Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 2 novembre 2014
par Mario Bard.
Souffrir et comprendre
Être serviteur : si grand défi que celui-là! Il ne s’agit pas seulement de servir ses intérêts… En effet, la nouvelle mélodie qu’on entend aujourd’hui est : « Mon Dieu que ce bénévolat me rapporte! » C’est vrai qu’il faut un minimum de plaisir et de satisfaction dans ce qu’on fait. On ne peut faire trop longtemps quelque chose qui ne nous rapporte rien. Les psychologues disent à quel point ce retour du balancier est important.
Par contre, Ieshoua s’est retrouvé sur la croix… Un passage souffrant, sans joie, et qui mène directement à la mort. Est-ce que nous osons accepter ces phases de souffrance en nous, pour aller plus loin? Pour devenir serviteur prêt à donner sa vie pour les autres? C’est une grande question que les chrétiens doivent toujours se poser en tout temps.
Les hommes et les femmes qui souffrent ont une opportunité en or pour apprendre à aimer. Les mauvaises langues diront que nos sociétés occidentales, souffrantes et mal-aimantes, sont choyées! L’ouverture créée par cette souffrance peut être remplie d’un amour plus grand encore. Ce qui n’empêche pas des sentiments de détresse, de violence ou de rage de faire leur apparition. Mais quand nous décidons de nous tourner vers un Amour, la souffrance aura déjà pris une distance, ne sera plus la même. Elle mènera inévitablement vers une transfiguration. Et qui sait, la résurrection?
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Je parle de la souffrance humaine parce qu’elle est blessante. Et qui dit être blessé dit souvent devenir et être blessant. Ce qui peut mener à un style de vie, des actions ou des paroles étranges, loin des idéaux que l’on portait au départ : solidarité, entraide, partage, don. Le chemin pour construire le Règne de Dieu est extrêmement difficile. Étrange aussi. Pourquoi faut-il inévitablement passer par la souffrance quand on se donne jusqu’à l’Amour? Pourquoi nous met-elle dans tous nos états?
Je n’ai pas de réponse.
Tout ce que je sais, c’est qu’il est dangereux de juger les personnes et leurs situations, comme le font les moralistes de tout acabit. S’ils sont chrétiens, la compassion doit accompagner leurs pas et les empêcher de tomber dans la dureté d’un cœur qui risque de détruire l’amour qu’il contient. La braise est toujours présente, certes… Mais, elle ne peut devenir un feu nouveau si les prophètes de malheur continuent à les piétiner en disant : « Elles ne produisent pas de feu! »
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Le pape François n’arrête pas de répéter qu’il faut la miséricorde. Qu’elle est essentielle! Par-dessus les règles qui sont censées régir les vies. L’amour ce n’est pas toujours inscrit dans des règles. Il faut parfois inventer, ou plutôt, écouter ce que l’Esprit dit aux Églises afin de permettre à de nouvelles règles de vie, respectueuses de l’être humain d’aujourd’hui, d’êtres.
L’espérance que j’ai aujourd’hui, c’est que mon cœur n’entre jamais dans le cycle du jugement qui tue, de la parole qui oppresse et détruit. Une règle est certes utile pour marcher. Mais si elle manipulée par un cœur de pierre, le chemin sera froid comme de la glace; un cul-de-sac inévitable.
Souhaitons-nous que les dirigeants religieux – et particulièrement chrétien – soient à l’écoute d’un souffle d’amour plutôt que de suivre un souffle de règles.
Mario Bard
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