Évangile du dimanche 2 décembre 2018

1er dimanche de l’avent (année C), selon l’écrit de Luc (21, 5-7, 25-28, 34-36)

Du pain sur la table

5 Comme certains parlent du Temple, Jésus déclare:

Des jours viendront, où il ne restera pas pierre sur pierre de ce que vous contemplez: tout sera détruit.

7 Alors ils l’interrogent en lui disant: Maître, quand est-ce que ce sera et quel est le signe que cela va arriver?Alors Jésus leur dit:

25 Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles
et sur la terre les nations seront dans l’angoisse,
effarées du fracas de la mer et des flots.

26 Les humains défailleront de frayeur dans l’attente de ce qui vient sur l’humanité, car les puissances des cieux seront ébranlées.

27 Et alors on verra le Fils de l’Homme venir dans la nuée avec puissance et grande gloire.

28 Quand ces choses commenceront à arriver, relevez-vous et gardez vos têtes hautes: car elle est proche, votre délivrance.

34 Tenez-vous sur vos gardes de crainte que vos coeurs ne soient accablés dans les excès et les abus, l’ivrognerie et les anxiétés et que ce Jour ne fonde sur vous à l’improviste:

35 comme le filet d’un piège; car il surviendra sur tous ceux qui sont assis sur toute la face de la terre.

36 Veillez! En tout temps priez afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver et pour vous tenir debout en présence du Fils de l’homme.

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Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

Notre année liturgique s’ouvre sur une page d’apocalypse.
Pourquoi? Et que signifie ces images un peu terrifiantes?
Comment ces images de fin de monde peuvent-elles nous préparer à Noël?
Quel message se trouve dans ce texte pour notre « aujourd’hui »?

LE CONTEXTE

Notre texte est la conclusion de la fresque apocalyptique
que l’on retrouve dans chacun des récits synoptiques
(Marc, Matthieu et Luc).
Ces apocalypses ont été insérées
dans le récit des derniers jours de Jésus.

LE TEXTE
Le sens du mot « apocalypse ».
Il est la transcription en français d’un mot grec apocalupsis
qui signifie révéler.
Dans ces récits d’apocalypse,
il s’agit de révéler le sens des événements actuels
en les plaçant sous la lumière du sens final de l’histoire.
Dans la littérature juive, on trouve souvent ce genre de récits
dans les deux derniers siècles avant l’ère chrétienne.
Les chrétiens du premier siècle vont aussi utiliser ce type d’écrits
afin de comprendre le sens des persécutions qu’ils vivent.
À la différence des Évangiles
qui sont surtout formés des paroles de Jésus
transmises d’abord oralement, puis mises par écrit ensuite,
ces passages apocalyptiques sont des récits qui ont été rédigés.
Ils sont nés en temps de crise pour redonner l’espérance au peuple.
Ils veulent assurer que Dieu promet la victoire finale du bien,
même si le mal qui règne semble tout-puissant.
Ils emploient des images symboliques
qui sont propres à ce genre littéraire.

Ici, le récit est lié à l’annonce
de la destruction du Temple de Jérusalem.
Jésus en a déjà parlé lors de son entrée dans la ville,
au jour des rameaux:
Quand Jésus s’approcha de la ville, il pleura sur elle.
«Il viendra pour toi des jours
où tes ennemis t’encercleront de retranchements,
feront le siège et te presseront de tous côtés.
Ils t’écraseront, toi et tes enfants…
ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre»
 (Lc 19,41-44).
Imaginons le choc que produira cette destruction du sanctuaire,
qui adviendra en l’an 70,
trente-cinq ans environ après la mort de Jésus.
Le Temple est non seulement l’orgueil,
la fierté des Juifs par sa beauté grandiose,
mais il est surtout le symbole de la présence de Dieu
au milieu de son peuple.
Le sanctuaire est au coeur de la vie d’Israël.
Il rappelle sans cesse qu’Israël est le peuple que Dieu s’est choisi
pour qu’il soit son peuple sur cette terre.
Israël se considère comme un peuple à part,
qui n’est semblable à aucun autre
dans cette longue histoire qui se joue entre Dieu et l’humanité.
Le Temple détruit signifie que Dieu a abandonné son peuple.
Déjà, lorsque les Babyloniens détruiront le premier Temple en 587,
les prophètes avaient interprété cet événement
comme étant le signe de la rupture de l’alliance
entre Dieu et son peuple.
Et Jérémie avait proclamé que c’était la mauvaise conduite du peuple
qui était la cause de la destruction du Temple:
Vu que (moi Dieu) je vous ai parlé inlassablement
sans que vous m’ayez écouté,
la Maison sur laquelle mon Nom a été proclamé sera traitée
comme j’ai traité Silo:
Je vous rejetterai loin de moi
 (Jr 7,13-15).
Les premiers chrétiens vont interpréter la destruction du Temple en 70
comme la fin de l’alliance entre Dieu et Israël
et son remplacement par une alliance nouvelle avec l’Église.
Cela entraînera les chrétiens à nommer l’alliance avec Moïse:
l’Ancienne alliance, l’Ancien testament.
Mais il vaudrait mieux parler de la Première alliance
(avec le peuple juif),
et parler d’un renouvellement de l’Alliance dans la personne de Jésus
et de l’élargissement de l’alliance à tous les peuples.
L’alliance nouvelle ne rend pas caduque la première.
Et les chrétiens devront veiller à garder cette alliance toujours nouvelle,
sinon l’Alliance risque de se scléroser et devenir morte.
L’élargissement de l’alliance
à des disciples venant de toutes les nationalités
doit être aussi le souci constant des chrétiens
s’ils veulent rester fidèles à leur maître.
Allez donc: de toutes les nations faites des disciples,
les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit.
Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps

(Mt 28,19-20).
Pour Jésus, c’est toute l’humanité
que Dieu veut rassembler en sa communion.
Mais il faut aussi se rappeler que le règne de Dieu s’établit
au-delà des frontières de l’Église.
Il se bâtit dans l’Israël spirituel
mais aussi en tout coeur humain qui vit d’amour.
En tout être de bonne volonté, l’Esprit de Dieu agit et porte des fruits.
Chaque personne, qui vit de bonté généreuse
-même si elle ignore Dieu-,
accueille en son coeur l’amour qui vient du Père,
Lui qui est source de tout amour.
Elle fait donc partie du règne de Dieu.
Ce sera donc en chaque peuple, en chaque race, en chaque croyance,
que le chrétien est appelé à découvrir l’Esprit de Dieu qui agit.

On portera la main sur vous et on vous persécutera…
Vous serez haïs de tous à cause de moi
 (Lc 21,12.17).
Jésus élargit sa vision au-delà de la destruction du Temple.
Il veut donner sens aux persécutions
que devront affronter les disciples,
comme il a donné sens à sa passion, à sa propre mort.
Afin qu’ils ne perdent pas courage dans les persécutions,
Jésus annonce déjà les épreuves
auxquelles ses disciples seront confrontés:
Le disciple n’est pas plus grand que son maître.
Ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront
 (Jn 15,20).
Je vous ai dit cela
afin que vous ne succombiez pas par cette épreuve
 (Jn 16,1).
Je vous ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix.
En ce monde vous êtes dans la détresse,
mais prenez courage, j’ai vaincu le monde!»
 (Jn 16,33).
Jésus enverra à ses disciples l’Esprit
qui leur permettra de témoigner (Lc 21,15):
Je vous donnerai un langage et une sagesse
que ne pourront contrarier
ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous.

Pour signifier cette victoire sur le mal,
Jésus reprend une image du prophète Daniel:
celle du Fils de l’homme
qui vient dans la nuée avec puissance et grande gloire.

Autrefois, le prophète Daniel avait décrit le triomphe du peuple de Dieu
au-delà de toutes les épreuves de son occupation
par les puissances ennemies:
Je regardais dans les visions de la nuit,
et voici qu’avec les nuées du ciel venait comme un Fils d’Homme;
il arriva jusqu’au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence.
Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté:
les gens de tous peuples, nations et langues le servaient.
Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas,
et sa royauté, une royauté qui ne sera jamais détruite
 (Dn 7,13-14).
Jésus a souvent repris cette image du Fils de l’homme
pour exprimer la certitude de sa victoire sur le mal.
Lors de sa comparution devant le grand-prêtre, il s’exprimera ainsi:
Désormais le Fils de l’homme siégera à la droite du Dieu puissant

(Lc 22,69).
Ici, cette victoire est traduite dans un langage apocalyptique
qui utilise des images cosmiques:
Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles
et sur la terre les nations seront dans l’angoisse,
effarées du fracas de la mer et des flots.
Les humains défailleront de frayeur
dans l’attente de ce qui vient sur l’humanité,
car les puissances des cieux seront ébranlées.

Ces bouleversements de l’univers veulent signifier
que la fin de ce monde laissera place à une nouvelle création.
Mais ce qui sera achevé à la fin du temps, cela est déjà commencé:
c’est tout au long de l’histoire, avec tous les humains de bonne volonté,
que Dieu ne cesse de créer l’humanité toujours nouvelle.
Et en Jésus, qui est le fils parfait du Père,
ce renouvellement est accompli.
Car il a vaincu le mal en vivant toute son existence dans l’amour,
jusqu’au don total sur la croix.

Relevez-vous et gardez vos têtes hautes:
car elle est proche, votre délivrance.

Cette nouvelle création est donc déjà commencée.
Ce n’est qu’ici que Luc emploie ce mot délivrance dans son Évangile.
On le retrouve plusieurs fois chez Paul.
[Dieu] nous a arrachés au pouvoir des ténèbres
et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour
en qui nous avons la délivrance, le pardon des fautes
 (Col 1,14).
Tous deviennent justes gratuitement par la grâce [de Dieu] en vertu de la délivrance accomplie en Jésus (Rm 3,24).
En lui, nous avons la délivrance par son sang,
en lui nos fautes sont pardonnées selon la richesse de sa grâce

(Ép 1,7).
Nous voyons que la délivrance est associée au pardon et à la grâce.
Par l’amour divin de Jésus, amour qui a été jusqu’au don de sa vie,
nous devenons des êtres libérés.
Le pardon, c’est en effet le travail de guérison
que l’amour de Jésus réalise en nous.
Lorsque le mal nous tient en son pouvoir,
lorsque nous sommes dans les ténèbres,
si nous accueillons l’amour gratuit de Jésus,
cet amour va transformer nos coeurs.
Nous vivons alors par Jésus, en communion profonde avec lui.
Vous existez vraiment dans le Christ Jésus
qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu,
justice, sanctification et délivrance
 (1Co 1,30).
Voilà l’essentiel de notre foi chrétienne:
il y a un être humain, semblable à nous, un terrien comme nous,
mais qui vit une communion unique avec le Père
et qui nous donne ainsi accès à la sagesse qui vient de Dieu.
Dieu nous a prodigué [la richesse de son amour] en nous ouvrant à toute sagesse et intelligence,
en nous faisant connaître le mystère de sa volonté
 (Ép 1,8-9).
En nous nourrissant de la pensée de Jésus,
en gardant ses paroles dans notre mémoire profonde,
en vivant selon son esprit,
nous sommes en cheminement vers la vraie liberté,
vers le véritable amour.

Tenez-vous sur vos gardes…
de crainte que ce Jour ne tombe sur vous à l’improviste.

Le lecteur de la Bible est familier de l’image du voleur:
celui qui vient toujours à l’improviste.
À la suite de Jésus, Paul emploie encore cette image:
Le Jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. …
Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres
pour que ce Jour vous surprenne comme un voleur
 (1Th 5,2.4).
On peut s’étonner de cette image.
Elle signifie peut-être que la venue du Fils de l’homme
se fera dans un monde qui sera encore marqué par les ténèbres.
En effet, la victoire de Jésus sur le mal n’implique pas forcément
qu’il aura pu rassembler tous les humains dans la communion du Père.
La parabole du Jugement dernier laisse au contraire envisager
comme possible qu’un certain nombre d’êtres humains aient refusé
de vivre dans l’amour:
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche:
«Allez-vous-en loin de moi…
car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger»
 (Mt 25,41-42).
Si la venue du Fils de l’homme est envisagée de nuit,
c’est pour signifier
que le monde sera toujours le champ d’une lutte
entre les ténèbres et la lumière.
La justice et la paix seront toujours menacées, toujours à reconquérir.
Jamais on ne pourra « s’asseoir »
en pensant que le règne de l’amour est enfin arrivé.
Et cela est vrai des sociétés parce que c’est vrai de chaque personne.
Jusqu’à la fin, la liberté des humains les placera devant le choix:
Dieu et l’amour ou bien la voie du mal.
Chaque être humain qui vient au monde
se trouve devant ce choix,
comme s’il était au début de l’histoire humaine.
Et jamais personne ne pourra « s’asseoir »
en se disant qu’il a atteint la sainteté
et que désormais la bonté et la miséricorde dicteront tous ses actes.
Le saint n’est pas celui qui est arrivé et qui ne pèche plus.
Le saint est davantage celui qui est possédé
par l’amour de Dieu et des autres.
Et cet amour ne cesse de le rendre plus clairvoyant
sur ses propres manques.
Le saint est ainsi celui qui se reconnaît chaque jour
davantage pécheur.

Tenez-vous sur vos gardes
de peur que votre coeur ne s’alourdisse.

La puissance du mal qui nous sollicite sans cesse est caractérisée ici
par les excès et les abus, l’ivrognerie et les anxiétés.
On peut rapprocher cette description
de celle de la parabole de la semence
où la parole de Dieu est étouffée
par les soucis, les richesses, les plaisirs (Lc 8,14).
Cette description est sans doute inspirée ici par les images de la nuit
où règne l’empire des ténèbres.
Et ici, l’apôtre Paul a peut-être inspiré Luc.
Ainsi nous lisons dans la lettre aux Romains (13,13):
Conduisons-nous honnêtement, comme en plein jour,
sans ripailles ni beuveries, sans coucheries ni débauches,
sans querelles ni jalousies.

On trouve des images semblables
dans la 1ère lettre aux Thessaloniciens (5,7-8):
Ceux qui s’enivrent, c’est la nuit qu’ils s’enivrent.
Mais nous qui sommes du jour,
soyons sobres et revêtus de la cuirasse de la foi et de l’amour
avec le casque de l’espérance du salut.

Et Paul ajoute:
Dieu ne nous a pas destinés à la colère
mais au salut par Jésus
 (1Th 5,9).
Il nous faut sans cesse nous redire notre destin,
ce que Dieu rêve pour nous:
que nous devenions ses fils et ses filles, éternisés par l’amour.
Alors, au-delà des ténèbres de ce monde,
notre attente doit être marquée, non par la crainte du jugement divin
mais par la joie de la liberté dans l’amour.
Rappelons-nous la forte pensée d’Irénée:
«La gloire de Dieu, c’est l’être humain vivant.»
Mais cette vie que Dieu nous offre ne peut se faire
que par la vision de Dieu.
Et nous, chrétiens,
nous ne parvenons à cette vision de l’Invisible, du Père divin,
que si nous sommes en communion constante avec Jésus.
À travers la lecture priante de sa Parole dans l’Évangile,
nous pouvons être en vraie communication avec lui.
Mais il nous faudra cependant être vigilants:
toujours être en éveil quant à la qualité de notre amitié avec Jésus,
celui qui est notre frère bien-aimé, notre ami, notre Seigneur.
C’est que toute relation d’amitié ou d’amour
doit être ravivée sans cesse.
Sinon, elle risque fort de s’étioler et de perdre vie.
«On est responsable de sa rose», disait le renard au petit Prince.
Et pourtant on considère bien vite
que l’amour de celui, de celle qui nous aime est une chose acquise.
Il n’est plus alors ce merveilleux cadeau
que l’on s’étonne sans cesse de recevoir.
Ce don qui nous est fait gratuitement…
et qui ne peut jamais être quelque chose que l’on peut mériter.
Voilà où se trouve notre attente:
malgré un monde marqué par le mal,
on peut vivre de l’Esprit de Dieu qui est amour.

Mais veiller, avec un zèle jaloux,
sur nos liens de communion avec Jésus,
c’est aussi veiller sur nos liens fraternels entre disciples.
Dans la lettre aux Thessaloniciens,
Paul décrit ce que doit être notre vigilance:
Réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre. …
Vivez en paix entre vous …
Donnez du courage à ceux qui en ont peu.
Soutenez les faibles. Soyez patients envers tous.
Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal.
Recherchez toujours le bien, entre vous et à l’égard de tous.
Soyez toujours dans la joie.
Rendez grâce en toute circonstance
 (1Th 5,11-18).
De tels conseils ne sont-ils pas
tout imprégnés de tendresse et de bonté?
Mais, redisons-le: ce ne sera que par la communion avec Jésus
que nous pourrons espérer vivre de telles relations de fraternité.

Restez éveillés et priez…
Je dors mais mon coeur veille,
dit l’amante du Cantique des cantiques (5,2).
Veiller c’est donc être dans l’attente.
Dans l’ardente attente de cette vie d’amour, de bonté et de paix
qui nous est promise.
Il n’est pas toujours facile de garder l’espérance
à certains moments de l’existence.
Quand la mort s’abat sur ceux qui nous sont chers,
quand le mal vient briser nos liens d’affection les plus forts,
quand il semble qu’il n’y a plus rien à espérer…
la tentation est grande alors de désespérer… même de Dieu.
La prière que Jésus nous fait dire chaque jour
demande au Père de ne pas être abandonné quand vient la tentation.
Il ne s’agit pas là d’abord de nos tentations de mal faire
mais surtout de notre tentation de ne plus rien attendre de Dieu,
de ne plus croire que l’amour est plus fort que tout:
plus fort que notre péché, plus fort que la mort.
Mais attendre ne signifie pas ne rien faire.
Être en attente vis à vis de Dieu,
c’est creuser en nous l’espace où Dieu pourra agir.

Rappelons cette réflexion de Gabriel Marcel
que nous pouvons appliquer à notre relation avec Dieu:
«Aimer un être c’est attendre de lui…
c’est en même temps lui donner le moyen de répondre à cette attente.
Si paradoxal que cela puisse paraître,
attendre c’est en quelque façon donner;
mais l’inverse n’est pas moins vrai:
ne plus attendre,
c’est contribuer à frapper de stérilité l’être dont on n’attend plus rien,
c’est en quelque manière lui retirer la possibilité d’inventer, de créer.
Tout permet de penser qu’on ne peut parler d’espérance
que là où existe cette interaction
entre celui qui donne et celui qui reçoit,
cette commutation qui est la marque de toute vie spirituelle»

(Homo viator, Aubier 1994, p. 66s).
Prier ce sera donc se tenir disponible devant Dieu.
Se placer sous son regard,
ou plutôt exposer notre esprit à la lumière du sien.
Permettre à l’Esprit divin d’insuffler en nous l’intelligence divine
des choses et des événements,
pour ne pas tomber dans la tentation
d’un regard plein de pessimisme et de désespérance.
Terminons par ce texte extrait
d’une conférence du Frère Émile de Taizé:
« »À quoi bon? »
Cette question hante et fait trébucher une partie de la jeunesse
dans ses tâtonnements si exposés au découragement.
La désillusion est certaine.
Les sociétés paraissent soumises à d’invincibles forces d’égoïsmes.
Comment croire qu’il puisse exister un rapport
entre mes faibles forces
et les engrenages qui sont à l’oeuvre?
Le sentiment d’impuissance qui naît de cette dérision
passe pour la seule forme de lucidité et de réalisme.
Mais Dieu fait du neuf!
Il nous faut déchiffrer les signes de résurrection
dans les apparences contraires de la mort.
Quand on voit tout ce qui se fait
et qu’on ne savait même pas que cela existait,
alors on se dit que ce n’est peut-être pas fini
et on est d’accord pour relever les manches.»

Se tenir debout devant le Fils de l’Homme.
Voilà la source de notre espérance.
En cet homme, Jésus de Nazareth,
Dieu a trouvé un coeur qui a été fidèle à l’amour,
jusqu’au bout du pardon, jusqu’à livrer sa vie.
C’est en lui, lui que le Père a ressuscité,
que ses disciples peuvent venir puiser la force d’aimer.
Il est le Fils de l’homme, venu sur cette planète il y a deux mille Noël,
pour nous guérir de la désespérance.
Voilà le souffle de vie que doit nous redonner notre avent…
un souffle qui ne peut nous habiter que s’il nous traverse
pour rejoindre nos compagnons et compagnes de vie.

ANDRÉ CHOQUETTE ET GEORGES CONVERT

 

»»» Questions
  1. Que veut dire: apocalypse?

  2. Pourquoi Jésus utilise-t-il ces images d’apocalypse?

  3. Quel rôle joue le Temple dans l’histoire du peuple de Dieu?

  4. Comment Jésus se comporte-t-il vis-à-vis du Temple?

  5. Comment vivre d’espérance devant la situation actuelle de l’Église dans certain pays d’Occident?

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