Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 8 janvier 2017

par Mario Bard.

Des païens choisissent leur camp

Imaginez : des hommes riches, importants pour l’époque et probablement bien connus de la couche « supérieure » de la société – quel mot infect dans ce contexte! – se rendent dans un quartier industriel, terrain vague et bidonvilles, dans un pays où l’autorité gouvernementale est un régime autoritaire. Ils rendent une visite à Marie, sans même s’arrêter au Palais présidentiel. Ils suivent une étoile…

Des mages, signes de puissance de la nature et de ses astres, rendent hommage au nouveau-né de Bethléem. Un signe extraordinaire qui dénote deux choses. Tout d’abord, certains ont une sagesse vive plus grande et plus audacieuse que d’autres. Après tout, il n’est pas donné à tous de lire dans les Astres et d’en interpréter le sens. L’on pourrait dire la même chose de ceux et celles qui ont la sagesse de lire les cœurs.

Puis, le courage et la force de caractère de ces hommes – inventés ou non, peu importe – sont à souligner. Ils partent de loin et ne sont pas sûrs de trouver « le Roi des Juifs qui vient de naître ». Aucun GPS ou bien aucune technologie ne leur permet de confirmer cette présence. Même, ils ont probablement été surpris de trouver cet enfant, né dans le dénuement d’une étable destinée au repos des bergers, sous catégorie de l’époque destinée aux enfers, au shéol, par les autorités religieuses du peuple. 

Le symbole est fort : ils font confiance, s’étonnent, mais ne remettent aucunement en question qu’il soit ce roi. Plus tard, les Écritures nous apprennent qu’il incarne un Dieu, Messie devenu Christ par la grâce du Père, qui n’a rien des autres dieux de l’Antiquité. Son message et ses actions sont d’abord destinés aux plus faibles de la société; rejetés, malades, pécheurs, victimes d’injustices, adultères.

Non seulement il les accueille, mais il fête avec eux, boit, mange. Et son approche de la divinité surprend, étonne, divise. Pour lui, Dieu est Père et accueille d’abord ceux qui se reconnaissent en humilité. Les forts, très bien : ils ont leur contentement. Pourquoi s’en occuper? Logique implacable d’un Dieu qui visite d’abord nos taudis intérieurs, s’y loge et prête l’oreille à nos demandes d’amour.

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L’agence Zénit rapporte que, lors de sa bénédiction au monde le jour de Noël (urbi et orbi), le pape a affirmé « pouvoir » extraordinaire de l’Enfant né à Bethléem :

« Le pouvoir de cet Enfant, Fils de Dieu et de Marie, n’est pas le pouvoir de ce monde, basé sur la force et sur la richesse; c’est le pouvoir de l’amour. C’est le pouvoir qui a créé le ciel et la terre, qui donne vie à toute créature : aux minéraux, aux plantes, aux animaux; c’est la force qui attire l’homme et la femme et fait d’eux une seule chair, une seule existence; c’est le pouvoir qui régénère la vie, qui pardonne les fautes, réconcilie les ennemis, transforme le mal en bien. C’est le pouvoir de Dieu. Ce pouvoir de l’amour a porté Jésus Christ à se dépouiller de sa gloire et à se faire homme; et il le conduira à donner sa vie sur la croix et à ressusciter des morts. C’est le pouvoir du service, qui instaure dans le monde le règne de Dieu, règne de justice et de paix. »

Qu’écrire de plus!

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Au-delà de nos concepts, le Dieu de l’Évangile veut créer un Nouveau Monde. Les Rois Mages partent du confort de leurs maisonnées pour suivre une étoile. Quelle étoile suivrons-nous? Celle de la puissance d’un père tyrannique, ou celle de l’amour qui mène à la croix-résurrection? Des païens ont choisi il y a plus de deux mille ans. À nous maintenant.

Mario Bard

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