Mon grain de sel

Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 21 septembre 2014

par Mario Bard.

Le don : pour être toujours premier.

Être premier, être dernier. Voilà une phrase qui a souvent mené à des combats de coqs : qui est le plus humble? Celui qui est capable de se fouetter jusqu’au sang, ou encore celui qui est capable de se sentir misérablement petit devant ce Dieu TOUT PUISSANT!? Finalement dans certaines traditions chrétiennes, cette phrase a pu mener sur des chemins qui n’empruntent pas le désir sous-jacent à l’Évangile : aimer. Ce désir de l’esprit d’Évangile qui désire d’abord que l’on aime. Que l’on soit et devienne aimant. Et que l’on s’ouvre au Dieu père qui nous veut heureux et qui désire que l’on se laisse aimer.

Être dernier ou être premier : peu importe.

Oh! Je sais qu’à l’heure de l’hyper compétitivité, la formule ne plait guère. Les premiers doivent être premiers. Et le rester. Ils sont et deviennent les maîtres d’un monde qui se plient à toutes leurs volontés et leurs moindres caprices. Ils sont les princes d’un monde, ici-bas, qui n’écoute pas toujours l’esprit d’Évangile. Ils sont les témoins de leur propre nouvelle lubie. Néron et les autres despotes, dont celui de Corée du Nord, ou ceux du « capitalistan » néo-libéral, existent toujours.

Alors, dans ce contexte où le premier est glorifié comme un Dieu, comment faire pour que la vie devienne autre chose qu’une course permanente à la compétition?

Celle-ci semble si importante et rapporte tellement de richesse. Sans relâche, nous travaillons pour devenir des êtres performants, remplis de bons sentiments. On donne largement quelques sous à Noël et puis on oublie le reste de l’année que Noël, et ce don qu’est l’enfant de la crèche représente une réalité permanente.

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Le TIFF est terminé. C’est le Toronto International Films Festival. L’heure de la gloire pour nombre de vedettes hollywoodiennes. Le vedettariat à son plus fort et dans son raffinement le plus complet. Ces personnes, talentueuses et souvent belles, sont-elles nos nouveaux dieux, nos nouvelles déesses? Peut-être… En plus, on demande beaucoup aux nouvelles étoiles. D’être parfaites physiquement et moralement : des agneaux sans tache. On leur demande d’être première à notre place. De vibrer de nos fantasmes de beautés, de perfections et de richesses. De sacrifier leurs vies pour notre plaisir.

On leur réserve souvent un accueil triomphal lorsqu’elles sont à la hauteur de leur talent, ou de nos aspirations, c’est selon la mode du temps. Après, on peut les jeter, Ère de consommation oblige, il faut de la nouveauté tous les trois mois.

Heureusement, il y a tous ceux qui gardent les deux pieds sur terre et qui font de l’art le premier de leurs soucis. Premier ou dernier, on s’en fout. L’essence d’un artiste, c’est d’être celui ou celle qui libère la liberté d’amour. Le reste est un fla-fla qui permet d’améliorer les ventes. Mais qui, aujourd’hui comme jamais, prend tant d’importance dans la course au premier…

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« Les derniers s’ront les premiers dans l’autre réalité, nous serons princes d’éternité », chante Céline Dion dans les mots et la musique de Jean-Jacques Goldman. Ce dernier écrit également dans une autre chanson :

« Je te donne toutes mes différences, tous ces défauts qui sont autant de chances,

on s’ra jamais des standards, des gens bien comme il faut. »

Peut-être que nous pouvons chanter ce chant d’espoir à Dieu. Après tout, devant lui, le seul mouvement qui puisse nous mener quelque part, c’est celui du don. Dans ce mouvement, les premiers seront toujours premiers…

Mario Bard