Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 12 mars 2017

par Mario Bard.

Oser pour être transfiguré

Écoutez-le! Cet ordre, cette demande, ce commandement si l’on peut dire, vient du Père. Écoutez-le! D’abord, il faut bien approfondir la parole de Dieu qui se dépose au fond du cœur. Écoutez-le! Puis, osez marcher dans les pas de celui qui a donné sa vie par amour pour ses amis.

Bref, l’injonction d’aujourd’hui reflète en moi mon propre manque d’écoute. Que de fois j’essaie de sauver ma peau pour ne pas répondre complètement à l’appel d’aimer? Mais alors, on me posera la question : qu’est-ce qu’aimer? J’en ai souvent parlé. Aimer, c’est apprendre à faire les gestes qui vont refléter le don d’Ieshoua en croix et son abandon au Père. Une souffrance qui, assumée et librement choisie, conduit à la résurrection, matin fondateur du christianisme.

Partout dans le monde, l’Église en est témoin. Cet amour pour les petits a des conséquences. Des religieuses qui se font assassiner parce qu’elles osent s’élever contre l’injustice des propriétaires sans générosité. Ou encore, des évêques qui osent une parole cinglante à propos de la corruption qui ronge leur pays.

Il y a aussi ces pères évêques qui, aux Philippines, osent dénoncer la sanglante chasse aux sorcières, commanditée par le président Duterte. En à peine six mois, plus de 7000 personnes sont mortes, écrasées sous le collimateur des jugements sans appel et de la vendetta publique. Ceux qui s’en réjouissent sont probablement de bons chrétiens qui fréquentent leur paroisse tous les dimanches. En dépit des appels à respecter la vie, la tuerie pour arrêter les problèmes de drogue est très populaire auprès d’une majorité catholique. Une manière forte d’attaquer le problème de drogues qui n’a rien à voir avec les Évangiles.

Il y a également ces membres des Églises qui osent de nouvelles façons de marcher avec et d’être avec les gens qui vivent en marge. Des fois, complètement à contre-courant. Je pense à des amies petites sœurs qui ont, dès les premiers temps de l’épidémie de VIH, cherché les moyens d’aider. L’une des petites sœurs à accompagner les mourants d’alors. Un geste hors-norme alors que la panique de la contagion était encore une source de discrimination effroyable.

Transfigurer la Parole du Christ Ieshoua, c’est oser prendre des chemins de travers, marcher dans la brousse ou encore, construire soi-même le sentier afin que l’être humain soit de nouveau debout, digne fils ou fille d’un Dieu père qui ne veut que notre bien. C’est ce que j’ose croire et c’est la base de ma foi.

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J’ai pensé à Donald Trump. L’homme aime tant être dans le « spotlight » comme on dit! Comme un papillon de nuit, il chercher la source de la lumière et vient s’y poser. Le problème est qu’il ne semble pas écouter la source de lumière. Le jour levé, il devient comme un animal et cherche la nouvelle lumière qui pourrait le mettre en valeur, lui…

N’est-il pas comme plusieurs d’entre nous? Nos sociétés sont attirées par les lumières de la célébrité, comme si le fait d’être connu réglait automatiquement tous nos problèmes. S’il est vrai qu’il est doux d’être publiquement reconnu pour ce que l’on fait, cette reconnaissance ne règle en rien les grandes questions fondamentales. C’est une distraction qui nous empêche d’être pleinement présents à l’autre, de devenir amoureux au sens chrétien.

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La transfiguration n’est pas un moment reconnaissant la gloire d’Ieshoua de Nazareth, devenu Christ par la grâce du père d’amour de l’Évangile. C’est plutôt la reconnaissance des gestes d’amour sans borne qu’exerce alors celui qui sera condamné à la croix à cause de ces gestes. Aimer vraiment dérange, chamboule, provoque. Mais, cela change aussi le monde. Et, c’est mon espérance, pour le meilleur. Mais, sommes-nous prêts à la transfiguration, à la croix et à la résurrection, intégré dans l’aujourd’hui de nos vies?

Mario Bard

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