Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 27 juillet 2014
par Mario Bard.
Le Règne et ses trésors : une question de choix
Vivre le Règne de Dieu nécessite de faire des choix. Lorsque j’étais stagiaire en théâtre masqué, notre maître – au sens qu’il maitrisait parfaitement son art – nous disait toujours qu’il fallait choisir. Ainsi, nous faisions beaucoup d’improvisation et nous devions toujours être dans le mode du choix : où, quand, comment, pourquoi et qui était les adverbes essentiels à retenir. Mais le choix demeure difficile. Après tout, un personnage peut tout vivre et toute situation peut être jouée sur une scène.
Certains choisissaient d’êtres « dans tout leurs états », de l’expression consacrée qui veut dire que l’on est bouleversé. La plupart du temps, leur performance était pitoyable. Après qu’ils se soient bien fourvoyés, le professeur arrêtait l’improvisation et les comédiens venaient s’asseoir.
En bon pédagogue, le maître demandait aux élèves de décrire ce qui venait de se passer. Ceux-ci étant encore dans tout leurs états, ils ne savaient quoi répondre. Le maître nous expliquait alors que nous pouvons tout jouer, tout représenter. Le théâtre ne connaît aucune limite.
Cependant, quand on s’engage dans une voie, il faut la choisir et la maintenir. Certes, la gymnastique d’improvisation demande une très grande rapidité. Et c’est pour cela que parfois, abandonner le choix qui a été fait demeure une option. Par contre elle se révèle la plupart du temps désastreuse, car elle mène à tous les états. Ils n’ont rien à voir avec un état qui permet de jouer une situation, de s’y accrocher, de la développer et d’éventuellement, devenir un très bon acteur.
Tout est question de choix.
Comme dans l’Évangile d’aujourd’hui. Choisir la perle rare. Celle du Règne de Dieu, et s’y maintenir coûte que coûte. Encore faut-il s’entendre sur le mot Règne. Dans la bouche de Ieshoua, je ne crois pas qu’il s’agisse du faste humain. Du moins, il n’a pas besoin de ce faste pour exister. Le règne de Dieu est plus fort que cela. Il a d’abord besoin de notre oui dans sa mise en pratique quotidienne, inspirée et perspicace de l’Évangile. Un oui à l’amour inconditionnel sous toutes ses formes.
Un oui qui ouvre et crée. La comédienne américaine Tina Fey rappelle qu’en matière d’improvisation, le oui est toujours la meilleure option. Dire oui à ce que l’autre propose, dire oui et y ajouter sa vision. Ne pas avoir peur du oui. Le non est dangereux, car il ferme les options de ce qui peut-être créer à partir des choix que nous avons faits sur scène. En improvisation, la grande difficulté est la vitesse et l’incertitude. La confiance devient alors essentielle; en soi et aux autres.
Notre oui est-il plein d’entrain et inconditionnel comme le chercheur de trésor ou de perle? Quand ça va bien, notre oui est facile. Quand ça va mal, la tentation de dire non au Règne de Dieu est soutenue presque invincible. Peut-être que la question à nous poser alors est celle de notre confiance. Quelle est la confiance que nous mettons dans l’application concrète de l’Évangile? Le partage de denrées, la visite des malades et des prisonniers, le soin apporté aux personnes en détresse : qu’est-ce que je fais concrètement? Et sur un plan politique, est-ce que j’encourage des partis politiques qui défendent l’individualisme ou bien ceux qui défendent une vision d’un partage collectif de la richesse? Par exemple…
Tout est question de choix.
La communauté de Taizé en France rappelle constamment cette base que constitue la confiance. Comme un sous-sol de roc, elle permet de tenir notre fondation et d’y construire petit à petit la maison. Je prendrai également comme exemple la construction des maisons dans les bidonvilles. Certaines personnes construisent la base et, dans l’espoir qu’elles auront assez d’argent pour aller plus loin, elles ajoutent les éléments structuraux qui vont éventuellement permettre la construction d’un deuxième étage. C’est pourquoi on voit dépasser des poutres de métal, comme un ouvrage inachevé.
Une confiance existe. Celle qu’il sera possible de continuer la construction. Même si ce n’est pas soi, les éléments pour le faire sont présents et représentent un futur heureux.
Aujourd’hui, que choisissons-nous? La confiance ou la peur? Le oui, ou le non?
Tout est question de choix!
Mario Bard
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