Évangile du dimanche 18 novembre 2018

32e dimanche ordinaire (année B), selon l’écrit de Marc 13, 3-5. 24-32

Du pain sur la table

3 Sur le mont des Oliviers, comme Jésus est assis face au Temple,
Pierre et Jacques et Jean et André l’interrogent à l’écart:

4 Dis-nous quand ce sera et quel est le signe que tout cela doit s’achever?

5 Alors Jésus se met à leur dire:

24 En ces jours-là, après une détresse [inouïe],
le soleil s’obscurcira et la lune ne brillera plus,

25 et les étoiles tomberont du ciel
et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26 Et alors on verra le Fils de l’homme
qui viendra sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire.

27 Alors il enverra les messagers
et, des quatre vents, d’une extrémité de la terre à l’extrémité du ciel,
il rassemblera les élus.

28 Apprenez de la parabole avec le figuier:
Quand la branche devient tendre et que les feuilles poussent,
vous savez que l’été est proche.

29 Ainsi vous aussi, lorsque vous voyez que cela arrive,
vous savez que [le Fils de l’homme] est proche, aux portes.

30 Amen, je vous le dis:
cette génération ne passe pas avant que tout cela arrive.

31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.

32 Quant à ce Jour ou à l’Heure, personne ne le sait:
ni les messagers dans le ciel, ni le Fils; il n’y a que le Père.

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Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

Voilà des images de terreur qui frappent notre imagination…
et qui risquent de nous faire peur.
Ces passages des Évangiles sont certainement parmi les plus difficiles à comprendre
et donc parmi les plus contestés.
Il nous faudra chercher à savoir ce que veulent dire exactement ces images.
Et quel message se cache derrière elles.

La place du texte dans le récit de Marc
Ce passage de l’Évangile est situé au terme de la montée vers Jérusalem.
Jésus est entré triomphalement dans la ville et il a chassé les marchands du Temple.
Pour Jésus, l’heure de la passion et de la mort est proche.
Sortant du Temple, un disciple fait remarquer la beauté grandiose de l’édifice.
Mais Jésus prédit sa ruine prochaine:
Tu vois ces grandes constructions?
Il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit (Mc 13,2).
Et il va décrire cette destruction du Temple avec des images de fin de monde.
L’ensemble du chapitre 13 décrit donc un climat assez sombre de l’avenir:
la ruine du Temple de Jérusalem, le commencement des persécutions,
la grande détresse, l’effondrement du cosmos.
L’évangéliste emprunte à certains textes bibliques leurs images terrifiantes.
Ce discours est introduit par l’interrogation des disciples les plus proches de Jésus:
Pierre, Jacques, Jean et André.
Dis-nous quand ce sera et quel est le signe que tout cela doit s’achever? (Mc 13,4).

Le drame que symbolise la destruction du Temple
Nous avons peine, nous chrétiens d’aujourd’hui, à nous imaginer
quelle terrible tragédie pouvait être la destruction du Temple pour les Juifs.
Hérode avait commencé la reconstruction du Temple depuis l’an 20 avant notre ère.
Celle-ci n’était pas encore achevée au moment où Jésus va mourir.
Avec ses magnifiques pierres blanches et ses toits étincelants d’or,
l’édifice est l’une des merveilles de l’époque.
Mais bien plus, le Temple re-présente la demeure de Dieu.
Il est le signe de sa présence au milieu de son peuple.
Si le Temple est détruit, c’est comme si Dieu abandonnait son peuple.
Comment Jésus peut-il prédire cette destruction?
Il ne la souhaite pas et, au contraire, la considère comme un grand malheur.
Mais la situation politique d’Israël est telle qu’on peut prévoir cette issue tragique.
Israël est occupé depuis près de 100 ans par la Rome toute puissante.
Les Juifs les plus croyants se demandent comment le Dieu d’Israël,
le maître de l’univers, peut se laisser humilier par les dieux romains.
La résistance s’organise dans plusieurs groupuscules juifs
qui deviendront les Zélotes qui obtiendront la libération de Jérusalem en 66.
Or Rome réagit toujours avec une rare brutalité pour vaincre toute résistance.
C’est effectivement ce qui arrivera en l’an 70
où Jérusalem et son Temple seront détruits par le général romain Titus.
Jésus pouvait donc prévoir cette tragédie.
Mais la pensée de Jésus ne s’arrête pas seulement à l’avenir du Temple.
Il va élargir sa réflexion, donnant le sens plus large de cette épreuve dramatique,
qui est le symbole de ce que doit vivre l’humanité tout au long de l’histoire.
Les puissances du mal poursuivront jusqu’au bout leur combat contre celles du bien.
L’Évangile de Jésus ne peut empêcher les mal-faisants de faire leur oeuvre.
Et cela parce que Dieu, le Père qui n’est qu’amour, ne peut ni ne veut
supprimer la liberté des humains.
D’une certaine manière, Dieu est impuissant face à la liberté des malfaisants:
il ne peut vaincre par la force mais seulement con-vaincre par sa bonté.
Jésus décrit donc le drame de la puissance du mal:
On se dressera nation contre nation…
Il y aura des tremblements de terre, il y aura des famines…
On vous conduira pour vous livrer…
Vous serez haïs de tous à cause de mon nom…
Ces jours-là seront des jours de détresse …
De faux messies et de faux prophètes se lèveront
et feront des signes et des prodiges pour égarer même les élus (Mc 13,8.11.13.19.22).
Une telle description: catastrophes, calamités, effondrement du cosmos
est ce qu’on appelle un récit « apocalyptique ». Le terme « apocalypse » désigne
un genre d’écrit qui veut « révéler » ce qui est plus ou moins caché.
Le mot grec « apocalypsis » signifie découvrir ce qui est couvert, dévoiler ce qui est voilé.
L’époque de Jésus connaît de nombreux écrits apocalyptiques.
Ces apocalypses tentent de dévoiler, au-delà des apparences,
le mystère du monde, des êtres et des événements, leur sens profond, éternel.
Ce dévoilement concerne donc souvent la fin des temps, le terme de l’histoire.
Mais on pourrait comprendre le mot « fin » de deux façons:
comme une date: celle de la fin du monde,
mais aussi comme le but:, le destin du monde: sa finalité.
Et les deux sens peuvent se juxtaposer:
c’est à la fin que se manifestera en pleine lumière la finalité.
Le terme de l’histoire révèlera le but du projet de Dieu lorsqu’Il crée l’univers et l’humanité.
C’est ce que veut décrire notre texte.

Et alors on verra le Fils de l’homme
qui viendra sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire (13,26).
Les contemporains de Jésus attendent l’intervention prochaine de Dieu.
Pour eux, le Dieu Tout-Puissant ne peut permettre la déchéance de son peuple.
Il va intervenir pour punir les méchants et sauver ses fidèles.
Ce jugement de Dieu se fera à travers des temps d’épreuves, de conflits.
Les mauvais y seront certes exterminés mais les bons y souffriront aussi,
avant que la victoire n’arrive avec l’avènement d’un roi-messie, envoyé de Dieu.
Pour décrire ce Jour, cette victoire de Dieu sur les force du mal,
on le fait avec des images symboliques qui utilisent les bouleversements cosmiques.
En effet, «chez les peuples de l’Antiquité orientale -en dehors d’Israël-,
les astres étaient les divinités maîtresses de l’univers.
Parler de l’éclipse du Soleil et de la Lune, de la chute des étoiles,
c’est donc attester le triomphe du Dieu Unique sur l’idolâtrie païenne»
(J. Hervieux, L’Évangile de Marc, p. 192, Novalis).
C’est pourquoi les prophètes vont décrire la victoire de Dieu sur les malfaisants
comme sa victoire sur les puissances astrales.
La lumière du Dieu Unique Créateur de l’univers
vient remplacer celle des astres, des divinités païennes.
C’est ce que faisait déjà le livre d’Isaïe en décrivant le grand Jour du Seigneur,
c’est-à-dire le Jour de sa victoire:
Voici qu’est proche le Jour du Seigneur.
Les étoiles du ciel et Orion ne feront plus briller leur lumière,
le soleil s’obscurcira dès son lever, la lune ne donnera plus sa lumière (Is 13,6,10).
Désormais ce n’est plus le soleil qui sera pour toi la lumière du jour,
ce n’est plus la clarté de la lune qui sera pour toi la lumière de la nuit.
Mais c’est le Seigneur-Dieu qui sera pour toi la lumière éternelle (Is 60,19).

Mais en ces jours-là, après une détresse [inouïe], le soleil s’obscurcira,
la lune ne brillera plus, les étoiles se mettront à tomber du ciel
et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées (13,24-25).
Jésus reprend les images des apocalypses
comme le fera celle de Jean qui décrira ainsi la Jérusalem définitive,
qui sera la demeure de Dieu parmi les humains:
J’entendis, venant du trône, une voix forte qui disait: Voici la demeure de Dieu avec les humains.
Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux.
La cité [où se rassemblent les élus] n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer,
car la gloire de Dieu l’illumine, et son flambeau, c’est l’agneau.
Les nations [païennes] marcheront à sa lumière (Ap 21,3.23-24).
Mais il ne faut pas que ces images de catastrophe cache le message final.
Si les astres ne brillent plus, c’est parce que l’Astre divin -le Fils de l’homme- les aura remplacés.
Comme le dira le récit évangélique de Jean, c’est déjà,
lors de sa première venue, que Jésus est la vraie lumière:
Et le jugement, le voici: la lumière est venue dans le monde et les humains ont préféré
l’obscurité à la lumière parce que leurs oeuvres étaient mauvaises (Jn 3,19).
Cependant, au-delà de sa mort, le Fils de l’homme reviendra
et il sera alors définitivement la lumière de l’humanité.
C’est ce que Jésus dira au grand-prêtre, lors de son arrestation:
Vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite du Tout-Puissant
et venant avec les nuées du ciel (Mc 14,62).

Quel est le sens du titre de Fils de l’homme que Jésus s’est attribué?
Ce personnage du Fils de l’homme se trouve dans le livre biblique de Daniel
qui a été écrit quelque 150 ans avant Jésus.
Dans une de ses visions, le prophète Daniel décrivait ainsi le Fils de l’homme:
Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un fils d’homme.
Il s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa Présence.
À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples,
nations et langues le servirent.
Son empire est empire à jamais, qui ne passera point,
et son royaume ne sera point détruit (Dn 7,13-14).
Ce texte de Daniel voulait alors redonner l’espérance au peuple de Dieu
qui avait été écrasé depuis 600 ans par plusieurs dominations successives:
celle des Babyloniens en 721 pour le royaume du nord et 587 pour celui du sud;
puis celle des Perses (de 538 à 333) et enfin celle des Grecs (de 320 à 142 avant Jésus).
Le dernier roi grec Antiochus IV a porté la persécution contre les Juifs à son comble.
Il a même dédié, au dieu grec Zeus, le Temple de Jérusalem
qui symbolise, pour les Juifs, la présence du Dieu Unique sur cette terre.
Daniel affirme que Dieu donnera -en son Jour- la victoire à son peuple.
Et c’est le personnage du Fils de l’homme qui va recevoir la victoire
au titre de représentant de tous les fidèles de Dieu.
Les Évangiles disent que Jésus s’est attribué souvent ce titre de Fils de l’homme.
Dans cette grande histoire d’amour avec l’humanité
-où se mêlent les temps de fidélité et ceux de reniement et d’abandon-
l’avènement céleste du Fils de l’homme marquera l’intervention victorieuse de Dieu.
À la fin, la communion du divin et de l’humain,
initiée humblement par Jésus, prendra toute son ampleur.
En ce Jour, en cette Heure, le Fils de l’homme rassemblera autour de lui
tous ceux qui seront dans l’amour de Dieu.
Comme le Fils de l’homme -en Daniel- représente le peuple des saints,
ainsi le Fils de l’homme (Jésus) s’identifie avec la multitude
de tous ceux pour qui il va donner sa vie:
Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi,
mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45).
Contrairement à la vision de certains courants juifs de son temps qui réservaient
le salut à une élite -comme faisent les Esséniens-, Jésus promet de rassembler
la multitude, une multitude qui n’exclut personne
et, au contraire, veut redonner vie au plus petit, au plus pauvre.
Le Fils de l’homme est venu pour les pécheurs et non pour les bien-portants.
À travers cette figure du Fils de l’homme,
nous pouvons retrouver ce que décrit l’Évangile de Jean,
lorsqu’il parle de la demeure de Jésus en ceux qui sont ses disciples:
Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera;
nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure (Jn 14,23).
Demeurez en moi comme je demeure en vous!
De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne,
ne peut de lui-même porter du fruit,
ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi (Jn 15,4).
Mais n’est-ce pas aussi ce que Paul signifie lorsqu’il parle du Corps du Christ?
Ainsi, à plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ,
étant tous membres les uns des autres, chacun pour sa part (Rm 12,5).
Prenons une comparaison: le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres:
mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps:
il en est de même du Christ.
Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs,
esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit.
Vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres,
chacun pour sa part (1Co 12,12-13.27).
À travers toute l’histoire biblique, Dieu apparaît comme le Dieu qui rassemble.
Le Dieu Un est celui qui veut faire vivre tous ceux qui sont ses fils et ses filles
dans la communion, dans l’unité.
Avant que ne commence l’épreuve de la passion qui va les disperser,
Jésus promet à ses disciples qu’en son Heure il les rassemblera (Jn 14,3):
Je reviendrai vous prendre avec moi, afin que, là où je suis, vous soyez, vous aussi.
C’est aussi le sens de la parabole du Jugement dernier:
Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous les anges,
alors il siégera sur son trône de gloire.
Devant lui seront rassemblées toutes les nations (Mt 25,31-32).
On peut penser que Jésus ne porte ce titre de Fils de l’homme que pour signifier
qu’il doit réunir dans l’unité tous les humains,
tous les enfants de Dieu qui sont dispersés (Jn 11,52).
Il est venu les faire vivre de cet amour de communion qui vit dans le coeur de Dieu.
Ce sera enfin le thème principal de la prière de Jésus lors du Dernier Repas:
Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi,
qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée,
pour qu’ils soient un comme nous sommes un,
moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite
et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé
et que tu les as aimés comme tu m’as aimé (Jn 17,21-23).

Apprenez de la parabole avec le figuier: quand la branche devient tendre
et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche.
Ainsi vous aussi, lorsque vous voyez que cela arrive,
vous savez que [le Fils de l’homme] est proche, aux portes.
La question des quatre disciples était:
Dis-nous quand ce sera et quel est le signe que tout cela doit s’achever? (Mc 13,4).
Jésus nous dit que nous avons à apprendre du figuier.
«En Palestine, cet arbre « très commun donne vraiment le signal du printemps;
car, si le froid surprend parfois les amendiers en fleurs,
il ne revient plus quand les feuilles du figuier ont apparu. »
Ainsi, dès que le branchage, glonflé de sève, a gagné en souplesse
et que les feuilles ont fait leur apparition, on peut se dire que l’été approche»
(S. Légasse, L’Évangile de Marc**, Cerf 1997, p. 820).
Cette comparaison veut nous instruire: les épreuves de la lutte contre les forces du mal,
qui semblent toutes-puissantes, peuvent souvent nous faire douter de la victoire
de Dieu, et pourtant Dieu n’est jamais loin: Sachez qu’Il est proche, aux portes.
La multiplication des faux prophètes, le malheur des populations affamées,
l' »abomination de la désolation »… tout cela peut interroger notre foi,
mais cela ne devrait jamais affaiblir notre espérance.

Ces épreuves sont encore actuelles?
Ne sont-elles pas les guerres civiles qui ravagent certains peuples, les famines
des pays de la faim, mais aussi les pauvres de chez nous
dont les enfants partent à l’école le ventre vide,
les jeunes sans travail et sans espoir qui trop nombreux se suicident,
les séparations qui détruisent les familles,
les aînés dont les existences semblent s’éterniser dans la solitude, etc.
Et il n’y a pas que les épreuves sociales,
il faut aussi évoquer notre détresse personnelle:
notre égoïsme sans cesse récurrent, notre médiocrité et notre paresse,
cette tristesse absolue de ne pas être des saints, de ne pas être bon, etc.
S’il nous faut, avec Jésus, regarder tous ces motifs de désespoir,
n’est-ce pas pour nous aider à voir, au milieu de toutes ces « fleurs du mal »,
les bourgeons de quelques « fleurs du bien ».
Je pense à cet américain qui est pasteur protestant à Alger.
Pendant la guerre du Golfe, des gens s’en sont pris à son église
mais quelques voisins musulmans lui ont écrit ce mot courageux:
«La situation nous place dans des camps opposés.
Mais nous restons vos amis. Vous êtes une part de nous-mêmes.
Si vous avez besoin de nous, nous sommes là.»
Je pense aussi à cette infirmière qui écrit:
«Parmi les personnes que j’ai accompagnées à la mort, une m’a particulièrement bouleversée:
Patricia, une jeune femme complètement paralysée qui ne parlait plus
et ne bougeait plus que les yeux. Elle rayonnait d’une telle joie intérieure
que personnel de l’hôpital et amis se pressaient dans sa chambre.
Elle est morte en nous transmettant quelque chose d’infiniment précieux.»
Oui, Dieu et le Fils de l’homme sont toujours là, à nos portes.
Saurons-nous leur ouvrir, comme le dit si bien le texte de l’Apocalypse de Jean:
Voici que je me tiens à la porte et que je frappe.
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai chez lui et je prendrai le repas avec lui et lui avec moi (Ap 3,20).

Mais ce Jour ou cette Heure, nul ne les connaît,
ni les anges du ciel, ni le Fils, personne sinon le Père.
N’est-ce pas étonnant de constater que même le Fils Jésus,
lui qui vit en communion profonde avec le Père, ignore le Jour de la victoire finale?
Rappelons-nous qu’il connaît le Père d’une façon unique:
Tout m’a été remis par mon Père.
Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils,
et celui à qui le Fils veut le révéler (Mt 11,27).
Comment interpréter cette ignorance de Jésus?
N’est-ce pas la volonté de nous garder vigilants (13,33):
Prenez garde! Restez éveillés car vous ne savez pas quand ce sera le moment.
Cette ignorance, les premiers chrétiens la traduiront par l’image du voleur:
Vous-mêmes le savez parfaitement: le Jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit.
Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres,
pour que ce jour vous surprenne comme un voleur (1Th 5,2-4).
Le disciple de Jésus n’est pas forcément un être optimiste.
Il se situe au-delà de l’optimisme comme du pessimisme.
Au-delà de l’espoir, il est habité par l’espérance, la petite fille espérance, comme l’appelait Péguy.
Le disciple de Jésus sait que le monde sera rempli de tous les méfaits du mal, et cela, jusqu’à la fin.
Il sait aussi que lui-même sera sans cesse tenté -comme son Maître le fut:
douter de ce que l’amour puisse vaincre le mal,
douter de ce que la bonté soit plus utile pour convaincre le coeur malfaisant que tous les châtiments,
douter de ce que Dieu s’occupe vraiment de nous et parfois penser qu’Il nous a abandonnés.
Le disciple doit sans cesse se rappeler des tentations du désert (cf. Lc 4,1-13).
C’est d’ailleurs pour triompher de cette tentation que Jésus a demandé de prier:
Il leur dit: «Quoi! Vous dormez!
Levez-vous et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation!» (Lc 22,46).
Un vieil ami exprimait ainsi son optimisme humain:
«Le monde est un vaste bordel.
Et toutes les idéologies et les religions ne le changeront pas vraiment.
Mais ce que chacun fait de bien -si petit soit-il- empêche de monde de devenir pire.»
Mais, à cet optimisme, Jésus ajoute l’espérance:
«En son Jour, Dieu rassemblera tous ceux qui, dans leur vie, auront misé sur la bonté,
afin qu’ils vivent une communion éternelle en son amour.»
Oui, la victoire de Jésus sur la mort, au matin de Pâques,
est le gage de cette vie qui nous est promise.
Les petites fleurs du bien -ce que chacun peut faire dans l’ordinaire de sa vie quotidienne-
ne sont peut-être que des bourgeons
mais ces bourgeons sont pour nous le gage
que notre vie s’épanouira dans la bonté, au Jour et à l’Heure de Dieu.

Georges Convert

»»» Questions

1. Quel est le rôle du Temple dans la pensée juive?
2. Qu’est-ce que symbolise cette destruction du Temple pour l’histoire de l’humanité?
3. En quoi la venue du Fils de l’homme est-elle, pour le monde, message et gage d’espérance?
4. Quel est le rôle du Fils de l’homme dans l’histoire de l’humanité?
5. Quelles sont les épreuves auxquelles nous avons à faire face personnellement?

 

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