Évangile du 23e dimanche du temps ordinaire (année C), selon le récit de Luc (14, 25-33)
25 Des foules nombreuses font route avec Jésus.
Il se tourne vers elles et leur dit:
26 Si quelqu’un vient vers moi et s’il ne hait pas ses père et mère,
sa femme et ses enfants, ses frères et ses soeurs,
et même sa propre vie,
celui-là ne peut pas être mon disciple.
27 Celui qui ne porte pas sa propre croix en venant à ma suite,
celui-là ne peut pas être mon disciple.
28 Lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour,
ne commence pas par s’asseoir
pour calculer la dépense et s’il a pour aller jusqu’au bout?
29 De peur qu’ayant posé la fondation de celle-ci
et n’ayant pas la force de mener à terme,
tous ceux qui le ne se mettent à se moquer de lui en disant:
30 «Voilà un homme qui a commencé à bâtir
et n’a pas eu la force de mener à terme!»
31 Ou bien quel roi, s’il marche contre un autre roi pour l’affronter à la guerre,
ne commence pas par s’asseoir
pour examiner s’il est capable avec 10 000 hommes
d’aller à la rencontre de celui qui marche contre lui avec 20 000?
32 Sinon, tandis qu’il est encore loin,
il lui envoie une ambassade pour demander les conditions de la paix.
33 Ainsi quiconque d’entre vous ne renonce pas à tous ses biens,
celui-là ne peut pas être mon disciple.
Le commentaire du pain sur la table,
par Georges Convert.
Ce texte fait suite à la section appelée souvent « Propos de table »
où Luc regroupe certaines exigences pour vivre la gratuité de l’amour:
ne pas choisir les premières places dans les repas,
inviter à sa table les exclus.
Ici les exigences semblent portées à leur extrême.
N’oublions pas que nous sommes dans la montée vers Jérusalem,
et que Jésus instruit ses disciples pour les préparer à sa passion.
Celui-là ne peut pas être mon disciple…
Par trois l’expression rythme notre passage.
Qu’est-ce qu’être disciple?
Le mot français vient de la racine dek ou dok qui a donné par exemple le mot doctrine.
Le mot grec didaskein signifie enseigner.
Ici nous avons un autre mot grec matètès qui vient d’un verbe signifiant aussi enseigner, instruire.
Dans la langue de Jésus, on trouverait talmid que Chouraqui traduit par adepte
mais que l’on pourrait traduire avec Marcel Jousse par « appreneur ».
Le talmid, l’appreneur reçoit l’enseignement de son rabbi, son maître
et il aura la mission de le transmettre à son tour.
L’appreneur va apprendre le commentaire de la Tora que son maître fait.
Mais il va apprendre surtout à en vivre,
car la Tora est d’abord un enseignement qui donne la direction à suivre pour trouver vie et bonheur.
La Tora est une Règle de vie et celle-ci est inspirée par Dieu.
Ainsi l’enseignement du rabbi, de l’enseigneur, n’est pas seulement théorique.
C’est pourquoi l’appreneur, pour apprendre à vivre comme son maître, va vivre avec son maître:
en effet, il apprendra autant en écoutant son Enseigneur qu’en le voyant vivre, en le voyant agir.
Une autre expression typique juive décrit le disciple comme « celui qui accompagne »,
« celui qui suit » son maître.
Ainsi se comprend la réponse de Jésus à la demande des deux disciples de Jean le baptiste:
Jésus, se retournant et voyant qu’ils le suivent, dit: «Que cherchez-vous?»
Ils lui disent: «Rabbi -ce qui se traduit par « Enseigneur »- où demeures-tu?»
Il leur dit: «Venez et voyez» (Jn 1,37-39).
Le rabbi Jésus va formuler trois exigences qu’ils posent à ceux et celles qui
veulent « venir à sa suite »: haïr ses proches, porter sa croix, renoncer à tous ses biens.
Exigences qui sont évidemment vécues par le Maître:
Un disciple n’est pas au-dessus de son maître:
celui qui est formé sera comme son maître (Lc 6,40).
À son tour le disciple deviendra un maître et devra vivre quotidiennement
les même exigences pour les enseigner à ses appreneurs.
Mais comment doit-on comprendre ces exigences?
Si quelqu’un vient vers moi
et ne hait pas ses père et mère, sa femme et ses enfants
«Si quelqu’un vient vers moi…»
Nous l’avons vu, il ne s’agit pas seulement d’une rencontre ponctuelle,
d’un moment où l’on vient écouter Jésus,
mais c’est un engagement de toute la personne
qui choisit Jésus comme maître de sagesse et guide de vie.
Ce maître qu’est Jésus serait-il un gourou despotique voulant s’accaparer la liberté de ses disciples?
On sait que la chose n’est pas exceptionnelle:
de nos jours encore bien des gourous privent leurs adeptes de leur liberté.
Que signifie cette exigence de haïr.
Est-ce seulement un langage provocant qui veut faire choc?
Notons déjà que le mot « haïr », dans la Bible et notamment dans la littérature de sagesse,
ne signifie pas forcément « avoir de la haine ».
Il s’emploie pour exprimer un amour moindre: non pas une haine mais une préférence.
On trouve un exemple dans le Deutéronome:
Lorsqu’un homme a deux femmes, l’une qu’il aime et l’autre qu’il hait,
si l’une comme l’autre lui donnent des fils, et si l’aîné est le fils de la femme qu’il hait,
alors, au jour où il donnera ses biens en héritage à ses fils,
il ne pourra pas donner le droit d’aînesse au fils de la femme qu’il aime,
au détriment de l’aîné, qui est le fils de la femme qu’il hait (21,15-17).
Comme la langue juive n’a pas de comparatif, l’expression « haïr » veut dire »aimer moins ».
Dans la citation du Deutéronome, haïr doit se comprendre: aimer moins.
De là certaines traductions de notre texte d’aujourd’hui, comme celle de la Bible oecuménique:
Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à ses père et mère…
Matthieu donne d’ailleurs une autre formulation:
Qui aime ses père et mère plus que moi (10,37).
Pourquoi faut-il aimer moins ses père et mère, ses enfants, ses frères et soeurs… que Jésus.
Même si l’exigence semble atténuée en traduisant « haïr » par « aimer moins »,
devoir préférer le maître, son appreneur, à sa propre famille reste pourtant surprenant.
Cela rejoint d’ailleurs une autre réplique de Jésus:
On lui annonce: «Ta mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voir.»
Il répond: «Ma mère et mes frères,
ce sont ceux qui écoutent et observent la parole de Dieu» (Lc 8,20-21).
Quelle est la raison de cette attitude de Jésus face aux liens familiaux?
C’est que l’amour familial n’est pas pour lui l’expression la plus parfaite de l’amour.
Au 5e siècle, le grand penseur et évêque Augustin disait qu’il y a trois degrés dans l’amour:
«aimer aimer, aimer être aimé, et aimer.»
Et c’est le troisième degré (l’amour purement gratuit) qui est le véritable amour à la manière de Dieu.
L’amour familial se situerait facilement au stade d’aimer être aimé
car il peut comporter souvent une bonne part de réciprocité: on aime des gens qui nous aiment.
Et cela peut donc nous laisser dans l’illusion
quant à notre capacité à aimer d’un amour vraiment gratuit.
L’amour des pauvres au contraire sera un amour gratuit
parce qu’on ne peut rien attendre d’eux en retour.
Jésus demande souvent de tester la gratuité de notre amour en aimant les pauvres:
Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner,
n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins,
sinon eux aussi t’inviteront en retour, et cela te sera rendu (Lc 14,12).
Au riche qui pratique fidèlement les préceptes de la Tora, il dit:
Une seule chose encore te manque:
tout ce que tu as, vends-le, distribue-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux;
puis viens, suis-moi (Lc 18,22).
Toute l’instruction qui suit les Béatitudes martèle ce thème de la gratuité.
Alors que Matthieu parle d’être parfait comme le Père des cieux est parfait,
Luc traduira: Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Lc 6,36).
La miséricorde est cet amour gratuit et inconditionnel qui est le vrai amour
car il ressemble un peu à l’amour dont Dieu aime.
La demande de Jésus ne signifie pas qu’il nous demande de renoncer à nos liens familiaux.
Si Jésus veut que nous l’aimions plus que nos parents,
c’est qu’il veut que nous l’aimions d’un amour gratuit.
C’est qu’il veut nous apprendre ainsi à aimer tout être humain d’un amour inconditionnel.
Il veut nous apprendre à aimer de ce troisième degré de l’amour dont parle Augustin.
Jésus a montré l’exemple de devoir tout quitter,
et de donner priorité à ce règne de l’amour
même au prix de sacrifier quelque peu les relations familiales.
Les relations de ceux qui s’engagent à la suite de Jésus,
ces relations-là doivent être des relations de vraie gratuité.
L’assemblée des disciples sera donc le laboratoire de la gratuité.
À l’exigence de liberté envers la famille, Jésus ajoute cette autre:
Celui qui vient à moi sans haïr sa propre vie, celui-là ne peut pas être mon disciple.
Il ne s’agit pas de se mépriser et de se détruire pour mieux aimer le prochain.
Notre « acte de charité » ne nous fait-il pas demander d’aimer «notre prochain comme nous-même»?
Il s’agit là encore d’aimer son prochain d’un amour inconditionnel.
Dans la langue française nous n’avons malheureusement
qu’un mot unique pour décrire trois réalités d’amour que le grec désigne de trois noms différents:
l’éros, c’est-à-dire l’amour-passion, la philia ou l’amour-amitié,
l’agapè que l’on a traduit l’amour-charité
mais qui pourrait plus justement aujourd’hui être appelé l’amour-bonté.
S’il faut haïr ceux qu’on aime c’est parce qu’on les aime mal ou égoïstement,
s’il faut même se haïr soi-même, c’est pour apprendre à mieux aimer.
C’est afin d' »aimer davantage », pour reprendre la réponse de Maurice Zundel
à un homme marié qui se confessait d’avoir une maîtresse: «Aimez-la davantage».
André Comte-Sponville, ce philosophe français contemporain qui se dit athée,
a écrit une belle description de cet amour-bonté:
«Il y aurait donc trois façons d’aimer, ou trois degrés dans l’amour:
le manque [l’éros], la joie [l’amitié], la charité.
Il se peut que cette dernière [la bonté-charité] ne soit en vérité
qu’un halo de douceur, de compassion, de justice,
qui viendrait tempérer la violence du manque ou de la joie,
qui viendrait modérer ou creuser ce que nos autres amours peuvent avoir de trop brutal…
La [bonté]-charité … se reconnaîtrait à ceci
qu’elle n’a pas besoin de la souffrance de l’autre pour l’aimer, …
qu’elle n’a pas besoin d’être aimée pour aimer, qu’elle n’a que faire de réciprocité ou d’intérêt:
ce serait comme une amitié libérée de l’ego» (Petit traité des grandes vertus, PUF 1995, p. 383-384).
Celui qui ne porte pas sa propre croix en venant à ma suite,
celui-là ne peut pas être mon disciple.
Ce n’est pas la première fois que, dans l’Écrit de Luc, Jésus nous parle ainsi.
Aussitôt après que Pierre ait donné à Jésus son titre de messie, Jésus prévient ses disciples:
Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même
et prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive (Lc 9,23).
On a souvent cherché à minimiser l’expression « porter sa croix »,
en lui donnant le sens d’accepter les épreuves de la vie.
Pourtant il doit falloir prendre l’expression dans son sens le plus réaliste.
«Au temps de Jésus, et déjà avant sa Passion, les témoignages ne manquent pas
qui permettent d’interpréter « porter sa croix » au sens précis d’abandonner son existence,
d’être disposé à mourir, et finalement de mourir.
Lorsque [Luc] nous parle de « haïr » son père, sa mère, sa femme, etc,
il évoque la situation concrète des tout premiers disciples du Christ.
Pour eux, se joindre au Christ c’était s’aliéner en fait sa propre famille,
accepter la condition de paria dans le milieu palestinien.
Mais cela valait aussi, toute proportion gardée, des premiers chrétiens
dans l’Église naissante du temps de l’évangéliste.
Et l’histoire nous montre comment, tout au long des siècles,
ces paroles du Christ ont trouvé un écho dans la vie de nombreux chrétiens»
(Jacques Seynaeve, Assemblées du Seigneur #54, p. 69-71).
La croix de Jésus n’est pas une mort naturelle: la fin de son existence.
Elle est le résultat de sa prédication.
Elle est l’aboutissement d’un conflit entre les chefs juifs et Jésus,
un conflit qui vient essentiellement de la vision de Dieu prêchée par Jésus.
Pour lui, Dieu n’est pas d’abord le Dieu Juge qu’il faut suivre par crainte.
Il est le Père tout-aimant dont il faut accueillir l’amour.
Cette vision du Dieu-amour est ce qui va faire rejeter Jésus par l’élite religieuse.
Mais c’est aussi ce qui engage Jésus à ne pas user de violence envers ceux qui le rejettent.
Celui qui n’agit qu’avec bonté court le risque d’être rejeté
tout autant par ceux qui oppriment les autres que par les opprimés eux-mêmes.
La seule réponse de celui qui est guidé par la bonté sera de se livrer à ceux qui le rejettent.
Pour lui, il ne peut y avoir d’autre réponse que de livrer sa vie par amour.
Il aura l’ultime espérance que son amour pourra vaincre le mal
en ceux qui s’opposent à lui et le haïssent.
Car si la violence et la haine peuvent détruire la vie physique de l’autre,
elles détruisent en premier lieu la vie morale du violent.
Gandhi voulait amener ses adversaires à être justes
afin qu’ils accèdent ensemble, par le pardon et la bonté, à l’honneur d’être humains.
Le sort de Jésus devra être aussi le sort de ses disciples: et cela par choix.
Comme leur maître, ils devront dire:
[Ma vie], personne ne me l’enlève mais je m’en dessaisis de moi-même (Jn 10,18).
En un autre temps Jésus dira:
Qui cherchera à conserver sa vie la perdra et qui la perdra la sauvegardera (Lc 17,33).
La route proposée par Jésus est un combat difficile contre toute forme de violence.
Celui qui propose un message de bonté, de réconciliation
(ce qui d’ailleurs n’exclut pas le combat pour donner justice à tous les exploités),
celui-là se verra rejeté par les puissants.
Et s’il veut sauver son âme, il ne pourra jamais répondre par des moyens de violence.
Il devra aller jusqu’à livrer sa vie à ceux qui le rejettent,
dans l’espérance que ce geste d’amour vaincra le coeur du violent.
Ce combat d’amour est le seul qui soit digne de Jésus et de son adepte,
parce qu’il est le vrai combat de Dieu,
Lui qui est lent à la colère, plein d’amour et de miséricorde (Ex 34,6 et Nb 14,18),
Lui qui est bienfaisant avec les ingrats et les mauvais (Lc 6,35).
Jésus a déjà illustré ces exigences:
Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent,
bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À qui te frappe sur la joue, tends aussi l’autre (Lc 6,27-29).
À toutes les époques de l’histoire de l’Église, des chrétiens ont ainsi livré leur vie
pour témoigner de la force de l’amour.
Notre époque a aussi ses martyrs: Mgr Romero, Mgr Gerardi et tant d’autres qui sont inconnus.
Donner priorité à Jésus et à son Évangile,
c’est augmenter notre capacité d’aimer et de semer l’amour:
en vivant le pardon malgré l’épreuve, en cherchant à comprendre au lieu de condamner,
en voulant être porteur de paix dans un conflit,
en tentant de traduire un peu de tendresse dans des relations tendues.
Tout cela n’est peut-être pas directement la mort sur la croix
mais cela implique que, par une grande force d’amour,
on s’efforce de renoncer à son ego pour aimer tout prochain en vérité.
Cette grande force d’amour, c’est dans le coeur de Jésus
que son disciple pourra la trouver.
Lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence pas
par s’asseoir pour calculer la dépense et [voir] s’il a pour aller jusqu’au bout?
S’engager à la suite de Jésus implique donc d’être bien conscient de l’enjeu.
Luc illustre cela à l’aide de deux petites paraboles, le bâtisseur et le roi.
Que signifient ces deux petites paraboles de la construction de la tour ou des préparatifs de guerre?
Pour mener à terme une entreprise difficile, il faut s’assurer qu’on en a les moyens.
Sinon on risque de devenir la risée du monde ou de se faire écraser.
Pourquoi Luc a-t-il situé ces paraboles à cet endroit?
Bien plus il en donne une conclusion qui n’est pas évidente à première vue:
Ainsi quiconque d’entre vous, qui ne renonce pas à tous ses biens, ne peut pas être mon disciple.
On aurait pu s’attendre à autre chose,
comme le conseil de bien se préparer humainement, moralement, intellectuellement.
Le conseil de renoncer à ses biens retentit ailleurs dans l’Évangile.
On retrouve cela dans la petite parabole du trésor caché dans un champ.
Un homme le trouve.
Dans sa joie il va, vend tout ce qu’il a et achète ce champ (Mt 13,44).
Et dans la rencontre avec le riche:
Une seule chose te fait défaut.
Tout ce que tu as, vends-le, distribue aux pauvres et tu auras un trésor en Dieu (Lc 18,22).
« Vendre tout » ne signifie rien, si ce n’est pas pour donner aux pauvres.
Et donner aux pauvres c’est apprendre la gratuité.
Le trésor enseigné par Jésus, c’est la gratuité avec laquelle nous devons aimer.
Elle est trésor parce qu’elle seule conduit au bonheur véritable.
Si Jésus nous appelle à le suivre, c’est parce qu’il est lui-même tout entier donné,
et qu’il peut nous apprendre à nous donner nous-mêmes pour trouver le chemin du bonheur.
«La présence du Christ dans le monde apparaît comme une plénitude d’amour.
Dans le règne du moi égoïste, le Christ apparaît
comme l’amour pur, ardent, fidèle, donné, livré jusqu’au sacrifice de sa vie pour tous:
Il m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2,20)»
(R. Latourelle, in revue Nouveau Dialogue #110, p. 8)
Paul traduira merveilleusement cette exigence d’amour demandée au disciple de Jésus:
J’ai des raisons d’avoir aussi confiance en moi-même:
de la race d’Israël, hébreu fils d’hébreux, pour la Tora pharisien,
devenu irréprochable pour la droiture qu’on trouve dans la Tora.
Toutes ces choses qui étaient pour moi des gains,
je les ai considérées comme dommageables à cause du Christ.
Je considère que tout est dommageable en regard de ce bien suprême
qu’est la connaissance de Jésus Messie mon Seigneur.
À cause de lui j’ai tout perdu et je considère tout comme à rejeter
afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui, non plus avec une droiture à moi qui vient de la Tora,
mais avec celle qui vient de ma foi au Christ, la droiture qui vient de Dieu et s’appuie sur la foi.
Il s’agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances,
de devenir semblable à lui dans sa mort
afin de parvenir, si possible, à la résurrection d’entre les morts (Ph 3,4-10).
Voilà le plus beau et le plus concret commentaire qui donne la raison des
exigences que Jésus propose à ses adeptes.
Si je fais l’option pour Jésus, voilà comment il me faut vivre pour «aller jusqu’au bout».
Quand nous serons blessés, serons-nous prêts à nous oublier?
Serons-nous prêts au « don total de nous-mêmes »?
Comme Paul, nous le pourrons si l’amour de Jésus est la vraie passion de notre vie.
Terminons par ce petit fait de vie raconté dans un partage d’Évangile:
«J’ai compris pour la première fois ce qu’est renoncer à moi-même à cause de Jésus.
Une amie m’a téléphoné et m’a crié: «Viens me voir, j’ai un goût de suicide; viens me voir!»
Elle pleurait beaucoup.
Je suis allée la rencontrer.
Je l’ai écoutée longuement.
Elle avait besoin de vomir sa détresse.
Écouter l’autre n’est pas facile, ni toujours épanouissant.
J’ai ressenti que je me perdais un peu, que je perdais mon temps,
que j’aurai pu faire autre chose…
Puis j’ai compris qu’en perdant un peu ma vie,
en donnant un peu de moi-même par l’attention portée à l’autre,
je permettais, avec l’Esprit de Dieu, la possibilité d’un genre de résurrection,
d’un relèvement, d’un retour à des jours meilleurs; la possibilité, pour mon amie,
de reprendre goût à la vie,
de reprendre son souffle, de se relever.»
C’est en aidant l’autre à re-vivre que nous vivrons nous-même de résurrection.
Au jour de grande amertume
Quand le mal semble être la seule option pour le monde,
Jésus, sois présent en mon coeur.
Trop souvent, je préfère fuir les chemins de ta non-violence,
même si je détruis l’autre.
Jésus, que ton cri d’amour soit si fort
qu’il me fasse emprunter, aux carrefours de ma vie,
la route qui mène au don de moi-même, à la croix éternelle,
don parfait qui mène à la résurrection. Amen!
Georges Convert
»»» Questions
1. Comment comprendre l’expression: « porter sa croix »?
2. Quelle est ou quelles sont les conditions pour suivre le Christ Jésus?
3. Dans ma vie de tous les jours, comment puis-je donner concrètement ma vie?
4. Le programme de Jésus est-il réaliste?
5. Doit-on renoncer à faire justice pour que les droits des opprimés soient respectés?
6. Peut-on faire justice à n’importe quels moyens?
7. Peut-on justifier la guerre en tant que croyant en Jésus?
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