi dans ce Dieu qui, de la croix, ressuscite son Fils parce que l’amour triomphe?
***
J’ai écrit cette prière il y a quelques années. Elle se trouve dans le Pain sur la table. Je crois qu’elle reflète assez bien cette espérance qui, comme le soleil au point du jour, commence à luire dans un cœur quand on admet la difficulté que nous avons à avoir foi dans ce Dieu de l’Évangile. Quel est ce Dieu? Mystère qui nourrit nos aspirations les plus belles…
Je rage et j’éclate : Dieu, Père, entend-tu nos misères?
Je subis tous les jours l’injustice, la haine, la médiocrité, le mensonge, la perversion.
Et quand je regarde à l’intérieur de moi,
je m’aperçois que je suis, moi aussi, capable de tout cela.
Au fond de mon cœur, dans la boue des pleurs, se lève une fleur d’espérance.
Une graine que tu plantas en moi un autre jour d’hiver :
« Je suis toujours avec toi, va, n’aie pas peur!
Je ne suis que patience et bonté, miséricorde
et amour jusqu’aux entrailles.
Va, sois de même! »
Que ton esprit d’espérance envahisse mon cœur jusqu’au jour de notre rencontre éternelle. Amen!
Mario Bard
Laisser un commentaire