7e dimanche de Pâques et Ascension (année B), selon l’écrit de Marc 16, 14-20
14 Enfin [Jésus] se fait voir aux Onze qui sont attablés.
Il leur reproche leur incrédulité et la dureté de leur coeur
parce qu’ils n’ont eu foi en ceux qui l’ont contemplé réveillé [de la mort].
15 Il leur dit:
Allez dans le monde entier pour proclamer l’Évangile à toute la création.
16 Celui qui a cru et a été baptisé sera sauvé.
Celui qui n’a pas cru sera condamné.
17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui ont cru:
en mon nom ils expulseront les esprits du mal;
ils parleront des langues nouvelles;
18 dans leurs mains ils prendront des serpents;
s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur nuira pas;
aux malades ils imposeront les mains et ils iront bien.
19 Donc, après leur avoir parlé,
le Seigneur Jésus est enlevé au ciel et s’assoit à la droite de Dieu.
20 Quant à eux, ils s’en vont prêcher partout:
le Seigneur travaille avec eux
et confirme la parole par les signes qui l’accompagnent.
—
Le commentaire du pain sur la table,
par Georges Convert.
Ultimes paroles de Jésus qui sont entièrement tournées vers l’avenir.
Le Ressuscité promet de ne pas abandonner ses disciples
mais de les accompagner tout au long de l’histoire.
La place de ce texte dans le récit de Marc
Ces versets 9 à 20 du chapitre 16 de Marc posent des problèmes aux spécialistes.
La plupart pensent que ces versets sont de la main d’un autre auteur.
D’ailleurs plusieurs manuscrits anciens de Marc ne comportent pas cette finale.
Quelques-uns précisent même que le verset 8 marque la fin du récit de Marc.
D’autres manuscrits ont une version plus courte à la place des versets 9-20.
«On a peine à admettre que [l’évangile de Marc] s’arrêtait brusquement au verset 8.
D’où la supposition que la finale primitive a disparu pour une cause inconnue de nous
et que la finale actuelle a été rédigée pour combler la lacune» (note de la Bible de Jérusalem).
Ces versets se présentent comme un résumé des apparitions du Ressuscité:
l’apparition à Marie de Magdala et aux deux disciples sur la route d’Emmaüs (9-13),
puis vient la manifestation aux Onze réunis pour les dernières consignes (14-20).
Proclamez l’Évangile…
Le récit évangélique de Marc s’ouvrait déjà sur ce mot « Évangile »:
Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu (Mc 1,1).
Dans les Écrits bibliques chrétiens,
le mot Évangile (seul, sans complément) n’est employé que par Marc et Paul.
Le mot grec signifie « annonce de bonheur », traduit souvent: « bonne nouvelle ».
Le mot hébreu correspondant (besoreta) décrit la prédication orale
des rabbis: ceux qui ont pour mission d’interpréter la Tora.
La Tora est l’enseignement de Dieu contenu dans les Écrits bibliques.
Comme tout rabbi, Jésus scrute les Écrits bibliques et forge son propre commentaire.
Contrairement à la plupart des rabbis qui ajoutent des prescriptions supplémentaires,
le rabbi Jésus sera celui qui simplifie pour aller à l’essentiel:
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau [des prescriptions].
Mettez-vous à mon école. Mon fardeau est léger (Mt 11,28-30).
Au moment de quitter les siens, Jésus leur donne mission
de continuer à prêcher son message, son interprétation de la Tora de Dieu.
Le message de Jésus sera transmis oralement pendant plusieurs années.
Puis il sera mis par écrit. Mais l’Évangile est plus qu’un message et plus qu’un livre.
Il est la parole de Jésus, la description de ses actes.
Il permet à ceux qui n’ont pas vu Jésus sur les routes de Palestine
de faire véritablement sa rencontre.
Car Jésus est toujours vivant et son esprit fait revivre ses paroles et ses actes
en ceux qui sont prêts à faire cette rencontre spirituelle.
Cette rencontre n’est certes pas physique, au sens terrestre,
mais elle n’en est pas moins réelle.
La résurrection de Jésus n’est pas le retour à la vie terrestre
comme cela fut pour Lazare, le frère de Marthe et Marie.
La résurrection est un au-delà de la mort qui nous fait vivre d’une façon autre.
Alors, notre être n’est plus soumis aux lois de l’espace et du temps
puisqu’il est immortel et purement spirituel.
L’apôtre Paul tentera de décrire cela dans la première lettre aux Corinthiens:
Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils? Avec quel corps reviennent-ils?
Il y a des corps célestes et des corps terrestres. …
Semé corruptible, on ressuscite incorruptible;
semé dans la faiblesse, on ressuscite plein de force;
semé corps animal, on ressuscite corps spirituel.
Le premier homme Adam fut un être animal doué de vie,
le dernier Adam est un être spirituel donnant la vie.
Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel.
Et de même que nous avons été à l’image de l’homme terrestre,
nous serons aussi à l’image de l’homme céleste (1Co 15,35-49 passim).
Celui qui a cru et a été baptisé sera sauvé.
Celui qui n’a pas cru sera condamné.
La formule peut nous faire problème.
Certaines sensibilités d’aujourd’hui n’aiment guère ces condamnations lapidaires.
Disons d’abord que le style biblique a des énoncés binaires:
croire et ne pas croire, sauver et condamner.
On dit le négatif pour souligner avec force l’affirmation positive: croire et sauver.
D’autre part, l’affirmation doit se comprendre surtout
de ceux qui ont été mis en contact avec l’Évangile et qui peuvent y trouver le salut.
Elle ne parle pas de ceux qui n’ont pu connaître l’Évangile
ou qui en ont eu une connaissance tronquée et fausse.
Il ne faut donc pas étendre la formule aux milliards d’humains nés avant le Christ,
pas plus qu’à tous ceux qui n’auront pu connaître l’Évangile.
Mais pour le disciple qui fait la rencontre de Jésus, comment comprendre ce salut?
Le récit des Actes donne de nombreux exemples
de ceux dont la vie a été bouleversée par la rencontre de Jésus et de l’Évangile.
Déjà, le jour de la Pentecôte, Pierre proclame Jésus à la foule des pèlerins:
«Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude:
Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous aviez crucifié.»
Le coeur bouleversé d’entendre ces paroles,
ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres: «Que ferons-nous, frères?»
Pierre leur répondit: «Convertissez-vous; que chacun de vous reçoive le baptême
au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés,
et vous recevrez le don du Saint Esprit (Ac 2,36-38).
Mais que signifie ce salut dont va bénéficier le baptisé?
Dans l’Évangile, croire ne signifie pas d’abord admettre l’existence du Divin.
Mais il s’agit surtout de mettre sa confiance en Jésus et d’engager sa vie à sa suite.
Et engager sa vie à la suite de Jésus, c’est avoir confiance dans la force de l’amour.
Malgré le péché, malgré la force du mal, la bonté généreuse est possible
pour celui qui s’inspire de Jésus. Au sens fort du mot inspirer,
qui signifie «puiser son souffle de vie» dans la personne du Ressuscité.
Le baptême consiste justement à se plonger dans la vie et l’amour du Christ.
Le secret de la vie véritable, c’est d’aimer de gratuité, de bonté.
Et cela est possible pour celui qui accueille le Christ dans sa vie
afin qu’il vive, avec lui, cette décision d’aimer sans condition son prochain.
Olivier Clément exprime bien comment se situe le Christ vivant dans nos vies:
«Dans le monde déchu, l’unité des hommes est brisée, tout est « combat de reptiles »
et j’essaie de me délivrer de l’angoisse qui me tenaille
en la projetant sur l’autre, le bouc émissaire de ma finitude tragique.
L’autre est toujours mon ennemi, et j’ai besoin qu’il le soit.
En Christ, la mort est vaincue, mon enfer intérieur transformé en Église;
je n’ai plus besoin d’ennemis, personne n’est séparé de personne.
Le critère de l’approfondissement spirituel se précise donc en amour des ennemis,
selon la paradoxale injonction évangélique
qui ne prend sens que par la croix -celle du Christ et la nôtre-
et par la résurrection -celle aussi du Christ et la nôtre» (Sources, Stock, p. 243).
Mais celui qui se refuse à accueillir la puissance d’amour du coeur du Christ,
celui-là se prive de la force qui pourrait lui permettre de vaincre en lui
tout ce qui est égoïsme. Et cela peut le condamner à la mort spirituelle.
Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru…
En mon nom, ils chasseront les esprits mauvais…
Ils imposeront les mains à des malades, et ceux-ci seront guéris.
Rappelons-nous comment, dans la pensée du temps, maladie et mal moral sont liés.
La force d’amour de Jésus est une puissance contre le mal du péché.
Par cette force d’amour, il a guéri des coeurs
et la guérison spirituelle a entraîné la guérison physique.
Par l’Esprit de Jésus vivant pour toujours, les disciples pourront délivrer des gens
de leur blessure morale et physique et les aider à retrouver la paix du coeur.
Les Actes nous en donnent des exemples:
On en venait à sortir les malades dans les rues …
afin que Pierre, au passage, touche au moins l’un ou l’autre de son ombre …
Des gens que tourmentaient des esprits mauvais étaient guéris (Ac 5,15-16).
Un autre exemple montre Philippe proclamant le Christ dans une ville de Samarie:
Les foules unanimes s’attachaient aux paroles de Philippe,
car on entendait parler des miracles qu’il faisait et on les voyait.
Beaucoup d’esprits impurs en effet sortaient de ceux qui en étaient possédés …
et beaucoup de paralysés et d’infirmes furent guéris (Ac 8,6-8).
Qui est vraiment « inspiré » par l’amour divin devient source d’inspiration pour son prochain.
Il peut l’aider à se libérer de la haine, du ressentiment, de l’aggressivité.
Il peut l’aider à pardonner, certes par ses conseils, mais surtout par son amitié,
une amitié toute inspirée de l’amour du Christ Jésus.
Et cette communion apporte une véritable guérison.
Dans leurs mains ils prendront des serpents;
s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur nuira pas.
On sait que le serpent est le symbole de l’esprit du mal.
En envoyant en mission les 72 disciples, Jésus leur avait dit:
Voici je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions,
et toute la puissance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire (Lc 10,19).
Cette Parole fait sans doute référence au psaume 91 (13-15):
Sur l’aspic et la vipère tu marcheras …
Puisqu’il s’attache à moi, … je suis avec lui dans la détresse … je le délivre…
C’est une autre manière de dire la force de l’amour que Dieu peut nous donner
pour vaincre le mal sous toutes ses formes.
C’est encore un passage des Actes qui rapporte cette expérience de l’apôtre Paul:
Paul avait ramassé une brassée de bois mort et la jetait dans le feu,
lorsque la chaleur en fit sortir une vipère qui s’accrocha à sa main.
À cette vue, les autochtones se disaient:
«Cet homme est certainement un assassin …
car la justice divine ne lui permet pas de vivre.»
Paul secoua la bête dans le feu sans ressentir le moindre mal.
Alors, changeant d’avis ils répétaient: «C’est un dieu!» (Ac 28,3-6).
Mais rappelons-nous que Jésus manifeste souvent une certaine réserve
devant la demande de gens qui sont surtout avides de prodiges spectaculaires.
À l’officier royal de Capharnaüm, Jésus avait dit (Jn 4,48):
Si vous ne voyez signes et prodiges, vous ne croirez donc jamais!
Et aux scribes et aux Pharisiens, il avait répondu (Mt 12,39):
Génération mauvaise et adultère qui réclame un signe!
En fait de signe, il ne lui en sera pas donné d’autre que le signe du prophète Jonas.
Et le signe donné par Jonas aux païens de Ninive peut être compris
comme la certitude que Dieu n’est que miséricorde
et qu’il pardonne à tous ceux qui accueillent son pardon d’amour.
L’efficacité de la Parole de Jésus ne porte pas d’abord sur des miracles extérieurs:
elle touche avant tout le coeur et la conscience pour susciter un éveil à l’amour.
L’essentiel est la foi en Jésus, la confiance totale en sa personne
comme source de vie et comme inspiration pour vivre d’amour et de pardon.
«Après les premiers disciples, et aujourd’hui encore,
le Seigneur de l’Église et du monde a continué
et continue parfois à « faire signe » aux hommes par des miracles physiques.
Ceux-ci sont devenus une arme très exceptionnelle des ouvriers de l’Évangile,
au profit de signes plus spirituels.
La constance (2Co 12,12), l’assurance, le désintéressement des missionnaires (1Th 2,2-12),
la qualité interne du Message, l’unité et la sainteté d’une communauté (Jn 13,35; 17,21)
constituent les signes habituels grâce auxquels la Parole agit dans les coeurs»
(Paul Ternant, Assemblées du Seigneur #28, Cerf 1969, p. 46).
Allez dans le monde entier pour proclamer l’Évangile à toute la création.
En mon nom, ils parleront des langues nouvelles…
C’est à toute la création, à tous les peuples que l’Évangile doit être proclamé.
Le jour de la Pentecôte, les apôtres vont être entendus dans la langue
de ceux qui les écoutent, comme l’Esprit leur donne de s’exprimer:
Tous, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes,
nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu (Ac 2,4.11).
Peu après, Pierre va être le témoin que Dieu visite aussi les païens
et que le message de l’Évangile n’est plus réservé aux Juifs.
Il se trouve dans la maison de Corneille, un centurion romain,
quand l’Esprit Saint tombe sur tous ceux qui ont écouté la Parole.
C’est la stupeur parmi les croyants circoncis [juifs] qui ont accompagné Pierre:
ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint est maintenant répandu!
Ils entendent ces gens parler en langues et proclamer les merveilles de Dieu.
Pierre reprend alors la parole: «Quelqu’un pourrait-il empêcher de baptiser par l’eau
ces gens qui, tout comme nous, ont reçu l’Esprit Saint?»
Il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ (Ac 10,44-48).
Parler d’autres langues, c’est donc annoncer cet Évangile dans la langue
de ceux qui vont l’entendre, afin de les rejoindre dans leur propre façon de penser,
là où l’Esprit Saint leur parle déjà. Désormais l’Évangile devra dépasser toute frontière.
Les disciples de Jésus s’en iront prêcher partout.
Le récit de Marc a déjà annoncé cette ouverture au monde entier
en la personne du centurion païen qui se tenait au pied de la croix (Mc 15,39):
Voyant qu’il avait ainsi expiré, il dit: «Vraiment, cet homme était Fils de Dieu.»
Paul se consacrera à l’annonce de l’Évangile dans les pays de la mer Méditerranée.
Il n’aura pas toujours la tâche facile
car Jacques et la famille de Jésus contrôlent la communauté de Jérusalem,
qui est considérée comme la mère de toutes les Églises.
Ils s’efforcent de sauvegarder un lien avec les traditions juives
et imposent aux païens convertis à l’Évangile d’en suivre certaines coutumes:
Quant aux païens qui sont devenus croyants,
nous leur avons écrit nos décisions:
se garder de la viande de sacrifices païens, du sang,
de la viande étouffée, et de l’immoralité (Ac 21,25).
Mais finalement, après la mort de Jacques et la chute de Jérusalem en 70,
ce sera la vision de Paul qui l’emportera
et qui permettra l’expansion du christianisme dans le monde païen.
Aujourd’hui, cette mission d’annoncer l’Évangile en tous lieux se nomme l’inculturation.
«Aujourd’hui l’Église, en tous lieux, doit se dépasser, s’ouvrir aux richesses des cultures,
des civilisations. D’où ce mot technique, barbare mais exact: inculturation.
Il signifie qu’il faut non seulement s’initier à une culture autre, mais l’incorporer en soi,
la vivre aussi loin que possible, non pas pour perdre sa propre culture et sa foi,
mais pour faire dialoguer en soi les richesses propres à chacune.
L’Église, alors, loin de détruire les traditions qu’elle rencontre,
s’enrichit de la vocation propre de chaque peuple»
(J. Loew, Le bonheur d’être homme, Centurion 1988, p. 353).
Le Seigneur Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu.
L’expression « enlevé au ciel » ne signifie nullement que le ciel de notre planète
est le lieu où se trouve Dieu. L’expression est symbolique.
Le ciel (les cieux) est une image employée par la Bible pour indiquer
que Dieu est supérieur à nous, qu’Il est le Vivant Éternel mais qu’Il est aussi invisible,
dans un au-delà inaccessible à nos yeux mortels.
« Être enlevé au ciel » signifie que Jésus vit dans la pleine communion avec le Père.
Il est « assis à sa droite »: une image qui signifie qu’il est tout proche de Dieu.
En Palestine, dans les repas festifs, la droite était la place d’honneur:
lorsque les convives sont allongés deux à deux sur des banquettes,
la tête de celui de droite se trouve proche de la poitrine de l’autre, en son sein.
Ainsi pour le disciple « que Jésus aimait », lors du Dernier repas,
dont le récit de Jean dit: il était assis, renversé dans le sein de Jésus (Jn 13,25).
Jésus parlera de sa mort comme d’aller, de retourner vers le Père.
C’est ainsi que s’ouvrent les derniers jours de Jésus (Jn 13,1):
Jésus sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père.
C’est ce que Jésus dit à Marie-Madeleine (Jn 20,17):
Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père.
C’est que la mort est comme une naissance à une vie nouvelle,
le moment ultime où l’être humain peut dire un « Oui » ultime à la vie immortelle
à laquelle il s’est préparé tout au long de sa vie terrestre.
Dans les textes juifs de l’époque de Jésus, c’est une idée assez courante
qu’à la mort, ceux qui meurent comme des justes vont «en Dieu».
Dans le livre du Pseudo Pierre (19), on peut lire ces paroles de Jésus sur la croix:
«Le Seigneur cria: « Ma force, ma force, Tu m’as abandonné. » Et, ayant dit cela, il fut enlevé.»
Cette foi en l’immortalité est présente dans le 4e livre des Macchabées (16,25):
Ceux qui meurent à cause de Dieu, vivent en Dieu,
comme Abraham, Isaac et Jacob et tous les Patriarches.
Le livre de la Sagesse disait aussi:
La vie des justes est dans la main de Dieu. …
Ceux qui restent fermes dans l’amour demeureront auprès du Seigneur-Dieu
car il y a grâce et miséricorde pour ses élus (Sg 3,1-4).
Parce qu’il a vécu son existence dans la communion d’amour avec le Père,
Jésus va entrer pleinement dans la Vie, dans la plénitude de l’amour du Père.
Le Seigneur travaille avec eux…
Parce qu’il est ressuscité, immortel et spirituel, Jésus peut maintenant rejoindre
ses disciples partout, dans tous les lieux et à toutes les époques de l’histoire.
François Varillon parle d’une présence nouvelle,
«un nouveau mode de présence, non plus extérieure et localisée, mais intérieure et universelle.
La vraie présence, sur le mode de l’absence» (Joie de croire, Joie de vivre, Centurion 1981, p. 103).
Interprétant la phrase de Jésus: Il vous est utile que je parte,
Claudel traduisait ainsi cette absence qui nous est bénéfique:
«Il faut que je vous soustraie mon visage pour que vous ayez mon âme.»
En effet, si Jésus abandonne le compagnonnage qu’il a vécu avec ses disciples,
il leur communique maintenant son Esprit.
«Il ne nous est plus possible, au moment où nous avons des décisions à prendre,
de l’interroger pour qu’il nous dise ce qu’il faut faire.
Certes nous pouvons, et même nous devons, interroger dans la prière
Celui qui est en nous plus nous-mêmes que nous.
Mais le Saint Esprit n’est pas celui qui dicte des décisions, il est celui qui les inspire.
C’est à nous qu’il appartient, en pleine responsabilité,
de prendre les décisions qui conviennent pour l’avènement d’un monde plus humain,
mais le Christ est présent dans chacune de ces décisions humanisantes
pour leur donner une dimension divine» (Ibidem, p. 105).
Le disciple, signe de la présence de Jésus vivant
En cette finale de Marc se retrouve ce que les autres récits évangéliques présentent
comme la mission confiée à ses disciples par le Ressuscité:
- Dans toute l’humanité, témoigner de Jésus présent au monde
- Vivre de l’Esprit pour être porteurs de l’amour divin qui triomphe du mal.
Chaque récit le fait à sa manière.
En Marc, on parle d’expulsion des esprits mauvais et de guérisons
ainsi que de parler des langues nouvelles.
En Jean, par l’insufflation de l’Esprit, Jésus donne la mission de pardonner (Jn 20,22)
et de rassembler dans un unique filet les 153 poissons,
symbole des humains de toutes les nations (Jn 21,11).
En Matthieu, Jésus donne mission à ses disciples et l’assurance de sa présence:
Allez: de toutes les nations faites des disciples
en les plongeant dans l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit.
Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).
En Luc, Jésus demande de prêcher la conversion et le pardon (Lc 24,47)
à Jérusalem, en Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1,8).
Aujourd’hui, chaque disciple a mission d’assurer la présence de Jésus par le pardon.
«Seigneur, Tu es le miséricordieux et Tu nous offres d’être miséricordieux comme Toi.
Tu nous appelles à opposer la bonté à la méchanceté, la douceur à la colère,
la générosité à l’avarice, la vérité au mensonge, le pardon à la vengeance.
Ce chemin de miséricorde est le seul chemin de la vie:
jamais la haine n’a fait cesser la haine et la force violente n’a jamais conquis les coeurs.»
Georges Convert
»»» Questions
1. Quel est le sens du mot Évangile? Pourquoi est-il appliqué à la prédication de Jésus?
2. À qui s’applique la phrase: Celui qui a cru et a été baptisé sera sauvé?
3. Quel est le sens de l’image: «être enlevé au ciel»?
4. Que signifie aujourd’hui «parler des langues nouvelles»?
5. Comment être aujourd’hui signe de la présence de Jésus?
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