Évangile du dimanche 31 janvier 2021

4e dimanche ordinaire (année B), selon l’écrit de Marc 1, 21-29

Du pain sur la table21 [Jésus et ses disciples] pénètrent dans Capharnaüm.
Alors, le jour du sabbat, il entre dans la synagogue et enseigne.

22 On est frappé de son enseignement:
en effet il les enseigne comme ayant autorité
et non pas comme les scribes.

23 Alors il y a dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur, il s’écrie:

24 Qu’avons-nous à faire avec toi, Jésus le Nazarénien?
Tu es venu pour nous perdre.
J’ai bien vu qui tu es: le Saint de Dieu.

25 Jésus le rabroue: Sois réduit au silence et sors de cet homme.

26 L’esprit impur l’agite convulsivement, crie à grand cri et il sort de lui.

27 Ils sont tous saisis de crainte au point qu’ils se demandent les uns aux autres:
Qu’est-ce que cela? Voilà un enseignement nouveau, avec autorité!
Il donne ordre aux esprits qui sont impurs et ils lui obéissent!

28 Sa renommée se répand alors partout, dans tout le voisinage de Galilée.

29 Alors, ils sortent de la synagogue
et vont dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean.

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Le commentaire du pain sur la table,

par Georges Convert.

Autorité dans l’enseignement, autorité sur les esprits mauvais… voilà le maître-mot de ce texte.
De quelle autorité parle-t-on ici? Comment s’exerce-t-elle encore aujourd’hui?
Mais d’abord l’emplacement de ce texte dans le récit de Marc peut-il nous éclairer?

La place de ce texte dans le récit de Marc
Notre texte est le premier des éléments qui forment la «journée de Capharnaüm».
Après avoir reçu l’Esprit pour sa mission, avoir vécu une retraite de réflexion,
et s’être choisi des collaborateurs, Jésus commence son activité.
Et Marc rassemble, dans le cadre artificiel d’une journée,
l’essentiel de la mission de Jésus en Galilée.
Elle se résume dans l’annonce de l’Évangile et dans les guérisons (Mc 1,39):
Il va par toute la Galilée et il prêche dans leurs synagogues et chasse les démons.

[Jésus et ses disciples] pénètrent dans Capharnaüm.
Dès le début de la mission, Marc nous montre que Jésus n’est pas seul.
Il a regroupé des disciples-apôtres autour de lui à Capharnaüm.
      Capharnaüm est un village au bord du lac de Tibériade.
C’est une localité de pêcheurs et de cultivateurs.
Il y a une force de police et un poste de douane qui s’explique
par la proche frontière entre la Galilée gouvernée par Hérode Antipas
et la Gaulanitide gouvernée par Philippe.

Jésus y choisira les premiers hommes qu’il appellera à venir à sa suite:
non seulement des pêcheurs comme André et Simon, Jacques et Jean,
mais aussi Matthieu-Lévi, fonctionnaire du bureau des taxes.
C’est dans ce village qu’habite Simon-Pierre
et c’est sa maison qui va devenir celle de Jésus et de ses disciples.

Alors, le jour du sabbat, il entre dans la synagogue et enseigne.
      La synagogue est le lieu de prière des Juifs.
Chaque sabbat, la communauté locale s’y réunit pour un office.
On lit un passage de la Tora puis un texte des prophètes.
Ensuite, l’un des assistants en fait un commentaire.
Le chef de la synagogue pouvait même inviter un étranger au village pour faire ce commentaire.
C’est donc ce qui se passe avec Jésus.
Le récit ne nous donne pas le contenu de l’enseignement,
comme le fait Luc dans le cadre de la synagogue de Nazareth (cf. Lc 4,16-30).
C’est peut-être que le focus est mis ici sur la manière dont Jésus enseigne:
On est frappé de son enseignement:
en effet il les enseigne comme ayant autorité et non pas comme les scribes.

Que signifie cette « autorité » de Jésus?
      L’enseignement de la Tora était donné par des rabbis ayant suivi l’enseignement de maîtres.
Il existait des écoles rabbiniques où l’on apprenait les commentaires de la Tora
que les rabbis les plus célèbres avaient faits au cours des siècles.
L’enseignement était essentiellement une transmission, une tradition.
Le rabbi commençait toujours par la formule: «Rabbi Untel a dit…»
Les papes ont conservé quelque chose de cela lorsqu’ils appuient leur interprétation
par la phrase classique: «Comme l’a dit notre prédécesseur d’auguste mémoire.»
On peut voir une allusion à cette pratique lorsque Paul écrit aux fidèles de Corinthe:
Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu (1 Co 15,3).
Après avoir été initié, le jeune rabbi était « ordonné » par une imposition des mains
qui lui conférait l’autorité spirituelle de sa tâche.
Mais Jésus n’a pas suivi d’école de rabbi: Jésus monta au temple et il se mit à enseigner.
Les Juifs en étaient surpris et ils disaient:
«Comment est-il si savant, lui qui n’a pas étudié?»
(Jn 7,14-15).
Pour Jésus, l’ordination a été la descente sur lui de l’Esprit Divin lors du baptême.
Dans le récit de Luc, lors de son intervention dans la synagogue après le baptême,
Jésus exprimera ce lien entre l’Esprit et sa mission (Lc 4,16-18):
L’Esprit du Seigneur-Dieu est sur moi
parce qu’il m’a consacré par l’onction pour porter l’Évangile aux pauvres.

L’autorité de Jésus va surtout se manifester, dans son enseignement,
parce qu’il ne cherche pas à s’abriter derrière l’autorité d’autres rabbis.
Matthieu le souligne par les formules répétées du « discours sur la montagne »:
Vous avez appris qu’il a été dit… et moi je vous dis… (Mt 5,33.38.43).
Dans la discussion sur le caractère indissoluble du mariage,
Jésus remet même en question une prescription qui vient de Moïse:
«Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit de délivrer un certificat de répudiation?»
Il leur dit: «C’est à cause de la dureté de votre coeur
que Moïse vous a permis de répudier vos femmes;
mais au commencement il n’en était pas ainsi
(Mt 19,7-8).
Par delà les traditions qu’il qualifie de traditions des humains,
Jésus veut rejoindre la tradition de Dieu.
C’est ce qui ressort de certaines confrontations avec les Pharisiens (Mc 7,5-13):
Les Pharisiens et les scribes demandent à Jésus:
«Pourquoi tes disciples ne se conduisent-ils pas
conformément à la tradition des anciens,
mais prennent-ils leur repas avec des mains impures?»
Il leur dit: «Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, car il est écrit:
‘Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi;
c’est en vain qu’ils me rendent un culte
car leurs doctrines ne sont que préceptes d’hommes.’
Vous laissez de côté le commandement de Dieu et
vous vous attachez à la tradition des hommes.
Vous repoussez bel et bien le commandement de Dieu pour garder votre tradition.
Car Moïse a dit: ‘Honore ton père et ta mère.’
Mais vous, vous dites: Si quelqu’un dit à son père ou à sa mère:
le secours que tu devais recevoir de moi est qorban, c’est-à-dire offrande sacrée,
vous lui permettez de ne plus rien faire pour son père ou pour sa mère:
vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez.

Jésus peut parler ainsi parce qu’il a une expérience toute particulière de Dieu-Père.
Il rejoint sans doute les plus grands prophètes qui parlaient au nom de Dieu
et ponctuaient leurs paroles de la formule: « Oracle du Seigneur-Dieu ».
Il dira à ses détracteurs qui lui demandent un signe accréditant son autorité:
il y a ici plus que Jonas… il y a ici plus que Salomon (Mt 12,41-42).
Or Jonas est un prophète et Salomon s’identifie avec la sagesse de Dieu!

Voilà un enseignement nouveau, avec autorité!
L’autorité de Jésus qui donne un enseignement nouveau se trouve bien exprimée
dans cette phrase du récit de Matthieu qui résume le « Discours de la montagne »:
Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens,
non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux
(Mt 5,20).
La justice, au sens biblique, est la conformité à la Tora.
C’est la manière de vivre selon l’Enseignement de Dieu: la droiture du coeur.
Mais cette fidélité à Dieu se vit chez les Pharisiens sur le plan de l’échange:
il faut mériter l’amour de Dieu par nos bonnes actions
car Dieu récompense les bons et punit les méchants;
il faut mériter l’amour du prochain et le prochain doit mériter le nôtre.
Jésus réagit à cette vision:
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir?
Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant?
Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire?
Les païens n’en font-ils pas autant?
Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait:
il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
et tomber la pluie sur les justes et les injustes
(Mt 5,45-48).
Une telle contestation de la vision courante de l’élite religieuse provoquera
l’agressivité des chefs: De quelle autorité enseignes-tu cela? (Lc 20,2).
Jésus répondra toujours qu’il parle au nom du Père Divin:
Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même!
C’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres oeuvres
(Jn 14,10).
(Jn 10,37-38) Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas!
Mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas,
croyez en ces oeuvres afin que vous sachiez que le Père est en moi comme je suis dans le Père.

Ainsi ce sont les actes de Jésus qui vont rendre témoignage de son autorité
à proclamer un Évangile qui est vin nouveau: une vision nouvelle de la relation à Dieu.

Il donne ordre aux esprits qui sont impurs et ils lui obéissent!
      Le scénario de l’exorcisme peut paraître étrange à notre sensibilité moderne.
Même si cela peut se retrouver encore aujourd’hui
dans certaines populations plus familières avec ces possessions démoniaques.
D’ailleurs, aujourd’hui, des jeunes retrouvent cette sensibilité au para-psychique.
On rejoint les croyances animistes pour lesquelles toutes les choses de la nature ont une âme.

À l’époque de Jésus, bien des maux dont l’être humain est affligé sont attribués
à des forces sur-naturelles mauvaises qui font échec au dessein de Dieu.
Pour la Bible, ces esprits ne sont pas divins et sont donc de simples créatures.
L’esprit est dit impur parce qu’il vient s’opposer à Dieu.
Le langage biblique oppose en effet l’impureté à la sainteté (Lv 11,44):
C’est moi le Seigneur qui suis votre Dieu.
Vous êtes devenus saints car je suis saint: ne vous rendez pas impurs.

L’irruption du Dieu saint dans notre vie va révéler nos faiblesses, nos limites
en faisant percevoir l’infinie distance qui nous sépare de l’amour de Dieu.
      Ainsi la bonté exceptionnelle d’une personne peut souvent susciter l’agressivité
dans un coeur particulièrement marqué par la haine.
Témoin l’histoire véridique de ce prisonnier qui en a tué un autre
parce qu’il ne pouvait supporter sa bonté.

L’exorcisme est une sorte de combat entre la personne remplie d’amour
et celle qui est dominée par les forces du mal.
Chacun essaye de prendre le pouvoir sur l’autre, de le dominer.
Or pour dominer quelqu’un, il faut le connaître et connaître ses points faibles.
La connaissance du nom exprime cette connaissance de l’autre
qui donne prise sur sa personne.
Le possédé va crier le nom de Jésus: Tu es le saint de Dieu!
Il a perçu la force divine qui irradie de Jésus, sa sainteté, sa force d’amour.
L’esprit impur sait que cet amour veut vaincre le pouvoir qu’il a sur le possédé
afin de délivrer celui-ci de tout ce qui le tient enchaîné à l’égoïsme et à la haine.
Jésus va museler l’esprit, va le réduire au silence pour qu’il perde son pouvoir.
      Il ne pourra plus dire ses paroles de mensonge,
mensonges qui font errer le possédé sur des chemins de faux bonheur:
«Il te faut devenir riche à tout prix, même si tu dois exploiter ton prochain.
Venge-toi de celui qui t’a fait du tort car tu dois te faire respecter de tes adversaires.
Refuse-toi au pardon car c’est un aveu de faiblesse indigne d’un homme.
Montre-toi fort. L’amour qui rend vulnérable est un enfantillage…»
Lorsque ces voix crient avec force en nous
-pour nous empêcher de voir notre insécurité profonde-,
alors elles nous dominent et nous possèdent.
Il faudra une autre voix plus forte, emplie de cet amour qui est grâce,
pour rejoindre la semence de bonté qui est profondément enfouie au plus intime de l’être,
et pour faire ainsi grandir, dans le possédé, la confiance.
Confiance -source de vie- de celui qui se sait enfin aimé pour lui-même…
Cette voix aimante exorcisera alors les cris de haine, de jalousie, de vengeance,
qui détruisent l’être en sa source profonde.

Ce geste de guérison de Jésus ne doit pas être compris
comme un geste spectaculaire frappant l’imagination
et qui viserait à manifester l’extraordinaire puissance en lui de la divinité.
Il s’agit, pour Jésus, de manifester l’amour et la tendresse de Dieu
qui veut libérer ceux qui sont sous l’emprise du mal.
Cela révèle le lien unique qui unit Jésus au Dieu-Père,
et c’est donc là le geste qui authentifie son enseignement comme parole venant de Dieu (Jn 14,11):
Si vous ne croyez pas ma parole, croyez du moins à cause de ces oeuvres.
Les gestes de guérison de Jésus ne sont pas des gestes
qui ont pour but d’impressionner et de forcer l’adhésion,
mais de guérir le coeur en témoignant de la compassion du Père Divin:
Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre autorité pour pardonner les péchés,
il dit alors au paralysé: Lève-toi, prends ta civière et va dans ta maison
(Mt 9,6).
Ce pouvoir est vraiment celui de l’amour car il ne s’impose jamais de force,
mais respecte la liberté de celui à qui il se propose.
      Comme en témoigne la réaction des Pharisiens qui tenteront de faire croire
que Jésus a pacte avec les démons pour les chasser avec une telle force tranquille:
Les Pharisiens dirent: «Celui-là ne chasse les démons que par Béelzéboul, le chef des démons.»
Voyant leurs réactions, il leur dit: «Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine.
Si donc Satan expulse Satan, il est divisé contre lui-même:
comment alors son royaume se maintiendra-t-il?
Mais si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons,
alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre
(Mt 12,24-28).
Ce qui distingue Jésus de bien d’autres exorcistes, nombreux en son temps,
c’est l’amour qui émane de lui:
un amour qui révèle, à ceux qui vont l’accueillir, sa communion unique avec le Père.
C’est là le sens de la réaction des assistants: Ils sont tous saisis de crainte.
C’est sans doute ici la crainte qui étreint l’être humain devant la présence de Dieu.
On retrouve cet effroi sacré en des circonstances semblables,
comme celle de la tempête apaisée, un récit très proche de l’exorcisme:
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer: «Silence! Tais-toi!»
Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient entre eux:
«Qui donc est-il, pour que même le vent et la mer lui obéissent?»
(Mc 4,39-41).

En quoi ce récit rejoint-il les disciples d’aujourd’hui?
Peut-être sur deux points: l’enseignement de Jésus et la guérison.

Quelle est l’importance que nous donnons à l’enseignement de Jésus?
Ne mettons-nous pas souvent sur le même plan toute l’Écriture sainte?
Ne donnons-nous pas aux textes de la Tora et des prophètes, aux psaumes,
aux lettres des apôtres, à l’apocalypse…
la même importance qu’aux paroles de l’Évangile?
Or seul l’Évangile est la Parole de Jésus qui est « Parole du Père »:
Je n’ai pas parlé de moi-même: le Père qui m’a envoyé m’a prescrit ce que j’ai à dire et à déclarer.
Et je sais que son commandement est vie éternelle:
ce que je dis, je le dis comme le Père me l’a dit
(Jn 12,49-50).
Toute l’Écriture est jaugée par la parole du Maître et Seigneur Jésus.
Toute autre parole, aussi importante soit-elle, doit être confrontée à sa pensée.
Paul fait lui-même cette distinction entre sa parole et celle de Jésus (1Co 7,10-12):
À ceux qui sont mariés j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur:
que la femme ne se sépare pas de son mari.
Aux autres je dis, c’est moi qui parle et non le Seigneur:
si un frère a une femme non croyante qui consente à vivre avec lui, qu’il ne la répudie pas.

L’Évangile a cette importance extrême
parce qu’en lui nous est révélé le visage du Père dont Jésus est l’icône parfaite:
(Jn 1,14) Et la Parole [divine] s’est faite vie humaine et elle a habité parmi nous
et nous avons vu sa gloire, gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père.

Être chrétien, c’est se conformer à cette manière de vivre de Jésus.
Paul dira aux Corinthiens ce qui sera toujours l’unique but du disciple de Jésus:
Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1Co 11,1).

En quoi notre regard sur la guérison est-il inspiré de l’Évangile?
– Quel regard portons-nous sur les miracles de guérison?
Certains chrétiens pratiquent des réunions de prière
où l’on implore de Dieu, avec force et passion, des guérisons.
Une telle prière est bonne en raison de la confiance de ceux qui prient.
Mais toute prière de demande doit être purifiée
par l’importance qui doit être donnée à l’amour dans la guérison.
Dans la prière pour le souffrant, c’est la compassion de Dieu qui est demandée.
Mais cette compassion doit être aussi en acte dans la vie de ceux qui prient.
      On ne peut demander à Dieu de guérir un frère, une soeur
qu’en étant en même temps prêt à manifester soi-même une grande compassion.
Celle-ci s’exercera à travers les petits gestes quotidiens du service,
de l’attention à l’autre, du temps donné à être proche, de l’écoute fraternelle…

– Mais si le corps doit être guéri, combien plus l’âme a-t-elle besoin de guérison!
      Nous avons aujourd’hui de nombreux « psy »: psychologue, psychothérapeute, psychiatre.
Ils ne font souvent que nous rendre plus conscients des causes de notre mal.
Pour aider à la guérison, la bonté, la tendresse sont des forces précieuses.
Le terrain propice à la maladie est souvent celui d’un coeur
marqué par la souffrance du mal moral: celui que l’on subit et celui de notre propre péché.

Il est une pratique chrétienne qui est trop laissée de côté: le pardon des fautes.
Le sacrement du pardon est tombé en désuétude.
      Sans doute sa forme ne correspond-elle plus tout à fait à notre sensibilité.
Certains confesseurs s’étaient-accordé un pouvoir injustifiable sur les consciences.

La lettre de Jacques pourrait nous inspirer pour un renouveau du pardon
et du rôle de la communauté chrétienne dans la guérison physique et spirituelle:
Si quelqu’un est malade, qu’il appelle les Anciens de la communauté,
qu’ils prient pour lui. S’il a commis des fautes, elles lui seront remises
(Jc 5,13-15).
Prière et pardon (don de l’amour) sont associés pour apporter la guérison.
Mais la lettre élargit le champ de ce don du pardon (Jc 5,16):
Confessez vos péchés les uns aux autres et
priez les uns pour les autres afin d’être guéris.

Cette recommandation de Jacques semble inspirée de la pratique juive.
Au jour du Yom Kippur, la confession des péchés à Dieu était précédée
de la confession les uns aux autres et de la prière les uns pour les autres.
Rabbi Éléazar ben Azaria disait que «Yom Kippur ne peut procurer le pardon
tant qu’on n’a pas obtenu le pardon de son prochain»

(cité dans F. Manns, Une approche juive du Nouveau Testament, Cerf 1998, p. 275).
Matthieu évoque une telle pratique chez les disciples de Jésus (Mt 6,14-15):
Si vous pardonnez aux gens leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi;
mais si vous ne pardonnez pas, votre Père non plus ne vous pardonnera pas.

Le pardon n’est pas d’abord l’oubli des fautes mais la métamorphose du coeur:
d’un coeur égoïste, le pardon fait un coeur tourné vers les autres,
d’un coeur haineux, le pardon fait un coeur prêt au redonner son amour.
On ne peut -à la fois- refuser le pardon à son prochain
et vouloir pour soi le pardon de Dieu qui change notre coeur (Si 28,2-4):
Pardonne à ton prochain ses torts, alors, à ta prière, tes péchés seront remis.
Si quelqu’un nourrit de la colère contre un autre, comment peut-il demander à Dieu la guérison?
Pour son semblable il est sans compassion, et il prierait pour ses propres fautes!

Le « Notre Père » nous rappelle cela quotidiennement:
Père, pardonne-nous comme nous pardonnons.
Il faut aujourd’hui réinscrire le pardon dans la prière des uns pour les autres.
Car ce pardon des fautes est la mission de tous les disciples de Jésus:
Faisant venir ses douze disciples, Jésus leur donne autorité sur les esprits impurs,
pour qu’ils les chassent et qu’ils guérissent toute maladie et toute infirmité
(Mt 10,1).
Si le Ressuscité rappelle cette mission, il en donne aussi le moyen privilégié:
Il souffle sur eux et leur dit: «Recevez l’Esprit Saint;
ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis»
(Jn 20,22-23).
Jésus est vivant parmi nous pour réaliser cette guérison des coeurs
qui fait de nous des fils de Dieu libérés de leurs chaînes et de leurs servitudes.
En nous donnant son Esprit, Jésus ressuscité nous partage son « autorité »
pour nous rendre capables de nous aimer et de nous pardonner mutuellement
comme lui-même nous aime.

Georges Convert

»»» Questions

1. Qu’est-ce que la synagogue et pourquoi s’y rassemble-t-on?
2. Pourquoi dit-on que Jésus enseigne avec autorité?
3. Que signifie l’impureté dans la Bible?
4. Comment pouvons-nous commander aux esprits impurs?
5. Quel regard portons-nous sur les miracles de guérison?
6. Comment renouveler aujourd’hui la pratique de la célébration du pardon?

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