Mon grain de sel

Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 5 octobre 2014

par Mario Bard.

Les jours meilleurs

Dans son Pain sur la table, notre ami Georges Convert insiste beaucoup sur les extraits de la Bible qu’on retrouve dans les livres de Jérémie et d’Isaïe. Des extraits qui peuvent de plus en plus s’appliquer à ce que vivent de plus en plus de gens qui luttent actuellement pour simplement survivre : avoir un toit sur la tête, manger quelque chose trois fois par jour. On ne parle pas de qualité de vie ou de santé, de logement décent ou encore de moment de loisir : on parle de survie.

Les statistiques le démontrent de plus en plus : les revenus entre les plus riches et les plus pauvres ne cessent de se creuser. De fossé, on passe de plus en plus à un petit ravin. Dans certaines régions de nos pays dits riches – je pense en particulier aux États-Unis et au Canada en particulier –, les ravins semblent se transformer en grand canyon.

Nos élites dirigeantes sont-elles au courant? Veulent-elles réellement changer ces nouvelles données? Permettez-moi d’en douter, car ces dernières années, le nombre de personnes qui doivent se rendre dans une ressource afin de recevoir du soutien alimentaire est en hausse. Même quand elles travaillent à temps plein, de plus en plus de familles n’arrivent plus à boucler leur budget. Le partage des ressources immenses que possède notre société n’est pas au rendez-vous.

Les fruits produits par nos sociétés riches sont-ils à la hauteur du Règne de Dieu? Est-ce que ce Règne ressemble à une cour de personnes sélectionnées sur le volet? Ou bien est-il ce monde qui lutte pour réaliser un meilleur partage, selon les besoins essentiels de chacun et chacune?

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La spiritualité chrétienne devrait inclure une mise en place d’une meilleure répartition des richesses. Un document édité par la Conférence des évêques catholiques du Canada revient sur la question. Conçu par le Forum Social Jésuite de Toronto – à qui appartient l’initiative –, il propose une réflexion active pour des petits groupes, en six rencontres. Réfléchir à propos de la répartition de la richesse, mais également à propos des décisions gouvernementales en matière d’environnement. Bref, un document qui peut aider les chrétiens ou toute autre personne à construire le Règne de Dieu.

Il est facile de se dire : j’ai prié et maintenant je suis sauvé. Il est moins facile de sourire aux passants qui demandent pour la ixième fois de l’argent. Ou encore, moins facile de changer son style de vie pour encourager la lutte aux changements climatiques. Pourtant, ce sont souvent de petites initiatives personnelles qui font, quand elles sont de plus en plus appliquées par de plus en plus de monde, toute la différence. Et qui construisent le Règne de Dieu.

La question est toujours la même; jusqu’à quel point y croyons-nous? Jusqu’à quel point y avons-nous foi?

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Le règne des barbares. Ils mènent le monde en se disant chrétiens. Mais il préfère voir leurs comptes en banque monter en flèche plutôt que d’encourager un monde de partage. Aujourd’hui le centre Justice et Foi de Montréal parle même du « Dieu austérité », nouveau mot clé du projet gouvernemental québécois. Qui en sont les victimes annoncées?

Vous et moi. Parce que si ces compressions ne nous touchent pas immédiatement, elles toucheront les plus faibles de la société. Ceux à qui nos dirigeants diront : désolé, mais nous n’avons plus de place pour vous à l’auberge, restez dehors…

Si nous considérons l’autre comme notre frère, comme notre sœur, nous n’aurons d’autres choix que de nous lever et de lutter pacifiquement contre les mesures qui tuent à petit feu une société qui, il y 40 ans, avait rêvé de jours meilleurs pour tous. Cela peut être blessant, au sens propre comme au sens figuré. Cela peut nous faire mourir, au sens propre comme au figuré.

Au nom de l’Évangile, osons tout de même rêver de jours meilleurs.