Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 19 octobre 2014
par Mario Bard.
Rendre jusqu’à son souffle de vie
Rendre à Dieu : mais qu’est-ce que je peux bien lui rendre?
« Je n’ai rien à t’offrir sinon mon unique désir de te faire toute la place »,
chante magnifiquement Robert Lebel dans la chanson Seigneur que veux-tu que je fasse?
Dieu.
Ce grand mystérieux qui se cache derrière tout et rien. Comment lui rendre ce qui ne se rend pas? L’amour, le cadeau de la vie, le partage dans l’amitié, les signes d’entraides, la miséricorde, et j’en passe. Je ne peux lui rendre ces cadeaux.
Alors peut-être que de rendre à Dieu constitue un chemin qui, loin de mener vers le cul-de-sac planté par le pouvoir humain de César, rend heureux, ouvre à l’autre et ses beautés, redonne le goût d’aimer, du partage et du sourire. Rendre à Dieu, c’est se rendre à lui en prenant le chemin de la pratique quotidienne de la miséricorde, la recherche de la paix, la recherche de l’amour plus vrai et plus simple.
Pour vivre ensemble, il faut savoir aimer
Et ne rien prendre que l’on ait donné.
Le grand parolier français Eddy Marnay écrivait cette chanson pour sa muse – Frida Boccara – au début des années 70. Succès instantané qui a été repris par de nombreux interprètes francophones de par le monde.
Dieu est peut-être entièrement présent dans ces deux phrases.
Ceux et celles qui vivent en couple savent bien que le don de soi est essentiel. Aucun couple ne peut passer à travers sans prendre le temps de rendre à Dieu. C’est rendre à l’autre dans un esprit de bonté et de miséricorde. Parfois, si des portes claquent, des désaccords surviennent, le sacrement du mariage – ou encore l’engagement conscient et pleinement offert par l’un et l’autre – devient une passerelle pour aller plus loin.
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Ce soir, je pleure beaucoup. De bonheur.
J’apprends qu’il y a, au Vatican, un langage de compassion qui s’ouvre envers les différentes formes de couples. Plus ; on semble vouloir reconnaître que, même si des situations n’entrent pas dans le grand livre du droit canonique, elles peuvent être porteuses de valeurs.
Bien sûr, ce résumé des discussions que porte le synode sur la famille n’est pas une prise de position. Il s’agit de ce qui a été discuté durant la semaine. Mais, il reste un élément de réflexion qui dit qu’à l’intérieur de cet appareil étatique, toujours un peu trop rigide à mon goût – je l’avoue… serez-vous surpris? 😉 – règne une parole libre et surtout, des cœurs de chairs qui reconnaissent les signes des temps.
Rendre à Dieu, dans le contexte de ce synode, c’est peut-être mieux écouter la parole de Dieu qui monte également du Peuple de Dieu, expérimentant, cherchant, se donnant le temps d’observer les mouvements d’un monde qui n’est pas toujours mauvais. Un monde qui a besoin qu’on lui redise tout l’amour du Christ.
C’est aussi ça, me semble-t-il, rendre à Dieu.
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Je te rends grâce Seigneur, chante-t-on régulièrement dans les prières que portent l’Église.
Nous rendons grâce parce que nous sentons bien, profondément ancrés dans cet amour que Dieu nous offre gratuitement. Un amour impossible à réaliser sans sa présence.
La seule façon de lui rendre cet amour, c’est peut-être de lui redonner en devenant de plus en plus amoureux comme le Fils, Ieshoua, qui se donne librement sur la croix, pardonne, et à qui le Père rend le souffle de vie.
Mario Bard
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