Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 15 janvier 2017

par Mario Bard.

S’inspirer des marchands pour suivre l’Agneau

Le Dieu des chrétiens? Qui est-il? J’ai tant de difficulté à m’associer aux bons chrétiens – les politiciens en particulier – clamant leur allégeance à l’Homme décrit dans les Évangiles. Je crois que, ces jours-ci, nous avons droit à des législateurs sans âmes, prêts à détruire leur peuple au nom de l’idéologie qu’ils défendent. Et tant pis pour les faibles ou ceux qui sont considérés comme des parias. Ils n’ont qu’à suivre ou mourir. Une idéologie qui, sous des teintures de christianisme moral, n’a rien d’inspiré des Évangiles.

Rien? Peut-être que j’exagère. Certains me diront qu’enfin, un pays occidental prendra des mesures contre l’avortement, donc, pour la vie. À qui je répondrai : oui, mais… qu’arrivera-t-il de tous ceux et celles qui ont enfin droit à des soins de santé de base à peu de frais ou même gratuit? La vie ne s’arrête qu’à la naissance pour se terminer à la mort?

Où sont les conditions, les chances pour tous? Une fois sorties du ventre de notre mère, sommes-nous condamnés à errer dans un monde sans justice, sans chances de grandir, d’étudier, de ne pas être assommés par de lourdes dettes, de ne plus avoir de toit parce que la banque et les compagnies de crédit vous ont réduit en esclavage, parce que les hauts financiers de Wall Street imposent des rendements pour leurs clients les plus riches, forçant les subalternes à des congédiements?

Ma question est très longue. Par contre, elle reflète bien plusieurs de mes préoccupations.

Notre monde n’est pas construit pour que les plus faibles grandissent. Il est construit pour que les plus forts s’enrichissent dans leur tour d’ivoire. Et tant pis pour ceux qui n’ont pas l’argent pour suivre. Le nouveau dieu « Argent » n’a pas les moyens d’attendre.

***

Sommes-nous prêts à suivre l’Agneau de Dieu jusqu’à la croix, donc, jusqu’à une souffrance d’amour? Sommes-nous prêts?

Sommes-nous prêts à donner généreusement sa vie, sans attendre d’intérêts personnels ou pécuniaires? Sommes-nous prêts?

Sommes-nous prêts à dénoncer pour que la vie – en tout temps!!! – soit reconnue et respectée, quelle que soit la forme?

Le chemin qui nous est proposé par l’Agneau de Dieu n’est pas facile. Mais, si nous nous branchons vers ce Dieu de l’Évangile; si nous examinons et méditons les paroles et les actions de Ieshoua de Nazareth; si nous prenons le temps de les méditer et de penser à ce qu’elles peuvent être pour le monde d’aujourd’hui… Alors, nous pourrons entrer dans l’Esprit du Règne de Dieu et agir pour qu’il advienne.

Pas besoin de grand-chose : un geste, une pause dans le temps qui court, une parole de réconfort, un sourire sur la rue. Ce dernier geste me fait toujours penser au départ sur la Route de la Soie. Imaginez; des hommes qui, de bons matins, osent prendre la route, affrontant les dangers inhérents à tout marchand – voleurs, brigands de grand chemin, pays en révolte ou je ne sais quoi – pour aller vendre la soie.

Si notre intention à construire le Règne de Dieu était aussi déterminée que ces marchands, alors le monde pourrait changer. Un sourire donner sur la rue peut faire chavirer la vie d’un homme, d’une femme, d’un enfant. Les faire sortir de la torpeur de ce monde toujours un peu trop fou.

Imaginer oser pour de vrai une économie du partage! Un système de santé construit pour les patients et non pas pour les médecins. Des politiques sociales qui construisent au lieu d’aliéner. Un système d’éducation qui accompagne au lieu de performer.

Oui, pour le construire ce monde, il y a la souffrance de devoir dépasser nos égoïsmes, nos préjugés, nos espoirs de devenir riche, fort et seul… La croix ne peut être qu’acceptée que dans un Oui libre et déterminé, comme les marchands qui partent sur la Route de la soie. Ils savent qu’au bout du chemin, ils trouveront la fortune. Oser croire qu’une nouvelle manière de vivre ensemble nous fera voir, sentir et être une fortune intérieure inestimable. Suivre l’Agneau, notre seul trésor.

Mario Bard

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