Évangile du dimanche 16 juin 2019

Évangile de la Fête de la Sainte Trinité (année C), selon le récit de Jean (16, 7-16)

Du pain sur la table

À l’heure où il va quitter ce monde pour aller vers le Père,
Jésus dit à ses disciples:

7 Il est avantageux pour vous que je parte.
Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous;
si je pars, je vous l’enverrai.

12 J’ai encore beaucoup de choses à vous dire
mais vous ne pouvez pas les porter maintenant.

13 Quand Il viendra, lui l’lnspirateur de la vérité,
il vous guidera dans la pleine vérité.
Il ne parlera pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu’il aura écouté
et il vous annoncera les choses du monde à venir.

14 Lui, il me glorifiera car il recevra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera.

15 Tout ce que le Père a, est mien
et c’est pourquoi j’ai dit qu’il recevra de ce qui est à moi
et qu’il vous l’annoncera.

16 Encore un peu et vous ne me verrez plus
et encore un peu et vous me verrez.


 

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Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

Ce bref passage du récit évangélique de Jean se situe lors du dernier repas de Jésus.
On sait que ce récit de Jean consacre quatre chapitres
à relater la conversation de Jésus avec ses disciples.
Ces textes sont comme le testament du Maître à ses disciples, ses élèves.
Ils seront désormais ses apôtres, ceux qu’il envoie dans le monde,
comme lui-même, Jésus, a été envoyé par le Père.
Ce testament ne sera pas d’abord un retour sur le passé,
mais au contraire un regard sur l’à-venir.
Jésus veut réconforter ses disciples
et établir le mode de communion qui sera désormais le sien avec eux.
Fête de la Trinité! Que dit-elle à de nombreux chrétiens,
sinon le vague souvenir d’une arithmétique où 3 = 1, ce qui semblait plutôt illogique?
Trois personnes, mais un seul Dieu. Dans le quotidien, bien des catholiques prient surtout Jésus.
On a cependant fait des progrès, depuis le Concile,
pour redonner une place à l’Esprit Divin dans la prière.
Nos frères orthodoxes nous reprochaient à juste titre de ne pas donner la place nécessaire
à l’invocation de l’Esprit dans la prière eucharistique.
Les nouvelles Prières eucharistiques de la messe ont corrigé cette lacune
et elles nous font invoquer plus explicitement l’Esprit:
«Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit:
qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus le Christ notre Seigneur.»

Mais il faut avouer que nous avons un peu de peine
à bien situer la troisième personne de la Trinité:
Le Père est Père, et nous avons une certaine expérience de la paternité;
pour le Fils, Jésus est une personne terrestre que l’Évangile nous permet de connaître;
mais pour l’Esprit…
On sait bien que le mot esprit dans la langue juive est le même que vent, souffle.
On a donc, pour exprimer l’esprit, l’image du Souffle.
On parlera du souffle spirituel.
Ceux qui pratiquent les techniques où la respiration est liée à la méditation,
connaissent le souffle spirituel; mais ceux-là ne sont pas la majorité des baptisés.
Pourtant ce que nous pouvons comprendre de Dieu est bien souvent lié à notre expérience humaine.
Pour la pensée biblique,
les gestes du monde invisible, du monde divin se manifestent par des gestes humains
et ces gestes humains deviennent pour nous des signes, des symboles du monde divin.
Que tout devienne sur terre comme au ciel!
Que le divin s’unisse à l’humain!

Il est avantageux pour vous que je parte.
Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous;
si je pars, je vous enverrai le Paraclet

Voilà le cadre de notre texte.
Tant que Jésus était présent « terrestrement »,
il était le porte-parole de Dieu parmi les siens.
Quand il ne sera plus visiblement présent, c’est le Paraclet qui prendra la relève.
Qui est donc ce Paraclet et quelle expérience Jésus nous fait-il faire de l’Esprit?
Rappelons les paroles de Jésus:
Le Paraclet, I’Esprit saint, que le Père enverra en mon nom, Lui vous enseignera tout
et vous fera faire mémoire de tout ce que je vous ai dit
  (Jn 14,26).
Le Paraclet  est donc l’Esprit Divin.
Que veut dire ce mot de Paraclet ?
C’est un mot d’origine grecque (paraclétos)  qui a été introduit dans la langue araméenne(paraqlita).
En Israël, il désigne celui qui est appelé pour venir à côté de  quelqu’un:
ce peut être un assistant qui vient à vos côtés pour vous aider,
un avocat qui parle pour vous dans un procès, un interprète qui vient à vos côtés pour traduire.
Il semble bien qu’ici, dans ce texte, lorsque Jésus parle de Paraclet,
c’est qu’il donne à l’Esprit divin ce rôle d’interprète de la Parole de Dieu:
il vous enseignera et vous fera faire mémoire.
Comment comprendre cela?
Il faut se souvenir qu’à l’époque l’enseignement se fait uniquement « oralement »,
car les livres sont très rares et volumineux.
Les livres-rouleaux se trouvaient à la synagogue, la maison de prière des Juifs.
De plus, dans ces livres-rouleaux, il y avait seulement les consonnes qui étaient écrites
(on n’inscrivait pas les voyelles).
Imaginons un livre où l’on ne mettrait que les consonnes des mots:
MR pourrait signifier aussi bien amer, amour ou aimer, mais aussi émir, émeri, etc.
Il fallait donc savoir ce que le livre dit, pour mettre les bonnes voyelles entre les consonnes;
ce n’est que plus tard qu’on ajoutera les voyelles en dessous des lignes.
Les lecteurs, à la synagogue, étaient donc des gens qui savaient par coeur les textes.
Le rouleau avait comme rôle d’être un aide-mémoire.
On se transmettait donc ce savoir oral sur les Livres bibliques de génération en génération.
Si, de nos jours, c’est la télévision qui est l’école principale,
au temps de Jésus c’est par l’écoute qu’on apprend.
On apprend par coeur des choses qui nous sont dites oralement.
Si on ne les retient pas par coeur,
on n’a pratiquement aucun moyen de les connaître, de les savoir.
Pour tenter de comprendre cela,
on peut penser à la façon dont se fait aujourd’hui la transmission des chansons.
Peu d’entre nous lisent les paroles de ces chansons
et cependant on les connait parce qu’on les écoute
et surtout parce qu’on les chante:
en effet, la musique nous aide à retenir les paroles.
Il faut ajouter qu’à l’époque de Jésus les livres sont en hébreu
et peu de monde connaissait l’hébreu.
On parlait l’araméen, une langue voisine de l’hébreu.
À la synagogue, on avait donc besoin d’avoir un traducteur,
un interprète de l’hébreu à l’araméen.
Cet interprète était appelé un paraclet.
Il y avait, au temps de Jésus, plusieurs lieux où se faisait l’apprentissage de la Parole de Dieu.
Le premier lieu d’enseignement était la maison familiale.
Le père de famille avait la tâche de transmettre la Parole sacrée de la Bible.
Il transmettait ce que son propre père lui avait enseigné.
Dans cette culture du peuple de la Bible,
on est père, pas seulement parce qu’on a engendré physiquement
mais parce qu’on engendre au plan du savoir, au plan des connaissances.
Ainsi c’est le plus souvent le père qui apprend le métier à son fils.
On est charpentier de père en fils, par exemple.
Mais surtout le père transmet une sagesse de vie et la tradition sur Dieu.
Prenons bien conscience de cela:
à cette époque, on ne peut pas apprendre par soi-même (au moyen de livres, de cassettes);
il faut avoir recours à quelqu’un qui transmet ce qu’il sait.
Et il faudra garder toutes ces connaissances dans sa mémoire,
car on ne peut pas consulter des notes écrites pour réviser ce qu’on a compris.
Le père est donc le premier pédagogue, le transmetteur du savoir et de la sagesse.
On peut imaginer alors quel lien merveilleux doit lier le fils à son père!
Lorsque nous entendons Jésus dire:
ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père  (Jn 4,34),
il ne faut sans doute pas comprendre que Jésus est un simple exécutant des volontés du Père.
Le mot obéissance  veut dire écoute.
Obéir, c’est être à l’écoute.
Cette écoute jouait alors le rôle que joue la lecture aujourd’hui pour connaître quelque chose.
Ou le rôle du visionnement lorsque le savoir passe par la télé ou par l’internet.
Cette obéissance de Jésus est la manière d’aller à la source du savoir en étant à l’écoute du Père.
La source de ma doctrine, dit Jésus, est celui qui m’envoie:
Personne ne connaît le fils sinon le Père.
Et personne ne connait vraiment le Père sinon le Fils
  (Mt 11,27).
C’est sans doute à partir de son expérience avec Joseph
que Jésus peut décrire son expérience avec le Père divin.
Pour Jésus, le Père premier est Dieu.
Tous les autres pères ne sont que des relais de l’unique paternité.
C’est sans doute contre les rabbis qui se faisaient appeler « Père » que Jésus dira:
Vous n’aurez pas d’autres pères.
Vous n’appellerez personne du nom de Père sur la terre,
car vous n’avez qu’un père, celui des cieux
  (Mt 23,9).

Si tel est le rôle du père, quel était le rôle de la mère  dans cet apprentissage de la connaissance?
Le jésuite Marcel Jousse la voit comme la répétitrice de ce que le père a transmis.
Elle berce son enfant au son des paroles bibliques
comme nos mères nous bercent en chantant des chansons du folklore,
chansons dont nous allons conserver, dans la mémoire, les paroles… jusqu’à l’heure de notre mort.
Quand le jésuite François-Xavier se mourait en Chine,
le jeune chinois qui l’assistait a surpris sur ses lèvres des paroles étranges:
c’était le parler de son patois maternel.
Pour Jésus aussi, les évangiles nous donnent son dernier cri:
Éloï! Eloï! lama sabactani!  dans sa langue maternelle: I’araméen.
La langue de notre enfance, nous l’appelons notre langue maternelle
et cela est symptomatique du rôle de la mère dans l’apprentissage du savoir.
Ne serait-ce pas aussi pour dire qu’on commence à apprendre la langue dans le sein maternel?
Par rapport à Dieu, la mère n’a-t-elle pas le rôle d’un paraclet qui a accueilli la Parole divine
et dont le rôle est de la redire et l’interpréter?
La mère n’est-elle pas aussi celle qui apprend à méditer la parole, à la ruminer pour l’intérioriser.
L’Évangile de Luc nous dit que Marie gardait, dans la mémoire du coeur (du par-coeur),
les paroles et les événements qui concernaient Jésus.
La mémoire du coeur est la mémoire la plus profonde de notre être,
celle où se rejoignent l’intelligence et la volonté,
celle qui nous permet d’agir en étant fidèle à ce que nous sommes profondément.
Donnons quelques exemples:
Après la visite des bergers:
Tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers.
Quant à Marie elle retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur
  (Lc 2,18-19).
Après les retrouvailles de l’enfant Jésus au Temple lors du pèlerinage à Jérusalem,
quand Jésus a eu douze ans:
Sa mère gardait tous ces événements dans son coeur  (Lc 2,51).
Si l’on garde ces paroles imprimées dans la mémoire du coeur,
c’est pour les méditer afin qu’elles deviennent la source de notre agir quotidien.
C’est ainsi que Dieu demeure en nous et nous en Lui:
dans une communion de pensée et d’agir.
Marie a initié Jésus à cette méditation, se faisant le relais du Souffle inspirateur divin.
Sur la terre comme au ciel… Au ciel comme sur la terre!
Voilà donc, dans l’expérience familiale, une réalité quotidienne qui permettait
aux Juifs d’approcher une certaine expérience de Dieu: Dieu comme père
dont on devient le fils en apprenant par coeur sa Tora,  sa sagesse;
Dieu comme la mère-paraclet qui accompagne cet engendrement
en expliquant la volonté de Dieu, afin qu’elle inspire notre vie quotidienne
pour en faire une vie de communion avec le Père.

Mais la vie religieuse ne s’arrête pas à la vie familiale.
Elle se développe aussi dans la communauté plus large qui est celle du village.
Cette communauté a sa maison de prière où elle se réunit et qu’on appelle la synagogue.
C’est l’école de la synagogue qui venait compléter le travail d’apprentissage fait à la maison.
Le maître qui va enseigner la Tora, la grande Règle de vie donnée par Dieu à Moïse,
ce maître est considéré comme un père, comme le dit si bien un texte juif:
«Qui fait apprendre les leçons de la Tora  au fils de son prochain,
cela lui est compté comme s’il l’avait engendré.»

On apprend le texte en hébreu, en se balançant et en chantonnant,
afin de l’enregistrer par coeur, dans la mémoire profonde.
Mais aussitôt après avoir appris le texte hébraïque,
on apprend son interprétation en araméen… au double sens du mot interpréter:
à la fois traduire en une autre langue mais aussi donner le sens de ce qui est dit.
Lors de la réunion de la synagogue, c’est le paraclet qui est l’interprète.
Lui-même d’ailleurs tient son interprétation d’un autre paraclet
afin que de tradition en tradition la Parole divine se communique à chaque génération.
Et qu’elle s’actualise pour être vécue en lien avec la vie quotidienne.
À cette époque où l’on ne peut faire référence à un livre,
c’est à un enseigneur qui nous a précédés que l’on se réfère.
C’est pourquoi les rabbis, les maîtres de la Tora,
font toujours précéder leur enseignement de la formule: Comme l’a dit Rabbi Untel.
Mais Jésus ne parlera pas au nom d’un autre rabbi:
il ne fera référence qu’à son Père:
Ma leçon évangélique n’est pas de moi, mais de mon Père qui m’envoie  (Jn 14,24).
Il enseigne au nom de son Père qui est Dieu, qui est au cieux
et Il se présentera toujours comme le porte-parole du Père:
Je dis ce que j’ai vu auprès du Père  (Jn 8,38).
Qui me voit voit le Père  (Jn 14,9).
Je n’ai pas parlé de moi-même
mais le Père qui m’a envoyé m’a prescrit ce que j’ai à dire et à déclarer
  (Jn 12,49).
Tout m’a été remis par mon Père… Venez à mon école  (Mt 11,27-29).

J’ai encore beaucoup de choses à vous dire
mais vous ne pouvez pas les porter maintenant.

Aussi, lorsque vient l’heure de son départ,
Jésus promet à ses disciples un autre maître, un autre enseigneur:
ce sera l’lnspirateur divin, l’Esprit de vérité,
qui sera le paraclet, I’interprète de la volonté du Père.
Le travail fait par Jésus auprès des siens, c’est le Paraclet qui l’achèvera.
Le Père et lui enverront l’Esprit pour qu’Il parle en leur nom.
L’Esprit, I’inspirateur, est donc lui aussi un envoyé.
Il vient redire l’Évangile, expliquer le message, faire vivre en fils, en fille du Père.
Lors de leur compagnonnage avec Jésus,
les disciples ne pouvaient pas encore tout comprendre
de ce que leur maître avait à communiquer de la pensée du Père qui est Dieu.
Il y a des choses qu’on ne peut comprendre que par l’expérience.
On ne peut les porter que lorsque ces événements arrivent.
Le verbe « porter » employé ici est le même que celui qui est employé pour dire: porter sa croix.
On sait que les disciples n’ont vraiment compris le sens de la croix de Jésus
que lorsqu’eux-mêmes ont été affrontés à témoigner de la résurrection,
un témoignage qui ira jusqu’au témoignage de la croix: le martyr.
Alors ils recevront l’Esprit, comme le déclare Pierre au jour de Pentecôte:
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins.
Exalté à la droite du Père, il a reçu l’Esprit et il l’a répandu
  (Ac 2,33).
Depuis la résurrection de Jésus, c’est l’Esprit qui guide la communauté de ses disciples,
qui les mène vers une compréhension toujours plus grande de Dieu
et de la vie du monde à venir:
c’est-à-dire de la vie éternelle à laquelle nous sommes promis.
Il nous fait entrer dans la communion du Père.
Il nous baptise, c’est-à-dire nous plonge dans la vie divine.
Voilà des balbutiements sur le Dieu trinitaire à partir de ce que Jésus a vécu
et de ce qu’il nous a transmis.
On fait souvent le reproche au christianisme de croire à trois Dieux,
alors qu’aujourd’hui la majorité des humains
qui croient en Dieu admettent que Dieu est unique,
qu’il n’y a qu’un créateur.
Nous ne croyons pas en trois Dieux,
mais nous distinguons dans le Dieu unique trois personnes:
Dieu le Père, Jésus le fils unique, l’Esprit d’amour.
Chrétiens, nous pouvons dire que, si Dieu est amour, il n’est pas solitaire.
Il n’est pas l’éternel célibataire des mondes, comme disait Voltaire.
C’est parce que Dieu est AMOUR qu’il est Trinité de personnes.
Les chrétiens ne croient pas en un Dieu trinitaire
d’abord à partir d’un raisonnement philosophique
mais à partir de cette expérience spirituelle transmise par Jésus
d’une communion d’amour entre Lui et son Père:
Le Père et moi, nous sommes un  (Jn 10,30).
Je suis dans le Père et le Père est en moi  (Jn 10,38).
Cet Esprit du Père est autant Esprit du Père que du Fils,
envoyé par le Père et envoyé par le Fils:
Le Paraclet que le Père enverra en mon nom  (Jn 14,26).
Je vous enverrai le Paraclet de la part du Père  (Jn 15,26).

Quelle expérience humaine et spirituelle pouvons-nous faire aujourd’hui du Paraclet?
Du temps de Jésus, nous l’avons vu,
le Paraclet était une personne reconnue dans la communauté juive
et qui intervenait tout particulièrement à la synagogue.
De plus, le Paraclet pouvait aussi prendre les traits de la mère dans la maison familiale.
Aujourd’hui, ce rôle d’inspirateur, d’interprète de l’Évangile n’est-il pas aussi celui de la mère?
La mère au sein de la famille: inspiratrice des siens dans la mesure
où elle porte les projets, les besoins, les difficultés de chacun,
comme elle a porté la vie de ses enfants en son sein.
La mère au sein de la société: comme inspiratrice de justice et de paix
parce qu’elle est porteuse de communion, d’unité.
Donnons quelques exemples:
Au Brésil, au temps de la dictature, dans un grand stade de Sao Paulo,
ce sont des mères qui s’interposeront entre les militaires et les militants
qui bravaient l’interdiction de manifester:
elles sont venues offrir des roses aux forces de l’ordre
et les portes du stade se sont ouvertes.
En Argentine, sur la Place de Mai, ce sont des mères
qui ont porté avec une patience ardente la mémoire des disparus.
Chez nous, très souvent, ce sont aussi des femmes qui disent l’intolérable de la pauvreté
alors que l’action sociale est jugée « passée date » devant le discours économique du néo-libéralisme.
Souvenons de la marche Du pain et des roses
et de la marche mondiale des femmes.
Évoquons aussi la mère aussi dans la communauté-Église:
nous avons des équipes pastorales où des femmes ont leur place
comme co-responsables de la communauté à côté du prêtre-modérateur.
Ne pouvons-nous y voir la complémentarité du prêtre, signe du Père Unique,
et de la femme, signe du Paraclet,
inspiratrice de la communion et interprète de l’Évangile dans le quotidien de la vie?
Voir le Paraclet  sous les traits de la femme-mère, est-ce trop dire, est-ce mal-dire?
N’oublions pas que, dans le langage de la Bible, I’Esprit se dit Rouah,
un mot qui est féminin!
Puisse le Paraclet nous guider vers une vérité plus grande
pour reconnaître le juste rôle de la femme, tant dans la société que dans l’Église.
En cette fête de la Trinité,
puissions-nous mieux comprendre comment Dieu est tout à la fois:
et Père-engendreur et Fils-engendré et Paraclet-inspiratrice,
C’est ensemble que les Trois nous engendrent
pour faire de nous des fils et filles divins dans une unique famille.
Une famille-Église qui doit témoigner que Dieu a créé l’humanité
pour qu’elle partage ce bonheur d’aimer
et de ne faire qu’un -en la Trine Unité Divine- dans la communion de l’amour.
Au soir de notre vie terrestre, invités à la table de l’Éternité,
nous serons éblouis par cette communion:
alors nous reconnaîtrons la sainte communauté d’amour entre Dieu-Trinité et nous:
une communion d’amour qui est notre destin éternel.

        Esprit Paraclet du Père et du Fils bien-aimé,
sois l’interprète rempli d’amour de leur parole.
Souffle en moi la Parole et l’action divines.
Inspirateur, sois mon guide
sur les chemins quotidiens de la vie.
Affranchis-moi des désirs égoïstes
et conduis-moi au chemin de la joie.
Donne-moi la force
de trouver dans ton souffle l’énergie nécessaire
pour devenir porteur de la croix
qui me mènera, comme Jésus, à la résurrection.  Amen!

Georges Convert

 

»»» Questions

1. Dans le récit évangélique de Jean, où se situe ce passage?
2. Quelle image traduit le mot « esprit » dans les langues juive, grecque, latine et française?
3. À l’époque de Jésus, quels étaient les rôles du père et de la mère
dans la transmission et l’interprétation de la Tora ?
4. Pourquoi les apôtres ne comprennent-ils pas encore totalement le message de Jésus,
même après trois ans de vie commune?
5. De quel Père Jésus tient-il son enseignement?
6. Aujourd’hui, quels sont les paraclets qui ont mission d’interpréter l’Évangile?
7. Pourquoi les Églises chrétiennes donnent-elles le nom de « Père » aux prêtres?
8. Comment se laisser inspirer par l’Esprit Saint?
9. Quels sont les signes agissant de l’Esprit Paraclet dans nos vies?

 

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