Mon grain de sel

Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 9 novembre 2014

par Mario Bard.

Comme à la cachette : maintenant!

« Prêt pas prêt, j’y vais! » Ce cri, je l’ai répété comme tous les enfants de ma rue lorsque nous jouions à la cachette (cache-cache). Et tant pis pour celui qui n’avait pas trouvé d’espace : il devenait le perdant, celui qui devrait trouver les autres. Pendant des heures, nous nous sommes amusés dans la maison ou dehors, à être « prêt-pas-prêt ».

Dans l’Évangile, j’ai toujours pensé que Ieshoua nous invite à être prêts comme dans ce jeu : maintenant. Au bout du compte de 30, il faut avoir trouvé un espace indétectable qui nous fera gagner. Quoi? Se montrer astucieux aux yeux de ses amis est déjà un gain dans l’estime de soi. Mais, au contraire de la cachette, le Dieu qui habite l’Homme de Nazareth invite plutôt à gagner le Royaume, dès maintenant.

L’une des erreurs que l’on fait quand on décide de suivre les enseignements du Christ, c’est de penser le Règne de Dieu comme lointain, nébuleux et peu accessible. Quand on lit attentivement, on s’aperçoit à quel point ce Règne peut devenir maintenant si l’on s’en donne la peine. Instaurer le partage des richesses, la pacification des cœurs et l’accueil inconditionnel peut se vivre aujourd’hui.

Est-ce que cela doit être parfait, tout de suite? C’est toujours notre espérance… et notre désappointement! Nous sommes humains, en marche. Et rien n’est aussi parfait comme dans le succès du don de soi qu’effectue le Christ Ieshoua jusque sur la croix. Mon cœur s’engouffre parfois dans les nuits qui le rendent fou. Il espère le meilleur, mais hésite et préfère les fourrés.

L’espérance du Règne de Dieu, c’est le maintenant d’un jour meilleur qui se lève, et mon espérance que je peux y participer sans aucune limite. Puisque Dieu aime, puisque Dieu est un Père qui donne le meilleur, puisque Dieu est prêt à m’aimer chaque jour comme je suis, dans chacun des mes pas et de mes faux pas, pourquoi ne pas participer dès maintenant ce Règne qu’il proclame encore aujourd’hui par la bouche et les gestes de ceux et celles qui vivent de son Esprit?

***

Parlant perfection, je me demande : qu’est-ce que la perfection? Est-ce que Ieshoua nous demande d’être moralement irréprochable? Ou bien est-il venu nous montrer d’abord comment s’accueillir tout un chacun dans ce que nous sommes? Aimez-vous les uns les autres comme je vous aie aimé. C’est-à-dire, accueillir et pardonner la femme adultère, allez souper chez Zachée, pardonner sur la croix, accueillir le larron – aujourd’hui! – en paradis.

Nourrir la foule matériellement et spirituellement. Guérir le lépreux, rejet de sa société. Réintégrer ceux et celles qui sont exclus.

Nos communautés chrétiennes sont-elles prêtes à être plus qu’une assemblée moralisante? Sont-elles parées pour accueillir « ‘l’innacueillable-personne’ » ? Si le péché d’une personne ne s’accueille pas, la personne est toujours bienvenue.

***

Je n’ai pas joué à la cachette depuis longtemps. Mais j’espère que l’accueil du Règne de Dieu provoque en moi la même excitation enthousiaste et joyeuse – quand on est prêt et bien cacher – que provoquent ces mots : « Prêt pas prêt, j’y vais! »?

Mario Bard