Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 3 août 2014
par Mario Bard.
De quel pain se nourrit-on?
La haine est encore bien présente dans notre monde. Gaza, Ukraine, islamiste, christianisme, bouddhisme radical – et j’en passe : tous des exemples d’un monde qui a faim d’amour. Dernièrement, la page Facebook du groupe Église ouverte diffusait l’image d’une note de haine. Loin d’avoir été écrite au Moyen-Orient, celle-ci s’est retrouvée sur la porte d’une maison affichant le drapeau arc-en-ciel, symbole d’identité des communautés LGBT du monde entier. Le tout se déroule à Longueuil sur la Rive-Sud de Montréal. On dit même que c’est une famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire qui reçoit l’avertissement.
« Nous ne voulons point de personne de votre genre dans notre cartier », est-il écrit, dans un français plus qu’approximatif. Au-delà des fautes, c’est la haine. « Enlevez-le, taisez vous et nous vous épargnerons ». Épargner de quoi?
Avec l’histoire de haine qu’ont subie les personnes LGBT depuis des siècles, on peut redouter le pire : la mort. Une autre phrase de la note me donne un indice non négligeable sur l’identité de l’auteur. Je crois qu’ils sont – ou bien qu’il est – religieux. « Et vous pourrez poursuivre votre vie abominable ». Dans le livre du Lévitique placé au début de la Bible, le mot abominable décrit ce qui est dit à propos des relations entre deux hommes.
Mais voilà. Ce livre, ce code du lévitique (loi), est destiné au peuple d’Israël, qui vit dans un environnement bien précis – semi-désertique – et qui marche de révélation en révélation. On y trouve des éléments qui concernent la vie quotidienne d’un peuple précis, celui d’Israël, à une époque donnée. S’il fallait le suivre encore aujourd’hui, les femmes devraient s’absenter sept jours pendant leurs menstruations, car le sang est considéré comme impur. Chapitre 15, verset 19 : « La femme qui aura un flux, un flux de sang en sa chair, restera sept jours dans son impureté. Quiconque la touchera sera impur jusqu’au soir. » Traduction de la Bible Louis Segond.
Dans le monde d’aujourd’hui, cette parole est tout simplement dépassée. De plus, on sait que la nature du sang est de faire couler la vie en nous! Pas de sang, pas de vie. Ce liquide permet de vivre. Les personnes qui ont vécu une transfusion le savent, elles doivent leur survie à cette merveille de la science. C’est pour cela qu’il est toujours surprenant que des chrétiens se basent sur le lévitique pour parler d’homosexualité.
Ces personnes ont-elles un regard éveillé sur la réalité heureuse et respectable que vivent des millions de personnes LGBT? Certes, ces relations diffèrent de la norme. Mais, sous un regard chrétien, la seule chose qui devrait être prise en compte et considérée comme normale est l’amour. Est-ce que l’amour est le fondement de leur relation?
Ma seconde question serait celle de la nourriture que ces chrétiens bouffent : quel pain les nourrit? La haine?
En tout les cas, certainement pas celui de la multiplication. Car si Ieshoua avait choisi la haine, il aurait combattu avec les armes pour ne pas être monté sur la croix. De plus, il aurait dressé un formulaire afin de mieux cerner qui sont les élus, et qui ils ne sont pas. Les purs qu’il peut guérir et ceux qu’il ne peut pas. Loin de ce calcul mathématique, il distribue largement sa miséricorde, sans s’arrêter. Il guérit tous ceux qui viennent à lui.
De quoi les chrétiens d’aujourd’hui rassasient-ils les foules? De la menace ou bien de l’entraide? Et leur compréhension de la morale s’attache-t-elle encore à des livres précis, ou bien se moule-t-elle à l’Esprit qui souffle où il veut et nous aide à discerner les signes des temps?
De quel pain vous nourrissez-vous? Celui de la multiplication des pains ou celui de la peur alimentée par de nouveaux loups?
Mario Bard
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