Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 8 juin 2014
par Mario Bard.
La fin des moules
Dieu parle à tous et chacun avec sa propre langue et les signes qui lui sont propres. Dieu parle, non pas seulement par l’Église, aussi sainte soit-elle. Il parle aussi par la bouche des différentes cultures qui habitent sur la terre. Le saisissons-nous assez?
Comme occidentaux, nous avons la fâcheuse tendance à ne regarder que de notre côté de la terre. En effet, rien n’est plus simple que de considérer nos progrès technologiques comme étant le grand tout. Déifier notre style de vie afin de nous illusionner sur notre capacité d’accueil de la Parole de Dieu. J’en suis moi-même à la fois victime et acteur. Je crois souvent que mon mode de vie est un sommet inatteignable, et que tous les peuples y arriveront, comme ils auront marché et découvert Dieu.
En méditant l’Évangile, on se rend bien compte que ce n’est pas une culture qui est vantée par les disciples au soir de la Pentecôte. Ce sont les merveilles de Dieu et l’annonce, dans toutes les langues, de Christ Ieshoua, le nazoréen que Dieu a ressuscité et fait Christ!
Dans la grande ville où j’habite, il y a des tonnes de merveilles. Des grands magasins, des moyens de se transporter qui sont multiples, des canaux de télévision qui m’informent et me divertissent. Il y a aussi des musées et des expositions, des parcs et même des rivières! Les merveilles sont multiples et j’en rends grâce. Est-ce le sommet de la vie? Ça dépend. Si ces merveilles créent en moi des barrières d’arrogance et ne me permettent aucune rencontre avec les autres citoyens, à quoi me servent-elles? À nourrir mon égo? À vider et remplir mon portefeuille? Savoir reconnaitre les merveilles ne devrait pas être confondu avec la fin d’un chemin et l’acquisition de biens matériels ou culturels.
D’ailleurs, qui peut prétendre être arrivé au bout du chemin? Malheureux est-il, car l’Esprit ne peut plus y passer.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, les disciples parlent dans toutes les langues présentes dans la ville céleste, Jérusalem. Aussi bien dire que, symboliquement, ceux-ci s’adressent à la terre entière et à ses peuples, afin de lui faire connaitre cette conviction qui les habite: Ieshoua est ressuscité, nous en sommes témoins, et nous voulons vous faire connaitre l’espérance qu’il nous a légué.
À vous qui habitez les campagnes, les grandes villes excitantes ou bien les jungles sans fin, l’espérance existe.
Aujourd’hui un peu plus qu’hier, nous ne pouvons évangéliser que si nous sommes de vrais témoins du Christ ressuscité. Remplis de compassion, d’accueil, de respect, de sainte colère, de silence sur la montagne, de repos sacré et de repas fraternel partagé dans la joie éclatante de sa présence.
Être rempli de son Esprit tous les jours, c’est aussi guérir, visiter, nourrir, recueillir, sourire, donner, espérer, persévérer. Il me semble aussi que la foi véritable n’habite qu’en ceux et celles qui persévèrent dans l’espérance et la conviction intime que, malgré les obstacles, les échecs, les escaliers montés et redescendus à la vitesse de l’éclair, le Règne de Dieu vient. Déjà présent, ce règne de simplicité et de louange ne saura se réaliser qu’à travers notre désir profond d’être aimé et d’aimer.
L’Esprit saint et son langage universel ne peuvent agir autrement. Alors, où est notre désir? Les peuples de la terre connaitront-ils notre désir d’aimer? Notre voisin – étranger ou “pur laine” – connaitra-t-il un homme, une femme lointaine et distante? Ou bien connaitra-t-il un homme, une femme qui laisse la porte ouverte, au risque d’être aimer? Les langages d’amour sont diversifiés, pas un n’est vrai, mais tous sont porteurs de la vérité. Alors, je pose la question; dans nos têtes et dans nos cœurs, à quand la fin des moules?
Mario Bard
Jocelyn Dufour
Je veux partager avec vous ce que m’inspire la lecture du grain de sel ce matin. En fait, je cite une phrase d’un texte que j’ai lu hier. Vous m’en pardonnerai, mais j’ai oublié son auteur. Sa phrase ressemblait à ceci: » La fraternité à laquelle nous appelle l’Évangile nous invite à découvrir que nous sommes semblables; que dans l’autre, il y a quelque chose de moi, que dans l’autre, il y a quelque chose de Dieu ».