Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 6 juillet 2014
par Mario Bard.
Parce qu’il est ami
Se faire tout petit pour être porté. Se sentir béni parce que donné à la vie elle-même.
Ne pas avoir peur de tomber parce qu’on se saura relevé.
La confiance règne dans ce texte et elle fait du bien.
Être petit. Non par la petitesse de nos oeuvres ou bien par une fausse humilité qui a fait parfois bien du mal dans les communautés religieuses chrétiennes. Plutôt, une humble reconnaissance de qui l’on est.
Et la reconnaissance que nous ne pouvons pas toujours marcher sans trébucher.
Puis accepter de prendre le fardeau; accepter de laisser son coeur entrer dans la légèreté de l’amour.
Je ne ferai pas la louange ou le dénigrement des comportements et attitudes du maire de Toronto Rob Ford. Ma référence d’actualité s’accroche plutôt à l’espoir que j’ai qu’il ait enfin découvert que la grandeur ne se trouve pas dans un titre, mais dans la reconnaissance de la vérité intéreure que l’on porte, et de l’accomplissement possible d’un service désintéressé, particulièrement celui donné aux plus pauvres.
Encore faut-il venir vers la bonne personne.
Ieshoua se fait porteur de notre propre lourdeur.
Il prend sur lui et nous propose de faire de même.
Sa loi d’amour ne commande pas telle ou telle autre posture.
La loi d’amour commande simplicité et reconnaissance de soi et des autres.
Mais que veut dire aimer?
***
« Ainsi, la véritable amitié correspond à un éveil du coeur aimant. Voilà pourquoi peu de personnes la recherchent et la pratiquent, pourquoi aussi elle fait partie intégrante d’un chemin spirituel. »
Ainsi s’exprime l’auteure Jacqueline Kelen dans son nouveau livre Les amities célestes, publié en mai chez Albin Michel. Une parole qui provoque et qui ouvre au sujet dont elle traite. Elle y recense les amitiés dites « célestes » qui pavent la vie des grandes figures spirituelles que sont Claire d’Assise, François Xavier ou encore Hildegarde de Bingen, entre autres.
Son introduction au type d’amitié qu’elle met en vedette m’a fait réfléchir à l’Évangile d’aujourd’hui.
Elle y rappelle à quel point au fil de l’histoire, les philosophes et les saints se sont penchés sur la manière d’aimer, ce que cela veut dire, ce que cela implique.
Le poète Gilles Vigneault chante Qu’il est difficile d’aimer! Il a bien raison.
Mais si cette amitié spirituelle entre les êtres humains devenait la norme? Si nous osions entrer dans la difficulté? Si nous osions aujourd’hui mettre moins l’accent sur le sentimentalisme et davantage sur ce que l’autre vit, perçoit et expérimente? Peut-être apprendrions-nous alors les bases de cette amitié céleste.
En fait, une amitié basée sur l’Évangile et son appel à s’aimer les uns les autres.
Elle a mené François d’Assise près des lépreux, lui qui les avait toujours fuis.
D’ailleurs, Jacqueline Kelen va plus loin.
Elle rappelle que le Christ Ieshoua a demandé d’aimer ses ennemis. Rien de bien simple…
***
Catherine de Sienne écrit:
« Si nous aimons Dieu comme un serviteur aime son maître,
Dieu nous aimera en maître, nous payant notre dû suivant notre mérite,
mais il ne manifestera pas ses secrets.
Ceux-ci ne sont livrés qu’à l’ami, parce qu’on ne fait qu’un avec son ami.
On ne fait pas qu’un avec son maître. »
Pour devenir « tout-petit », il faut d’abord reconnaître que Dieu n’est pas un maître despote
prêt à faire sauter la planète pour la purifier.
Ieshoua nous demande seulement d’entrer en relation d’amour et d’amitié avec son père.
Inspiré par lui, nous arriverons à aimer nos ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent,
Se laisser aimer afin que le fardeau devienne léger. En toute amitié ‘céleste’!
Mario Bard
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