Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 11 décembre 2016
par Mario Bard.
Devenir un prophète chrétien
Il est une surprise pour son cousin Jean le baptiste : Ieshoua ne condamne pas. Il pardonne, il guérit, il annonce une Bonne nouvelle. Laquelle? Tout être humain est appelé à être sauvé. Pas de feu, pas d’éclairs, pas de peurs. Qu’une marche vers la bonté et un exemple montré à tous.
Dans l’Évangile de Luc, la miséricorde est souvent présente. En Matthieu, l’appel est celui à agir pour sauver. Alors, comment aujourd’hui les Églises chrétiennes désirent-elles sauver? Les pas effectués depuis la tenue du Concile Vatican II sont extrêmement interpellant. Ils sont aussi liés au pire conflit mondial jusqu’alors dans l’histoire de l’humanité : la Deuxième Guerre. Les atrocités commises ont dépassé l’entendement de bon nombre de croyants. La cruauté des camps de concentration, le racisme ambiant, et plus encore, ont dérouté. Plus de 80 millions de personnes mourront – officiellement – sans compter toutes celles qui sont mortes des suites de leurs blessures, de privations et autres tares liées à la guerre.
Heureusement, des milliers d’hommes et de femmes ont été prophètes de bonté. Le pape Jean XXIII est l’une de ces figures. Il était nonce apostolique en Turquie lors de cette guerre. Des milliers de personnes juives ont été sauvées grâce à son intervention. Au lieu de choisir la passivité bourgeoise que ce poste aurait pu lui procurer, il a été prophète en cette situation, annonçant que les plans d’élimination d’une race, un génocide, n’ont aucune place dans le règne du Dieu des chrétiens.
Et nombre de personnes ont fait, dans l’intimité et la méconnaissance du monde, des gestes semblables. Des prophètes annonçant par leurs gestes, au risque de leur vie, que la vie vaut plus qu’une idéologie, qu’un pays a construire par la force.
Même chose pour Frère Roger de Taizé : il a sauvé des personnes juives dans ce petit village qui deviendra après la guerre, une communauté qui rayonne de l’idée de la réconciliation entre les chrétiens, et plus largement, de la nécessaire réconciliation entre tous les humains.
En cette Ère de grands chevaux perchés bien haut, où les forts prennent d’assaut même l’arène politique, il importe de ne pas oublier les vrais gestes prophétiques. Ceux qui transforment la vie d’une personne, la sauve, la rendent plus vraie face à elle-même et conséquemment, plus à même d’entrer dans les ondes d’amour d’un Dieu vivant.
Parfois, j’aimerais que les êtres humains d’aujourd’hui, tentés par des retours en arrière idéologiques et pratiques, regardent vers les massacres, désastres et autres tares qui ont touché notre monde. Qu’ils se souviennent qu’un prophète, du moins au sens chrétien du terme, est d’abord quelqu’un qui répond à la haine par la bonté; à la haine par l’amour; à la haine par la joie; à la haine par les gestes de guérison et d’accueil inconditionnel.
Crier dans le désert… certes, il est important de le faire. Mais, les gestes que l’on pose parlent encore bien davantage. Songer aux multiples retombées positives, c’est aussi annoncer la venue du Règne de Dieu.
En ces temps où les forts et les diviseurs sont au pouvoir et qu’ils sont nombreux à justifier la mort que produit la guerre, cherchons la paix et la bonté par tous les moyens possibles. C’est peut-être la seule manière d’être prophétique au nom de celui est venu surprendre Jean le baptiste.
Mario Bard
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