Évangile du dimanche 22 mai 2022

Évangile du 6e dimanche de Pâques (année C), selon l’écrit de Jean (14, 22-29)

Du pain sur la table

22 Jude dit à Jésus:
Seigneur, pourquoi se fait-il que tu doives te manifester à nous
et non au monde?

23 Jésus lui répond:
Si quelqu’un m’aime d’amour gratuit,
il gardera et accomplira ma parole,
mon Père l’aimera d’amour gratuit
et nous viendrons à lui
et nous ferons demeure chez lui.

24 Celui qui ne m’aime pas d’amour gratuit
ne garde pas et n’accomplit pas ma parole.
La parole que vous écoutez n’est pas la mienne
mais celle du Père qui m’a envoyé.

25 Je vous ai dit cela,
pendant que je demeure auprès de vous.

26 Le Paraclet –l’Esprit de sainteté– que le Père enverra en mon nom,
lui vous enseignera tout
et vous fera faire mémoire de tout ce que je vous ai dit.

27 Je vous laisse la paix,
je vous donne la paix qui est la mienne.
Ce n’est pas comme le monde donne que, moi, je vous donne.
Que votre coeur ne soit pas troublé et qu’il n’ait pas peur.

28 Vous avez écouté ce que je vous ai dit:
Je m’en vais et je viens vers vous.
Si vous m’aimiez d’amour gratuit
vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père
car le Père est plus grand que moi.

29 Maintenant je vous ai parlé
avant que cela arrive pour que vous ayez foi quand cela arrivera.

Fichier .pdf

Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

Nous sommes dans les chapitres de Jean qui relatent l’entretien suprême de Jésus avec ses apôtres,
lors du dernier repas, après le geste si fort du lavement des pieds.
Il faut écouter ces phrases dans le contexte où elles ont pu être prononcées:
celui des adieux de Jésus à ses compagnons, aux disciples dont il avait fait ses amis.
Nous assistons à un entretien fidèle à la coutume des repas sacrés, comme celui de la Pâque,
où le maître de maison répond aux questions du plus jeune des convives.
Ici ce sont, à tour de rôle, Pierre, Thomas, Philippe et Jude qui vont interroger le maître.
À la parole de Jésus: Là où je vais vous ne pouvez venir,
Simon-Pierre fait la première demande: Où vas-tu?  (Jn 13,36).
Ce qui permet à Jésus à la fois d’annoncer à Pierre qu’il manquera de courage pour le suivre,
mais aussi d’annoncer qu’il viendra prendre avec lui
ceux qui auront pris, comme lui, le chemin du Père (Jn 14,4).
Thomas renchérit: Seigneur, nous ne savons pas où tu vas.
Comment pourrions-nous en connaître le chemin?
  (14,5)
Jésus lui fait alors cette réponse unique: Je suis le chemin, la vérité et la vie.
Il est celui par qui on va au Père. Philippe se fait suppliant:
Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit  (Jn 14,8).
La réponse revient, semblable, mais encore plus explicite: Qui m’a vu, a vu le Père.
Encore un peu le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez.

Jude alors pose la question à laquelle notre texte va apporter une réponse:
Seigneur, pourquoi se fait-il que tu doives te manifester
à nous et non au monde?
  (v 22).

Pour comprendre la question de Jude et apprécier la réponse de Jésus,
il nous faut nous interroger sur le style de manifestation
que ses disciples pouvaient attendre du messie.
Les Écrits bibliques décrivent souvent la venue du messie.
Citons simplement Isaïe:
Debout! Resplendis! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire du Seigneur-Dieu.
Les nations marcheront à ta lumière.
Les fils de l’étranger rebâtiront tes remparts, et leurs rois te serviront.
Car la nation et le royaume qui ne te servent pas périront, et les nations seront exterminées.
Ils s’approcheront de toi, humblement, les fils de tes oppresseurs,
ils se prosterneront à tes pieds, tous ceux qui te méprisaient
  (Is 60,1.3.10.12.14)
On le voit: la venue du messie était espérée comme une victoire du peuple de Dieu
qui devenait le centre du monde et rassemblait autour de lui tous les peuples.
De là probablement l’incompréhension de Jude
lorsque Jésus parle de sa manifestation à ses disciples et non au monde.
C’est que Jésus se situe sur un tout autre plan: celui de l’amour.
Sa manifestation sera de l’ordre de la rencontre intérieure, spirituelle, amoureuse.
Plus intime à moi-même que moi-même, dira saint Augustin.
Jésus parle de faire sa demeure dans le coeur de son disciple,
dans le coeur de celui qui garde sa parole.
Garder la parole de l’aimé, n’est-ce pas le propre de l’amant?
De celui qu’on aime passionnément, on garde jalousement les paroles.
On se les remémore, on se les redit lorsqu’on est éloigné, séparé.
Pour la Bible, garder les paroles ce n’est pas seulement les garder en archives,
c’est aussi les mettre en pratique pour faire re-vivre les moments de communion avec l’aimé.
Mais faire revivre les paroles de Jésus, c’est aussi communier au Père
puisque, dit Jésus, les paroles que vous écoutez ne sont pas de moi
mais du Père qui m’a envoyé
  (v 24).
La présence de Jésus dans le coeur de son disciple est donc aussi présence du Père:
nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure  (v 23).

Le Paraclet –l’Esprit de sainteté– que le Père enverra en mon nom,
lui vous enseignera tout,
et vous fera faire mémoire de tout ce que je vous ai dit.

Ici, l’Esprit est surnommé le Paraclet.
Un nom un peu étrange à nos oreilles.
Mais c’est un nom commun dans la langue juive.
Il désigne «la personne qui se tient à côté de vous» pour vous apporter un soutien, une aide:
cela peut être un «avocat» qui est à vos côtés pour prendre votre défense.
C’est pourquoi on traduit souvent paraclet  par défenseur.
Les tribunaux juifs connaissaient un personnage que nous n’avons plus de nos jours.
Dans un procès, lorsque le verdict était rendu,
il pouvait arriver
qu’un homme de réputation incontestée vienne silencieusement se placer à côté de  l’accusé,
ou pour mieux dire: du côté de  l’accusé.
Cette personne jouait alors le rôle de paraclet
et son témoignage muet confondait les accusateurs.
On se souvient du rôle de Jésus dans le récit de la femme adultère.
Jésus ne parle pas, mais il se tient du côté de cette femme face à ses accusateurs.
Mais il y avait d’autres sortes de paraclet. Ce mot désignait aussi un autre
personnage: celui qui joue le rôle d’interprète, à la synagogue.
À la synagogue (la maison de prière des Juifs), les lectures des prophètes se font en hébreu
qui est la langue de la Bible.
Au temps de Jésus, les gens ne comprenaient plus beaucoup l’hébreu
car on parlait araméen: une langue voisine, proche de l’hébreu;
un peu comme I’italien, l’espagnol ou le français sont proches du latin.
À la synagogue, il fallait donc traduire les lectures des prophètes.
Ainsi à coté du lecteur se tenait quelqu’un qu’on appelait le paraclet.
Il traduit et interprète les textes pour mieux les faire comprendre aux fidèles.
C’est peut-être ce personnage du paraclet-interprète qui va servir à Jésus
pour dire le rôle de Celui que le Père enverra en son nom.
Se souvenir, ici, ne signifie pas seulement se rappeler quelque chose qui est du passé.
Dans la Bible, faire mémoire,  c’est au contraire rendre présent  un événement passé.
Jésus vient de dire: Celui qui m’aime gardera ma parole.
Et nous avons vu que garder la Parole, ce n’est pas la mettre au rayon des archives
mais c’est la vivre, la mettre en pratique, l’accomplir.
Lorsque Jésus ne sera plus au milieu des siens,
il redira ses paroles au coeur de ses disciples par l’Esprit-Paraclet.
C’est l’Esprit même de Jésus qui viendra aider son disciple
à mettre en pratique l’Évangile, qui viendra aider à vivre selon les moeurs de Dieu.
C’est avec l’Esprit que le disciple va «penser et agir divinement».
En d’autres occasions, Jésus a dit que le Paraclet fera accéder à la pleine vérité.
Jésus était déjà lui-même un Paraclet, un interprète: il a interprété les paroles du Père:
il est le chemin, la vérité. Mais quand il ne sera plus là,
il promet d’envoyer un autre Paraclet qui sera avec nous pour toujours.

Un interprète de la pensée de Dieu et de Jésus est précieux pour nous aujourd’hui.
Nous sommes plus que jamais affrontés à de graves interrogations:
par exemple sur le plan de la morale de la vie, ce qu’on appelle la bioéthique.
Cela concerne la contraception, I’avortement, le suicide assisté,
I’euthanasie, les bébés-éprouvettes et le clonage.
Il n’y a pas d’unanimité dans les populations sur ces sujets.
Pour certains de ces problèmes, même entre chrétiens, il y a des opinions différentes.
Faisons-nous assez appel à l’Esprit, au Paraclet pour nous mener vers une plus grande vérité?
Dieu nous a parlé par Jésus:
mais nous n’avons pas encore découvert tout ce que sa parole peut nous dire.
Un autre exemple: nous ne sommes plus dans une société monolithique,
c’est-à-dire une société unanime sur le plan des valeurs,
un monde où tout le monde pense de la même façon.
Aujourd’hui, surtout dans les grandes villes,
il y a un grand pluralisme, une grande diversité de races, de religions…
Ainsi l’immigration amène chaque année dans la grande région de Montréal 40 000 personnes:
parmi eux il y a des chrétiens sans doute,
mais aussi des musulmans, des bouddhistes, des incroyants.
Ces gens ont des sensibilités diverses en ce qui concerne les valeurs morales.
De plus en plus un dialogue est nécessaire:
pour se comprendre d’abord mais aussi pour s’enrichir mutuellement.
Et il nous faut demander l’aide du Paraclet dans ces dialogues.
Lacordaire a une très belle réflexion sur ce sujet.
Citons-le de mémoire:
«Quand je rencontre quelqu’un qui ne partage pas mon opinion,
je ne cherche pas tant à le convaincre de son erreur
qu’à ce que nous marchions ensemble vers une vérité plus grande.»

Pour vivre cette phrase de Lacordaire,
il faut croire que l’autre, quelque soit sa religion, sa croyance, voire son incroyance,
croire que cet autre est habité par l’Esprit divin.
Dans tout être de bonne volonté, il y a une présence de Dieu.
Le Christ et son Esprit sont là, en tout humain,
mais d’une façon qui souvent nous est cachée, car intérieure.
Il nous faut donc découvrir la présence de l’Esprit en l’autre
et ensemble nous aurons à faire grandir cette présence.
Cela suppose une attitude de contemplation:
un regard généreux, gratuit… qui cherche en priorité ce qui est beau et bon en l’autre.
On pourrait dire que contempler, c’est se mettre sur la longueur d’onde de l’Esprit.
Or c’est Dieu qui peut nous placer sur sa longueur d’onde.
C’est Lui qui vient vers nous, pour faire sa demeure en nous:
il faut donc ouvrir notre coeur à l’Esprit-Paraclet.
Et pour cela il faut se donner des temps de silence,
demander l’aide de l’Esprit, lire l’Évangile et le méditer.

Je vous donne ma paix. Je vous donne la paix qui est la mienne.
Nous savons que la façon juive de se saluer, c’est de se souhaiter la paix.
En langue juive, cela se dit: Shalom.  Paix à toi! La paix soit avec toi!
Dans la langue française, on se dit: Bon jour!
Que ta journée soit bonne! La paix!
Que signifie ce mot dans la langue de Jésus?
Il évoque ce qui est complet, ce qui fait unité.
On connaît le psaume 121-122 qui parle de Jérusalem;
Salem  viendrait de shalom;  selon l’étymologie populaire, Jérusalem voudrait dire: cité de la paix.
Nos pieds s’arrêtent devant tes portes, Jérusalem.
Jérusalem, bâtie comme une ville où tout ensemble ne fait qu’un
  (Ps 122,2-3).
Des expressions juives traduisent bien cette idée que la paix est l’unité, la concorde, I’harmonie:
par exemple, I’ami se dit: I’homme de ma paix;
achever une maison, mettre le toit qui va faire l’unité des murs, se dit: pacifier la maison.
Cette image juive de la paix est très belle et très inspirante.
L’étymologie du mot français, paix, pax  en latin, est incertaine:
certains disent que cela vient du mot pal,  un pieu.
On sait que, pour délimiter les terrains, on plante des pieux, on les fiche en terre…
Plusieurs pieux fichés en terre forment une pal-issade.
Est-ce là l’origine de l’expression: ficher la paix à quelqu’un?
Cela pourrait vouloir dire qu’on met une clôture, une palissade, entre sa terre et la mienne:
chacun chez soi et on sera tranquille, on ne se chamaillera pas.
Comme dit le proverbe: «Les bonnes clôtures font les bons voisins.»
On voit que cette paix est loin d’évoquer l’unité, I’harmonie.
Mais revenons à Jésus: Je vous donne la paix…
Jésus nous dit son désir, son projet de travailler à faire l’unité.
N’oublions pas que faire la paix, apporter la paix,
c’est la tâche première du messie que les Juifs attendent.
Je me souviens avoir posé autrefois à un Juif cette question:
Pourquoi les Juifs ne reconnaissent pas Jésus comme Messie?
Et il m’a répondu: Parce que Jésus n’a pas apporté la paix.
C’est bien vrai:
moins de 40 ans après la mort de Jésus, les Romains détruiront complètement la ville de Jérusalem
parce que les Juifs se seront révoltés.
Voilà 2000 ans que Jésus est venu… et les guerres continuent toujours.
Jésus dit que la paix qu’il apporte, il ne l’apporte pas à la façon du monde.
Comment comprendre cela? Le monde croit pouvoir apporter la paix par la force:
on règle plus souvent les conflits par la guerre, plus par la domination que par le dialogue.
Les traités de paix sont –le plus souvent– signés après des guerres qui font de nombreuses victimes.
Face aux conflits qui sont inévitables dans le monde,
Jésus ne croit pas aux moyens qui sont ceux des pouvoirs politique ou économique.
Cela ne va pas au coeur des choses.
Des structures justes ne forment pas automatiquement des humains qui deviennent justes.
Si la paix ne se bâtit pas sur des êtres vraiment convertis à la justice et à la solidarité,
la paix ne durera pas.
Pour Jésus, la paix demande d’aller même plus loin que la justice:
pour lui, la seule puissance de paix est celle de l’amour.
Or l’amour ne s’impose pas:
il se propose, dans un dialogue qui en appelle à la liberté de l’autre: si tu veux!
Rappelons cette phrase du philosophe Jean Lacroix:
«Aimer, c’est promettre et se promettre de ne jamais utiliser les moyens de violence
et de puissance envers celui, celle qu’on aime.»

L’amour se conjugue avec l’humilité.
«Je ne suis pas parfait, mais ensemble nous pouvons nous entraider et grandir.»
Les gens qui se pensent forts
et qui manifestent leur puissance ne peuvent pas vraiment aider les autres:
car ils sont peut-être admirables, mais ils ne sont pas proches.
Il ne s’agit pas de vaincre l’autre.
Il s’agit de chercher avec l’autre le chemin de l’entente, le chemin d’une plus grande justice.
«Marcher ensemble vers une vérité plus grande», disait Lacordaire.
Certaines fois, cette marche ensemble est impossible.
Cette recherche de la concorde est refusée. Jésus a vécu cela…
il a été rejeté par les dirigeants de son peuple.
Mais sa volonté d’aimer n’a pas été entamée:
il a préféré s’exposer lui-même en livrant sa vie dans un acte d’amour
plutôt que de prendre des moyens de puissance et de violence pour vaincre ses opposants.
Une victoire qui s’impose par la force est sans lendemain de paix durable.
Qui prend l’épée périra par l’épée,  dit Jésus à ses disciples.
Toute la passion de Jésus, I’acceptation volontaire de la mort n’a de sens
que si nous y voyons un geste de pardon, de pardon d’amour.
C’est dans cette mort d’amour sur la croix que Jésus est vraiment la source de la paix.

Oui, la paix donnée par Jésus est proche du pardon.
Mais voici que cette mission d’être porteur de paix par le pardon est une mission
que Jésus va confier à tous ses disciples.
Nous connaissons ce moment de rencontre de Jésus
avec les disciples au soir de la résurrection.
Le soir de ce premier jour de la semaine,
alors que les portes sont verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus se tient au milieu de ses disciples: «Paix à vous!»
En voyant le Seigneur, les disciples sont tout à la joie.
«La paix soit avec vous! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.»
Ayant dit cela, il insuffle son soufle en eux en disant:
«Recevez mon souffle de sainteté.
Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis.
Ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus»
  (Jn 20,19-23).
Que signifie ce geste de Jésus?
Nous savons que dans plusieurs langues (en hébreu, en grec, en latin)
le souffle et l’esprit, c’est le même mot.
En hébreu, c’est rouah , en grec pneuma,  en latin, c’est spiritus.
Le grec pneuma  a donné en français poumon, pneumatique.
On pourrait dire que le sens propre du mot rouah  c’est le souffle, le vent
et que le sens figuré c’est l’esprit.
Le latin spiritus  a donné esprit mais aussi inspirer, expirer.
Au sens propre, inspirer  c’est s’ouvrir au souffle, le faire entrer dans nos poumons.
Au sens figuré, être inspiré par quelqu’un  signifie s’ouvrir à la pensée, à l’esprit d’un autre.
Au soir de la résurrection, Jésus va inspirer ses disciples.
On traduit souvent: il souffle sur eux.
Mais le verbe employé dit: il insuffle en eux.
Comme on le fait quand quelqu’un ne respire plus.
Par le bouche à bouche, on lui insuffle notre propre souffle pour lui redonner du souffle.
Jésus fait entrer en ses disciples une force de vie, un souffle spirituel de vie divine.
La Genèse décrit la création de l’être humain comme un don de souffle divin.
Le Seigneur-Dieu modela l’humain avec de la poussière prise du sol.
Il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’humain devint un être vivant
  (Gn 2,7).
Le Ressuscité recrée ses disciples avec un souffle divin de bonté, de pardon:
Remettez les fautes. Pardonnez.
Transmettez-vous les uns aux autres mon souffle de bonté, de pardon
pour remettre les coeurs dans la paix.
La faute est toujours un manque d’amour, et manquer d’amour c’est affaiblir la vie en nous.
Plus nous manquons d’amour, plus nous entrons déjà dans la mort spirituelle.
Le pardon, c’est faire renaître quelqu’un à l’amour.
Dans l’Église catholique, ce geste de pardon est confié aux prêtres.
Mais le prêtre est ici le représentant du Corps du Christ, le Christ total:
Jésus et ses disciples, la Tête et les membres du Corps.
Le rituel du sacrement de pardon sera donc peu fécond, presque vidé de son sens
si les chrétiens ne vivent pas le pardon entre eux,
s’ils ne sont pas des porteurs de pardon.
Disciples de Jésus, nous sommes tous responsables du pardon qui vient de Dieu.
En effet, qu’est-ce que c’est que pardonner?
si ce n’est dire à celui qui est possédé par la volonté de dominer, de posséder l’autre, les autres,
dire à celui qui manque d’un véritable amour:
«Je sais que tu es meilleur que ce que tu fais.
Ce que tu fais, tu ne le veux pas vraiment.
Tu es victime des circonstances mauvaises.
Au fond de toi, il y a un être capable d’amour.
Sois sûr que tu es aimé.»

Celui qui se découvre aimé gratuitement, sans condition,
celui-là devient capable de respect de l’autre, de partage.
Il perd cette insécurité profonde qui le rendait possessif et dominateur.
Il peut revivre à l’amour.
Voilà la responsabilité que Jésus nous donne:
Recevez mon Esprit et soyez des artisans de paix.
François d’Assise exprime bien cette mission:
«On reconnaîtra que tu aimes le Seigneur si n’importe qui au monde,
après avoir péché contre toi autant qu’il est possible de pécher, peut rencontrer ton regard,
demander ton pardon et te quitter pardonné.»

Poursuivons la pensée de François:
«Si au contraire tu ne remets pas les fautes, si tu ne pardonnes pas à ton frère,
alors il ne recevra pas cette force qui va le guérir et le faire revivre.»

Voilà notre responsabilité.
Voilà un pain d’amour et de paix à partager tout au long de notre semaine.

        Père, apprends-moi les mains et les pieds
qui conduisent vers des chemins de liberté intérieure.
Apprends-moi la bouche qui reçoit ton souffle d’amour.
Apprends-moi le coeur qui s’ouvre aux terres de différences.
C’est mon offrande, Père:
mes mains et mes pieds, ma bouche et mon coeur
qui s’offrent à toi, moi, le pécheur amoureux.
Apprends-moi le chemin qui mène à te suivre
sur les routes du pardon et de la paix miséricordieuse.   Amen!

Georges Convert

»»» Questions

1. Dans quel contexte ces paroles de Jésus ont-elles été prononcées?
2. Que signifie le demande de Jude: «Pourquoi dois-tu te manifester à nous et non pas au monde»?
3. Qu’est-ce qu’un paraclet?
4. Qu’est-ce que faire mémoire, au sens de la Bible?
5. Quel sera le rôle du paraclet envoyé par Jésus?
6. Que nsignifie le mot shalom?
7. Quelle paix nous propose Jésus?
8. Quel lien y a-t-il entre la paix et la croix?
9. Pourquoi le pardon de l’Église catholique semble-t-il si peu gratuit, conditionné par les pénitences,
les indulgences, les conditions pour aller communier?
10. Comment reconnaître les signes d’un bon interprête de la parole?
11. Comment dialoguer avec cles gens qui n’ont pas les mêmes idées que nous?
12. Comment peut-on vraiment arriver à une paix intérieure durable?
13. Comment les gens qui portent en eux la paix peuvent-ils agir dans le monde pour plus de justice et moins de violence?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *