Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 23 novembre 2014
par Mario Bard.
Oser devenir debout
Sombre fin pour les méchants! Triste sort pour des gens qui n’avaient pas « allumé » comme on dit. Et, contrairement à ce que nous racontent trop souvent des prêcheurs émotifs, mais peu intelligents, ce n’est pas Dieu qui condamne.
L’être humain se condamne lui-même en se séparant de celui qui a faim, qui est malade, qui a soif, qui est nu, qui est en prison. Parce que Dieu se réclame des plus pauvres. Contrairement à ce que racontent trop souvent des prêcheurs émotifs, mais – oh! oui – si peu intelligent, le Règne de Dieu ne se construit pas d’abord sur la morale religieuse, la bonne pratique des sacrements.
Certes indispensables à la vie chrétienne, ces derniers éléments ne sont rien s’ils ne mènent pas à cette rencontre ultime et difficile de celui ou celle qui est plus pauvre et qui ne peut nous redonner. « Aimer son ennemi » et « ceux qui vous haïssent » est aussi dans cette lignée.
Et, au-delà d’une rencontre pastorale de bonne conscience, c’est un cœur chaviré, labouré par la rencontre que Dieu recherche. D’abord, « Sa rencontre » : dans nos propres petitesses. Celles où peut finalement tomber l’averse de pluie que constituent les larmes de la rédemption. Ensuite, le chemin vers l’autre s’ouvre plus naturellement et devient possible.
Ce n’est que lorsque l’on comprend ses propres travers et que l’on se laisse aimer par celui qui peut tout que nous commençons à ressentir cette avenue incroyable. Dieu m’aime, et sur la route – sinueuse ou droite –, il peut m’accompagner si je le désire.
Commencement d’un chemin d’humilité qui empêche de devenir une forteresse inatteignable.
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Le pape François s’élève contre l’argent qu’on érige en Dieu et les systèmes idéologiques qui font de l’économie néolibérale la seule avenue possible de développement du monde. Lors d’une rencontre qui se déroulait à la fin du mois d’octobre à Rome – Rencontre internationale des mouvements populaires – François a prononcé un discours dans lequel il s’insurgeait contre toute forme idéologique, même celle qui est parfois utilisée autour du mot solidarité. Puis, il a parlé de « désir ». En voici un petit extrait :
« Notre rencontre répond à un désir très concret, quelque chose que n’importe quel père, n’importe quelle mère, veut pour ses enfants; un désir qui devrait être à la portée de tous, mais qu’aujourd’hui, nous voyons avec tristesse toujours plus éloigner de la majorité des personnes : terre, logement et travail. C’est étrange, mais si je parle de cela, certains pensent que le Pape est communiste. On ne comprend pas que l’amour pour les pauvres est au centre de l’Évangile. Terre, logement et travail, ce pour quoi vous luttez, sont des droits sacrés. Exiger cela n’est pas du tout étrange, c’est la doctrine sociale de l’Église. »
Le pape parle de « désir » de père et de mère : un coin de terre pour tous, le logement décent pour tous, le travail pour tous. Ce qui devrait être désir de parents. Au-delà d’une solidarité du dimanche ou d’une rencontre fortuite et sentimentale avec celui ou celle qui vit une plus grande pauvreté, c’est à un désir de parents que le pape nous convie. Un parent qui soutient ses enfants, qui pleure, qui se réjouit, qui s’inquiète, qui donne tout son amour.
À mon avis, il rejoint ce désir que le Dieu de l’Évangile ose pour nous. Être présent à tous ceux et celles qui sont présents dans l’épisode d’aujourd’hui. Si nous coupons cette entraide qui traverse la simple bonne action, nous délaissons notre humanité, semble dire Ieshoua.
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N’ayons pas peur de la fin de cet épisode, aussi terrible soit-il. Après tout, il concerne ceux et celles qui auront refusé d’aimer en toute bonté. Et franchement, ils sont peu nombreux à prendre cette décision en toute liberté. Mettons-nous plutôt en mode actif de rencontre; avec Dieu! ; avec soi; avec l’autre. Début d’un chemin qui, si nous acceptons de laisser l’amour de ce Dieu père et mère entrer dans nos travers, deviendra lourd de conséquences : les sans-logis seront logés, les boiteux seront soignés, les enfants seront nourris, les prisonniers seront visités pour souligner qu’ils demeurent des humains…
Bref, si petit à petit, dans notre quotidien, nous laissons ce Dieu de l’Évangile nous rencontrer, nous aurons la force d’entrer dans son Royaume. Comment y arriver? Chacun peut y réfléchir et agir dans son milieu.
La royauté du Dieu de l’Évangile, c’est l’Être Humain debout!
Mario Bard
* Lien vers l’intégralité du discours de François
http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/october/documents/papa-francesco_20141028_incontro-mondiale-movimenti-popolari.html
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