Évangile du dimanche 20 juin 2021

12e dimanche ordinaire (année B), selon l’écrit de Marc 4, 35-41

Du pain sur la table

35 En ce jour-là, le soir venu, [Jésus] leur dit : Traversons vers la rive opposée.

36 Ayant laissé la foule, ils l’emmenèrent avec eux dans la barque tel qu’il est
et il y a d’autres barques avec elle.

37 Survient un grand tourbillon de vent. Les vagues se jettent sur la barque
au point que déjà la barque se remplit.

38 Lui est à la poupe, sur le coussin: il dort. Ils le réveillent
et lui disent: Maître, tu ne te soucies pas que nous sommes perdus?

39 S’étant réveillé, il rabroue le vent et dit à la mer : Tais-toi! Silence!
Le vent s’apaise et il se fait un grand calme.

40 Il leur dit: Pourquoi êtes-vous terrifiés? N’avez-vous pas encore foi?

41 Ils sont pris d’une grande crainte et ils se disent les uns aux autres:
Qui donc est-il celui-ci? Même le vent et la mer lui obéissent!

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Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

L’évangéliste Marc place ce récit de la tempête apaisée à la fin du chapitre 4 où Jésus a enseigné en paraboles, entre autres celle du semeur, de la lampe et de la graine de moutarde. Puis il donne ce petit commentaire: Par de nombreuses paraboles de ce genre, il leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur parlait pas sans parabole, mais en particulier il expliquait tout à ses disciples (Mc 4,33-34). L’Humain dans sa rencontre avec le Divin passe par une phase d’adaptation afin de syntoniser le mieux possible cette longueur d’onde de communion.L’épisode d’aujourd’hui en est un autre exemple. Jésus initie donc ses disciples à entrer peu à peu dans le mystère du Royaume de Dieu. On pourrait dire que cet épisode de la tempête est comme une parabole en acte: comment celui qui met sa foi en Jésus peut-il vaincre les forces du mal? Jésus s’étonne tout de même devant la lenteur de ses auditeurs à bien saisir le sens de sa parole et de ses interventions: Vous ne comprenez pas cette parabole! Alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles? (Mc 4,13) Nous regarderons ce que peut signifier cette tempête et comment Jésus va la vaincre. Puis nous regarderons la réaction des disciples et nous tenterons de voir comment ce texte nous concerne aujourd’hui.

Ayant laissé la foule, ils l’emmènent avec eux dans la barque tel qu’il est Marc note souvent l’utilisation d’une barque durant les activités de Jésus.Il dit à ses disciples de tenir une barque prête pour lui à cause de la foule qui risquait de l’écraser (Mc 3,9). De même, quand Jésus nourrit cinq mille hommes au désert:Il obligea ses disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renvoyait la foule (Mc 6,45). Ici aussi, Jésus semble prendre ses distances avec la foule; il ne se laisse pas accaparer, il demeure libre dans l’exercice de son ministère. Ne l’avait-il pas formulé ainsi à Capharnaüm quand tout le monde le cherchait? Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j’y proclame aussi l’Évangile: car c’est pour cela que je suis sorti (Mc 1,38). Malgré le soir venu, il prend l’initiative de faire la traversée du lac de Tibériade sans se soucier de la température. Ses compagnons, dont certains sont des pêcheurs de métier, ont-ils appréhendé un certain risque? Il est vrai que ce lac est réputé pour connaître de terribles tempêtes.Le lac se situe à 208 mètres au-dessous du niveau de la grande mer Méditerranée. Il est entouré de petites montagnes sur trois de ses côtés. Quand la masse des eaux se trouvent soulevées aussi bien par les vents venus de la Méditerranée que par ceux qui soufflent du désert syrien, surgissent parfoisde violents courants d’air et des tourbillons subits, alors que le ciel est clair et serein. Ce qui devait arriver se produisit.

Survient un grand tourbillon de vent. Les vagues se jetaient sur la barque, au point que déjà la barque se remplissait.

Toute la scène est tragique: nous sommes dans la nuit et la barque est submergée par les eaux fortement agitées d’un vent violent. Les ‹ténèbres› envahissent la barque. C’est donc la panique chez les disciples! Mais pour bien saisir toute la portée dramatique de cette situation, il faut évoquer le symbolisme biblique de la mer. Remarquons que Marc utilise le mot mer aux versets 39 et 41 pour décrire la scène sur les eaux du lac de Tibériade. Dans la langue hébraïque, toute étendue d’eau reçoit la même appellation: que ce soit un lac ou une mer. Aussi, pour désigner ce lieu, l’on parle indifféremment du lac de Tibériade, du lac de Capharnaüm ou de la mer de Galilée. Mais il y a surtout les mythes anciens, les récits de la création du monde. On y voit les débuts de l’univers comme un grand chaos: les eaux tumultueuses submergent tout. La création est décrite comme la lutte des dieux contre les dragons qui sont issus des fosses marines. On retrouve trace de cette idée dans le premier livre biblique: la Genèse. La terre était alors informe et vide. Les ténèbres couvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux (Gn 1,2). La mer symbolise donc le lieu des forces du mal et de la mort. On retrouve cela aussi dans le livre du prophète Daniel.J’ai contemplé des visions dans la nuit. Voici: les quatre vents du ciel soulevaient la grande mer; quatre bêtes énormes sortirent de la mer toutes différentes entre elles. La première était pareille à un lion avec des ailes d’aigle. … Voici: une deuxième bête, toute autre, semblable à un ours, … Je vis un autre animal semblable à un léopard avec quatre ailes d’oiseaux et quatre têtes. Je vis surgir une quatrième bête, effrayante, terrifiante…elle avait d’énormes dents de fer (Dn 7,2-7). Dans l’imaginaire populaire, toute aventure sur les abîmes de la mer provoquait angoisse et peur. L’un des noms sanscrits de l’océan est ‹la source de la mort›. Le psaume 107 (23-30) se sert aussi de ces images pour décrire ceux que l’Éternel va délivrer, qu’il va sauver de la main des oppresseurs. D’autres s’étaient embarqués sur la mer… Là ils ont vu ce que fait l’Éternel et ses miracles sur la haute mer. D’une parole, il fit lever une tempête et les flots de la mer se soulevèrent. Tantôt ils étaient portés jusqu’au ciel, tantôt ils retombaient dans les abîmes. Ils étaient saisis d’effroi et d’angoisse. Et ils criaient vers le Seigneur dans la détresse, de leur angoisse il les a délivrés. Il réduisit la tempête au silence, et il apaisa la furie des vagues. Ce calme fut pour eux cause de joie et Dieu les guida au port désiré. Enfin le livre de l’Apocalypse qui clôt la Bible comporte cette vision du jugement final: La mer avait rendu ses naufragés, la mort et le royaume des morts avaient rendu ceux qu’ils détenaient. Tous furent jugés, chacun conformément à ses actes. Puis la mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu. … Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n’existait plus (Ap 20,13-14; 21,1). On le voit: la grande aventure de la lutte entre les forces divines et celles du Mal aboutira à la destruction des forces du mal, symbolisées par les profondeurs abyssales des mers. Le combat que Jésus va livrer aux forces déchaînées du vent et des flots va être décrit de la même manière que le combat contre les esprits mauvais: Il menaça le vent et dit à la mer: «Silence! Tais-toi!» Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Au premier chapitre de Marc (1,25), dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus guérira un homme qui est possédé d’un démon par ces mots: D’un ton sévère Jésus lui ordonna: «Tais toi! Et sors de cet homme!»  Il faut donc lire le récit de la tempête comme une parabole en acte: l’Esprit divin, en l’être humain, est la force qui peut vaincre les forces du mal et c’est là la foi que Jésus voudra renforcer dans ses disciples.

Et lui, à la poupe, sur le coussin, dormait. Jésus occupe, dans la barque, la place qui est ordinairement celle du timonier et que l’on offrait aux invités. Ce siège, à l’arrière, comportait un coussin. Le mot grec suggère que Jésus l’avait mis sous sa tête. Que se passe-t-il dans la tête de Jésus pour s’endormir en pareille situation? On peut penser que la journée d’enseignement a été rude. Mais il faut sans doute chercher d’autres raisons, moins psychologiques et plus théologiques.La scène nous rappelle une attitude semblable chez Jonas: Jonas descendit à Joppé et trouva un vaisseau à destination de Tarsis, il paya son passage et s’embarqua pour se rendre avec eux àTarsis, loin du Seigneur. Mais le Seigneur lança sur la mer un vent violent, et il y eut grande tempête sur la mer au point que le vaisseau menaçait de se briser. Les matelots prirent peur; ils crièrent chacun vers son dieu, et, pour s’alléger, jetèrent à la mer la cargaison. Jonas cependant était descendu au fond du bateau,il s’était couché et donnait profondément. Le chef de l’équipage s’approcha de lui et lui dit: «Qu’as-tu à dormir? Lève-toi, crie vers ton Dieu! Peut-être Dieu songera-t-il à nous et nous ne périrons pas?» (Jon 1,3-6). La suite du récit ajoute que Jonas, après un tirage au sort, a été jeté à la mer pour apaiser la tempête. Un grand poisson engloutit Jonas. Il demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits (Jon 2,1-2). Le sommeil de Jésus pendant la tempêten’est-il pas une allusion à sa mise au tombeau durant trois jours? On se souviendra en effet que les récits évangéliques font le rapprochement entre Jésus et Jonas (Mt 12,39-40). De même que Jonas fut dans le ventre du monstre marin pendant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. À travers la tempête sur le lac, les récits évangéliques ne font-ils pas allusion à la grande tempête qui sera celle du Vendredi saint: ce jour-là, Jésus paraissait bien endormi dans la mort, vaincu par elle, et les apôtres étaient aussi comme des morts, tant leur foi s’était effondrée. Le sommeil de Jésus peut donc évoquer sa mort. Dans la Bible, il est fréquent que cette image du sommeil évoque la mort: Illumine mes yeux, que dans la mort je ne m’endorme, dit le psaume 13,4. Citons aussi le livre de Daniel (12,2): Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront. Mais le sommeil évoque aussi l’absence de Dieu ou son indifférence apparente aux malheurs humains. C’est très souvent que le psalmiste crie vers son Dieu: Lève-toi, Seigneur! Pourquoi dors-tu? Réveille-toi! (Ps 44,24). Notre récit d’aujourd’hui peut donc évoquer le désarroi des disciples tout autant lors de la croix que face à l’actuelle absence de Jésus? L’angoisse et la peur n’ont-elles pas entraîné chez eux la fuite, l’abandon, le reniement de Pierre et le suicide de Judas? L’Église de Rome, du temps de Marc, vit aussi la dure épreuve de la persécution. Comme les disciples dans la barque, les chrétiens de Rome sont prisonniers de la peur.Pour eux aussi le Christ semble dormir. Encore aujourd’hui dans notre société nous éprouvons le sommeil du Christ et la mort de Dieu. Nous ressentons fortement son absence et une grande indifférence des gens… Ne se fait-on pas illusion sur sa ‹présence invisible› en notre monde? Si Dieu est agissant dans nos vies, pourquoi tant de jeunes québécois se suicident? Pourquoi la vie a-t-elle perdu tellement de son sens? Pourquoi une maman toute dévouée à sa famille termine-t-elle son existence dans les douleurs d’un cancer? Pourquoi la personne de Jésus Christ n’inspire-t-elle pas plus de confiance? Dominic Champagne, jeune dramaturge et auteur de “Cabaret Neiges Noires”,nous partage ses sentiments devant la perte subite d’un grand ami tué dans un grave accident: Ses réflexions ne sont-elles pas l’écho de bien du monde? «Cela a été un moment de révolte dont je ne suis jamais tout à fait remis. Je n’ai pas accepté que Dieu joue aux dés avec la vie à ce point-là!  Est-ce que c’est une façon de reconnaître Dieu que de lui en vouloir autant? Chose certaine, c’est que j’ai alors découvert, ou reconnu, chez les existentialistes –chez Becket et chez Camus, entre autres– un plus grand soulagement que je pouvais en trouver dans les Évangiles: c’est-à-dire de reconnaître cette espèce de vide ou d’insignifiance comme un lieu confortable où habiter. Je me suis fait une espèce de bonheur tranquille dans la désillusion. Je pense pourtant qu’à un moment donné il y a un besoin de croire qui se fait jour au-delà de la solitude. Je sens que je vis dans une société où les gens sont extrêmement seuls, sont paralysés par l’angoisse de vivre, sont habités par la conviction qu’il n’y a rien à faire. Mais je sens très fort qu’on entretient un rapport, consciemment ou pas, avec quelque chose qui nous dépasse. On ne peut pas être que nous-même, aussi petit que soi-même. Il y a besoin d’être plus grand que soi-même. Et cela, on ne peut l’être seul» (Revue Nouveau Dialogue #115, mai-juin 97, p. 18).

Ils le réveillent et lui disent. «Maître, cela ne te fait rien que nous périssions?» Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer. «Silence! tais-toi!» Le vent tomba, et il se fit un grand calme.Jésus leur dit. «Pourquoi avez-vous si peur? Vous n’avez pas encore la foi?»

Dans une autre circonstance, l’évangéliste Jean reprend ces deux mots: peur et foi. Que votre cœur ne se trouble pas: vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre (Jn 14,1.27). La mer agitée, l’abime ténébreux, les quatre bêtes énormes issues de la mer peuvent être aussi des figures pour traduire chez l’être humain son angoisse suscitée par la fragilité de son existence, la misère, la solitude, la maladie, les guerres et les massacres, l’exclusion, la mort et le vertige de son néant… Toute cette description biblique des ténèbres de la mer traduit le désarroi de l’âme humaine. Eugen Drewermann apporte une réflexion éclairante sur cet enjeu important: «Le seul et unique problème est de savoir comment nous nous comportons face à la peur, donc de décider de la façon dont nous endossons notre nature d’être spirituel: en ferons-nous un signe de malédiction? Exténués de travail, nous nous montrons incapables de retrouver par nous-mêmes une porte nous ouvrant l’accès à la confiance dont nous aurions besoin pour fonder notre être. En ferons-nous un titre de fierté? Cela suppose que nous ayons échappé à la dynamique de la peur en acceptant de remettre notre destin entre des mains auxquelles nous devons nous croire redevables de notre existence. Quand se déchaîne la ‹tempête› sur le ‹lac›, avec quel calme réussissons-nous à ‹dormir› ou à apaiser d’un mot de confiance le ‹vent› et les ‹vagues›? TELLE EST LA QUESTION ESSENTIELLE DE TOUTE NOTRE VIE. Notre façon de répondre, ou plus exactement de nous laisser répondre, indique si nous avons osé prendre en main notre liberté et vivre pleinement notre humanité, ou si nous sombrons en nous-mêmes» (L’Évangile de Marc, Cerf, p 39-40). Grâce à sa liberté, l’être humain, conscient du caractère tragique de la vie, peut-il faire des choix et prendre des décisions qui l’éloignent de la peur et lui permettent de grandir en humanité? L’être humain a la possibilité de vaincre la peur grâce à sa liberté de baser sa lutte sur l’amour, c’est-à-dire sur une collaboration avec un Autre que lui-même, avec un Plus fort que lui, parce que plus aimant que lui. Citons encore Eugen Drewermann: «Grâce à la personne de Jésus, la foi vient l’emporter sur la peur [qui est] présente à l’arrière plan de toutes les maladies, ‹possessions› et défaillances, une foi qui permet à l’homme de redécouvrir en Dieu un pèreet, par là, de retrouver le chemin de son être profond, parce que, sans aucun mérite de sa part, lui est fait de nouveau ce don merveilleux et gratuit du sentiment d’être autorisé à vivre, d’être justifié…. À partir d’un certain moment, la rencontre de Jésus conduit à choisir entre la peur et la foi, entre le désespoir et l’espérance …» (L’Évangile de Marc, p.35-36, Cerf). Sans doute que les disciples furent privilégiés d’avoir pu accompagner Jésus dans son ministère. Ils furent témoins de sa bonté envers les petits, de sa puissance de guérison à l’égard des malades et de sa compassion lors de la multiplication des pains. lls devaient se sentir forts et bons en sa présence. Maintenant à cause de son absence, ils doivent faire l’apprentissage de savoir passer à travers les tempêtes en ayant foi en sa Parole de Vie. «Ce qui est reproché aux disciples ce n’est pas d’avoir réveillé Jésus ni d’avoir crié vers lui, mais c’est leur manque de foi qui s’est manifesté par leur refus angoissé de toute tempête»(Écouter la Bible #16, Évangile selon Marc, p. 90 D.D.B.). Non seulement les disciples manquent-ils de confiance en Jésus endormi, mais bien plus ils manqueront de confiance en la force de la croix pour les sauver. Paul Lamarche le souligne bien: «Suivre le Christ avec foi dans la tempête, que ce soit hier ou aujourd’hui, c’est toujours le suivre à travers sa mort et sa résurrection» (Assemblée du Seigneur #43, p.53, Cerf). Nos réactions spontanées devant la croix sont comme celle de Pierrelorsque Jésus lui annonce sa passion: Pierre, tirant à part [Jésus], se mit à le réprimander. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre; il lui dit: «Retire-toi! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celle des hommes» (Mc 8,32-33). Le salut par la croix ne supprime pas les épreuves. Comme le disait Paul Claudel, Jésus n’est pas venu supprimer la souffrance, mais l’habiter de sa présence. Les épreuves de l’existence, dans toute vie humaine, devraient nous enraciner davantage dans une communion divine. Mais, comme le déplore Jésus, nous manquons de foi: «Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur» (Mc 6,50). C’est par l’amour divin –un amour qui tiendra jusqu’au bout, jusqu’à la mort– c’est par cette force de l’amour que l’humain peut sauver son âme, sa vie d’éternité. Dieu est là pour nous donner cet amour… même à travers son absence apparente. Si nous ne le voyons pas à nos côtés, c’est peut-être qu’il nous porte sur ses épaules! Heureusement que le Christ garde silence, qu’il dort dans la barque, qu’il est mis au tombeau durant trois jours…L’être humain a besoin de temps pour se retrouver intérieurement! Son silence, son sommeil, son absence creusent en l’être humain une zone d’interrogation: Par la foi entrerons-nous en communion divine? La référence à Jésus absent, mais présent par sa Parole Vivante, nous amène à faire des choix libres d’amour malgré les tempêtes et les épreuves de tout genre. L’apôtre Paul dans sa mission l’a expérimenté durement. Il nous transmet son courage d’être:Le Seigneur m’a déclaré.« Ma grâce te suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ».Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. Donc je me complais dans les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les angoisses pour le Christ! Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort (2Co 12,9-10). Nous ne sommes pas au même niveau d’engagement envers Jésus que l’apôtre Paul, mais, petit à petit, nous pouvons apprendre à développer un nouveau mode de vie avec ce Quelqu’un d’Invisible. Dieu notre Père, c’est étonnant! Aujourd’hui, je Te découvre autrement. Dans le passé, j’imaginais Te rencontrer quand tout irait bien. J’idéalisais ta venue… et souvent j’étais déçu. On me disait: «Où est-il ton Dieu?»  Aujourd’hui, Tu es présent autrement: ta discrétion respecte ma liberté et m’invite à m’impliquer moi-même. À la lumière de ton Évangile, j’essaie de comprendre les personnes, je ne fuis pas la dureté de l’événement, j’essaie d’être disponible à ton Souffle de vie pour le bien de mes frères et de mes sœurs. Oui, mon Dieu, donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaitre la différence.(G. Convert, Prière quotidienne en église, p. 135, Médiaspaul).

Notre récit évangélique se termine par cette question: « Qui est-il donc Celui-là? » N’est-il pas celui qui nous initie à vivre de communion divine, à lutter contre toute forme de peur, à créer des solidarités pour être des femmes et des hommes debout dans leur dignité? Ne dit-il pas à la fille de Jaïros et à chacun d’entre nous:«Réveille-toi!» (Mc 5,41).

Georges Convert

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