Évangile du jeudi 2 juin 2019

Évangile de la Fête de l’Ascension (année C), selon l’écrit de Luc (24, 36-53)

Du pain sur la table

36 Alors que les disciples parlent de ces événements,
Jésus lui-même est présent au milieu d’eux
et il leur dit: Paix à vous! C’est moi, ne craignez pas.

37 Alors ils se mettent à trembler, remplis de crainte: ils pensent voir un esprit.

38 Et il leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés
et pourquoi des objections s’élèvent-elles dans vos coeurs?

39 Regardez mes mains et mes pieds: c’est bien moi. Touchez-moi et voyez:
un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai.

40 À ces mots, il leur montre ses mains et ses pieds.

41 Comme, sous l’effet de la joie, ils restent encore incrédules
et comme ils s’étonnent, il leur dit: Avez-vous ici de quoi manger?

42 Ils lui offrent un morceau de poisson grillé.

43 Il le prend et mange sous leurs yeux.

44 Puis il leur dit: Paix à vous!
Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous:
«Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet,
dans la Tora de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.»

45 Alors il ouvre leur intelligence à la compréhension des Écritures.

46 Il leur dit: Ainsi il est écrit que le Messie souffrirait,
qu’il ressusciterait d’entre les morts au troisième jour,

47 qu’en son nom, la conversion pour le pardon des péchés serait proclamée
à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

48 Vous en êtes témoins.

49 Voici que moi j’envoie sur vous la promesse de mon Père.
Restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut.

50 Il les emmène jusque vers Béthanie. Élevant les mains, il les bénit.

51 Et tandis qu’il les bénit, il s’absente d’eux et est enlevé au ciel.

52 Ils se prosternent devant lui.
Puis ils reviennent à Jérusalem tout remplis de joie.

53 Ils se tiennent continuellement dans le Temple dans la louange de Dieu.


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Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

Notre texte vient en finale du chapitre 24 de Luc.
Ce chapitre rassemble en une seule journée un ensemble d’événements:
la venue des femmes au tombeau et leur rencontre avec les deux messagers;
leur témoignage auprès des Onze (qui ne le reçoivent pas); la venue de Pierre au tombeau;
la rencontre du Ressuscité par les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs,
la venue du Ressuscité au milieu des Onze et de leurs compagnons;
la séparation qui a lieu à Béthanie.
Tout cela semble situé par Luc au premier jour de la semaine, le jour de la Résurrection.
Nous sommes d’ailleurs plutôt habitués à situer l’Ascension au 40e jour après Pâques.
Et c’est ce que Luc lui-même nous indique dans le livre des Actes,
ce livre qui fait suite à son Évangile.
Peut-être avons-nous ici une confirmation de ce que nous savons déjà:
I’Évangile n’est pas un écrit journalistique
qui voudrait relater des événements au jour le jour.
L’Évangile, et tous les Écrits bibliques, veulent d’abord donner le sens des événements
et pour cela ils emploient volontiers les symboles.
Dans le livre des Actes, le symbole est celui des 40 jours.
Ce chiffre 40 est le temps de l’engendrement d’un être humain:
le nombre de semaines où il se trouve dans le sein maternel.
Ici, dans ce temps qui suit la résurrection de Jésus,
il pourrait symboliser le temps nécessaire pour que le grain de blé jeté en terre porte fruit,
pour que le Crucifié descende dans les profondeurs des enfers
et en remonte en libérateur de la mort et du mal.

Par son enseignement lors de ses diverses rencontres avec ses disciples,
le Ressuscité achève de constituer sa communauté, son groupe de témoins:
ce peuple nouveau de fils et filles de Dieu qui prendra le nom d’Église.
Ce mot Église  vient du mot grec ecclésia
et traduit le mot araméen qéhilla  (qahal  en hébreu).
C’est le mot par lequel la Bible désigne l’assemblée des tribus juives
lorsque Moïse les a réunies dans le désert pour en faire le peuple de l’alliance avec Dieu.
Là, l’engendrement du peuple avait comme symbole le temps de 40 années.
C’est en effet pendant 40 ans, au désert du Sinaï,
que Moïse a transformé des tribus (longtemps captives en Égypte) en un peuple
qui a mission de faire advenir le règne de Dieu.
Dans le récit de l’évangile, Luc n’utilise pas le symbolisme des 40 jours.
Pourquoi situe-t-il l’Ascension au soir même du jour de Pâques?
On pourrait faire un parallèle avec le récit de Jean qui parle du don de l’Esprit au soir de Pâques.
Alors que les Actes le situeront à la Pentecôte, 50 jours après Pâques.
Tous deux font sans doute écho à la catéchèse des premières communautés chrétiennes
qui voulait bien marquer que résurrection,
retour vers le Père et envoi de l’Esprit sont les aspects d’une seule et unique réalité.
On peut comparer cela à la conception, la gestation et la naissance d’un enfant:
trois événements qui se succèdent dans le temps mais qui sont un seul:
un nouvel être humain est venu au monde.
Et bien, résurrection, ascension et pentecôte sont 3 événements d’une unique réalité,
celle de Jésus: qui est vivant, ressuscité de la mort (c’est Pâques),
qui vit maintenant auprès du Père (c’est l’Ascension),
mais demeure pourtant présent à ses disciples par son Esprit (c’est la Pentecôte).

Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous:
il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet,
dans la Tora de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.

Revenons maintenant à cette dernière leçon, cette ultime catéchèse que Jésus donne à ses apôtres.
Il revient sur des choses qu’il a dites mais qui, semble-t-il, n’ont pas été comprises.
Après trois ans d’apprentissage comme disciples,
malgré la présence quotidienne de Jésus parmi eux, les apôtres sont encore loin d’être chrétiens…
et Jésus doit encore ouvrir leur coeur pour qu’ils comprennent le pourquoi de sa mort.
L’ultime repas du Jeudi a été marqué par cette terrible solitude de Jésus
à quelques heures de sa mort.
Nous avons présents à l’esprit et la trahison de Judas et le reniement de Pierre.
Mais les autres disciples ne sont pas plus brillants.
Alors que Jésus est en train de leur dire:
Voici: la main de celui qui me livre se sert à cette table avec moi,
que font les apôtres?
Écoutent-ils anxieusement, attérrés par ces paroles?
Non, voici qu’ils commencent à se quereller
pour savoir lequel d’entre eux semble le plus grand
.
Alors Jésus leur redit, probablement des choses dites cent fois:
Les rois des nations dominent en maîtres sur elles.
Pour vous, que celui qui dirige soit comme celui qui sert
  (Lc 22,21-26)
Servir et aimer avec une bonté totale et sans exclusion, humblement,
voilà, pour Jésus, le secret de la vie.
C’est la note spécifique du message de Jésus
que cette priorité absolue à la bonté généreuse, à la miséricorde.

Pour Jésus, miséricorde et pardon sont plus importants que la justice.
Au sens de la Bible, la justice qui doit être comprise comme étant la droiture du coeur,
l’accomplissement des préceptes qui indiquent comment vivre droitement.
Non pas que Jésus enseigne que la droiture n’est pas importante.
Il a redit qu’il était venu pour accomplir la Règle de conduite donnée par Moïse:
tu ne voleras pas, tu ne tueras pas, tu respecteras père et mère…  (cf Ex 20,13ss)
Mais les Dix grandes Paroles de la Tora
–et à plus forte raison les 613 préceptes qui explicitent cette Règle de vie–
tout cela doit être vécu dans l’amour.
Paul résumera la pensée de Jésus:
L’accomplissement de la Tora c’est l’amour inconditionnel  (Rm 13,10).
Et quand ces préceptes viennent en contradiction avec l’amour du prochain,
il faut vivre la miséricorde, la bonté, avant même l’obéissance à la Règle.
Nous nous souvenons de la question de l’observance du repos du sabbat.
Chaque fois que se présente un malade qui a besoin d’être guéri,
Jésus transgresse le sabbat, désobéit à cette règle parce que l’amour veut guérir celui qui souffre.
Lorsque les pharisiens critiquent les apôtres,
parce qu’ils grignotent des épis de blé arrachés dans le champ, le jour du sabbat,
Jésus va dire avec force:
Vous n’auriez pas condamné ces hommes qui ne sont pas coupables
si vous aviez connu que c’est la miséricorde que Dieu veut… et non pas des offrandes
  (Mt 12,7).
Vous les scribes et les pharisiens, que vous êtes malheureux!
Vous vous acquittez de la dîme
mais vous avez laissé de côté le plus important de la Règle: la miséricorde
  (Mt 23,23).
Et Jésus va même jusqu’à faire cette affirmation surprenante:
Les voleurs et les prostituées entreront avant vous dans le règne de Dieu  (Mt 21,31).
Voilà une affirmation bien choquante dans la bouche d’un rabbi!
Pourquoi voleurs et prostituées entreront-ils près de Dieu avant les gens qui sont justes?
Parce que ceux qui se croient justes, et qui vivent en justes pratiquants de la Règle,
seront toujours tentés de croire que leur bonne conduite leur mérite  l’amour de Dieu.
Les voleurs et les prostituées ne peuvent pas se faire accroire cela.
Et à cause de cela, ils ne peuvent qu’ouvrir leur coeur et recevoir gratuitement  l’amour de Dieu.
Ils ne peuvent vouloir mériter  d’être aimés par Dieu.
D’ailleurs, on ne mérite jamais l’amour: pas plus celui de Dieu que celui des humains.
Vouloir mériter l’amour, c’est comme si on voulait l’acheter.
Souvent, hélas, certains parents pensent acheter l’amour de leurs enfants
en leur donnant des cadeaux.
Vouloir mériter l’amour, par des gestes d’amour, est sans doute plus noble,
mais tout aussi faux: car lorsqu’on veut mériter l’amour, on le tue.
L’amour ne peut être que donné et reçu librement et dans la pure gratuité.
Les contemporains de Jésus qui se pensent choisis par Dieu pour leur bonne conduite
–parce qu’ils prient et offrent des sacrifices–, qui pensent avoir des droits devant Dieu
–parce qu’ils sont membres du peuple choisi–,
ceux-là ne peuvent comprendre l’enseignement de Jésus,
lui qui prêche que Dieu fait briller son soleil sur les bons comme sur les méchants.
Si Dieu agit ainsi en offrant son amour à ceux qui sont mauvais,
c’est parce qu’il est le Dieu de la vie. Il n’est pas le Dieu du jugement.
Il n’a en tête que de pardonner, de redonner la vie à ceux qui sont morts spirituellement.
C’est cette incompréhension du Dieu de Jésus –qui n’est qu’Amour et pardon–
qui poussera l’élite religieuse à rejeter Jésus et à le poursuivre
jusqu’à ce que lui et son enseignement soient condamnés.
Lui, Jésus, n’aura pas d’autre réponse à ce rejet que de continuer à aimer de bonté,
à vivre ce refus sans haïr ceux qui le rejettent, à leur donner sa vie comme un geste de pardon.
Ce geste du don de soi-même est celui de la bonté qui nous sauve.
Gandhi disait: «La violence de ton ennemi doit fondre au feu de ton amour».
Voilà ce que Jésus a voulu être: témoin jusqu’au bout de l’amour qui seul sauve notre âme.

Mais il est écrit que le Messie souffrirait,
qu’il ressusciterait d’entre les morts au troisième jour

Pour tenter d’expliquer cette attitude, cette démarche du don de soi jusqu’au don de sa vie,
Jésus va trouver la lumière dans les Écrits bibliques:
il va faire revivre pour les disciples les textes sur la miséricorde de Dieu.
Déjà, il avait emmené Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne,
comme pour une sorte de retraite fermée:
et là il avait été transfiguré devant eux, alors qu’il conversait avec Moïse et Élie.
Et de quoi parlaient-ils? De son départ (c’est-à-dire de sa mort) qui allait s’accomplir à Jérusalem.
Or Moïse et Élie ont tous les deux fait l’expérience, sur le Sinaï,
que Dieu n’est que miséricorde (cf Ex 34,6).
Sur le chemin d’Emmaüs, c’est la même leçon qui est donnée aux deux disciples
et qui rend leur coeur tout brûlant:
Coeurs lents à croire! Ne fallait-il pas que le Messie souffre
pour être transfiguré par l’amour, ressuscité par l’amour?
  (Lc 24,25-26).
C’est que ce sens de la mort par amour ne se comprend pas d’abord par l’intelligence de la raison,
mais par l’intelligence du coeur.
Le coeur, dans son sens biblique, qui décrit le lieu le plus intime de la personne:
là où se prennent les décisions les plus profondes qui engagent la vie.
Pour comprendre pourquoi Jésus a dû passer par la mort pour entrer dans la plénitude de Dieu,
il faut soi-même entrer dans la pratique concrète de l’amour et du pardon.
Pour entrer dans le sens de la mort de Jésus,
il faut soi-même prendre le même chemin, vivre la même réalité.
On ne comprend bien l’amour inconditionnel qu’en aimant gratuitement.
Tout l’Évangile ne nous dit que cela.
Au soir de Pâques, Jésus veut faire re-surgir ses propres paroles
de la mémoire du coeur de ses disciples.
Les paroles qu’il a dites chaque fois qu’il a annoncé sa mort:
Il faut que le Fils de l’homme souffre et soit rejeté…
Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il prenne le chemin de la croix…
  (Luc 9,22-23)
Pour entrer dans le mystère de la mort de Jésus, il faut devenir humble et bon jusqu’au pardon.
Et nous retrouvons les mêmes incompréhensions des siens:
Ils ne comprenaient pas ces paroles.
Elles leur restaient voilées et ils ne savaient pas ce que Jésus voulait dire
  (Luc 9,45).
Et nous retrouvons la même discussion entre les disciples qui marque leur incompréhension:
Lequel d’entre nous est le plus grand?  (Luc 9,46)
Certes, le plus grand peut sans doute être capable d’agir avec justice, droiture envers les autres,
mais seul le petit, I’humble peut aimer gratuitement et pardonner sans blesser l’autre.
Il pardonnera en effet avec miséricorde et compassion,
et non avec condescendance ou selon une justice qui exige la réparation du fauteur.
Compatir, cela veut dire partager la souffrance de l’autre.
On ne peut compatir que si l’on est soi-même pauvre et sans puissance.
Le père Varillon le disait très bien:
«Celui qui ne souffre pas n’aide qu’à moitié celui qui souffre.
Chacun le sent confusément, redoutant, s’il est dans la peine,
de n’avoir d’autre secours que des voisins comblés.
Voisins peut-être mais ils ne sont pas proches.»

Et Gandhi disait: «L’amour est ce qu’il y a de plus fort au monde,
cependant on ne peut rien imaginer de plus humble.»

Voilà ce que Jésus ne cesse de vouloir faire comprendre,
aussi bien à ses disciples d’autrefois qu’à nous ses disciples d’aujourd’hui.
Seul celui, celle qui a conscience d’être vivant par l’amour de Dieu,
–de Dieu qui lui pardonne sans cesse ses faiblesses, ses manques d’amour–,
seul celui, celle qui a conscience d’être un « gracié »,
par la miséricordieuse bonté du Père, seul celui-là,
celle-là peut comprendre pourquoi Jésus a choisi de livrer sa vie.

Vous en êtes les témoins
De quoi les disciples seront-ils les témoins?
L’Évangile dit: témoins de la conversion et du pardon.
Qu’est-ce que la conversion?
Le mot veut dire: changer de direction.
Les sportifs du ski savent cela, eux qui font des « conversions »
pour changer de parcours à 180 degrés.
Pour Jésus, de quel changement de direction s’agit-il?
Ce ne peut pas être le changement qui s’opère dans celui qui passe de l’état
d’incroyant à l’état de quelqu’un qui découvre la foi.
En effet, à son époque, Jésus n’est entouré que de croyants.
Peut-être est-ce le changement de celui qui menait une vie sans morale, immorale,
et revient à une vie plus honnête.
Mais Jésus propose la conversion aux pharisiens
qui sont précisément des gens honnêtes, droits, justes.
Alors, pourquoi ne pas voir la conversion comme le changement majeur, selon Jésus,
qui est de passer d’une vision du Dieu de justice à une vision du Dieu de gratuité?
La justice, c’est l’équité: tu as bien agi, tu seras récompensé; tu as mal agi,
tu seras justement puni… On vous a dit oeil pour oeil…  (Ex 21,24)
Mais Jésus propose précisément une autre attitude: moi je vous dis de pardonner…  (cf Mt 5,44).
Jésus propose à ses disciples une autre justice, une autre droiture que celle de l’équité:
Si votre justice ne surpasse pas celle des pharisiens,
vous n’entrerez pas dans la paternité de Dieu
  (Mt 5,20).
La justice ne pardonne pas:
elle fait payer, elle fait acquitter la dette… par des réparations, des punitions.
La justice fait aussi mériter l’amour, la reconnaissance…
Au contraire, la gratuité, I’amour gratuit, la grâce, c’est donner sans compter
et par-donner jusqu’à 77 fois 7 fois, c’est-à-dire toujours.
Voilà la conversion nécessaire pour nous faire vivre le pardon.
Et c’est là le témoignage que les disciples de Jésus doivent donner.
Notre monde est un monde de compétition,
où chacun doit performer pour prendre sa place au soleil,
un monde où chacun revendique ses justes droits… un monde où tout se calcule et se mérite.
C’est souvent ce monde de compétition et de performance
qui suscite l’attitude suicidaire des jeunes,
peut-être parce qu’ils se sentent incapables de mériter l’estime des autres: parents, professeurs.
Mais notre monde connaît aussi beaucoup de gestes de gratuité et de pardon.
Des gestes de pardon héroïque
comme celui de ces parents qui pardonnent au jeune meurtrier de leur fille,
des pardons, plus cachés peut-être,
comme celui de cette femme qui accueille son mari vieux et malade,
alors qu’il l’avait abandonnée pour une autre depuis 20 ans.
Notre monde est aussi plein de gestes de bénévolat
et pas seulement accomplis par des gens de l’âge d’or. Il y a de nombreux jeunes
qui aident gratuitement des enfants en difficulté au plan scolaire.
Nous devrions davantage faire connaître ces gestes.
Comme témoins de Jésus, nous devons aussi vivre cette gratuité des relations.
Nos petits groupes chrétiens ne seraient-ils pas davantage prophétiques
s’ils étaient des lieux, des milieux de gratuité,
Ià où chacun est accepté sans condition, tel qu’il est, telle qu’elle est?
Oui, il y a une nécessité de ces petits groupes, de ces petites communautés.
Nous n’avons pas à témoigner que nous sommes devenus parfaits!
Ce serait hypocrisie et suffisance.
La phrase de Jésus:
Soyez parfaits comme votre Père est parfait
n’a pas le sens d’une perfection morale, d’une perfection de la conduite.
Luc l’a justement traduite:
Vous serez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Et bien cette miséricorde, nous la vivrons et nous en témoignerons grâce à l’Esprit:
Voici que moi j’envoie sur vous la promesse de mon Père.
Restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut.
  (v. 49)
On ne peut être disciple de Jésus sans accueillir son Esprit qui est sa présence parmi nous.
Et il est illusoire de croire qu’on peut être chrétien sans vivre de l’Esprit de Jésus.
Non parce qu’on aurait besoin d’un plus fort parce qu’on n’est qu’un pauvre pécheur.
Mais parce qu’on ne peut aimer l’autre que si –d’abord– on s’est laissé aimer.
Et la source de tout amour est Dieu, son Esprit.
Certes, il y a des gens incroyants qui sont animés par l’Esprit:
ils l’ont accueilli parce qu’ils ont accueilli l’amour à travers leur prochain.
Mais le disciple de Jésus a cette chance de connaître l’Esprit
qui veut l’inonder d’amour.
Il doit savoir se « préparer » le coeur à recevoir la force de cet amour.
Cette préparation a nom de prière.
Nous faisons trop souvent l’essentiel de notre prière à présenter des demandes.
Or la prière est un coeur à coeur où c’est le silence qui est l’essentiel:
Restez assis dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtu de la force d’en haut.
Le verbe suggère bien cette sorte de retraite silencieuse que les disciples ont faite
et que le livre des Actes raconte:
À leur retour, ils montèrent dans la chambre haute où ils se retrouvèrent.
Il y avait là: Pierre, Jean, Jacques et André; Philippe et Thomas; Barthélémy et Matthieu;
Jacques fils d’Alphée et Simon le zélote et Jude fils de Jacques.
Tous, unanimes, étaient assidus à la prière,
avec quelques femmes dont Marie la mère de Jésus
  (Ac 1,13-14).
Cette consigne de « demeurer dans la prière » vaut aussi pour nous.
C’est dans ce silence plein d’écoute et d’accueil
que la force divine de la miséricorde nous sera donnée.
Voilà le témoignage des disciples de Jésus, hier et aujourd’hui:
«être des sanctuaires de miséricorde»
parce qu’ils auront écouté, dans le silence, la Parole du Seigneur Jésus
que l’Esprit Saint aura fait revivre pour eux.

           Jésus, toi qui vis pour toujours de l’amour du Père,
tu me redis chaque matin: «Paix à toi!»
Guide-moi pour que se crée en moi
le silence intérieur qui aide à saisir ta bonté:
un silence rempli des seuls mots de la tendresse,
comme le faisait la petite Thérèse:
«Je ne lui dis rien, je l’aime!»

Georges Convert

 

»»» Questions

1. Quel est le symbolisme du chiffre 40?
2. Qu’est-ce qui est dit du messie dans la Tora et les autres Écrits?
3. Qu’est-ce que veut dire concrètement accomplir la Tora de Moïse, les Prophètes et les Psaumes?
4. Peut-on mériter l’amour de Dieu?
5. Quelle vision de Dieu soutenue par Jésus est-elle rejetée par les autorités religieuses juives?
6. Ouvrir l’intelligence à la compréhension des Écritures, qu’est-ce que cela signifie?
7. À quelle conversion Jésus appelle-t-il ses disciples?
8. De quoi les disciples sont-ils faits les témoins?
9. Quelle est cette force d’en haut que les disciples doivent attendre?
10. Comment vivre de miséricorde?

 

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