Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 23 avril 2017
par Mario Bard.
Croire au-delà de nos yeux de fer
Ils sont nombreux ceux et celles qui disent savoir… mais ne savent pas. Ils sont nombreux les porteurs de mauvaises nouvelles, se tortillant d’envie d’être les premiers à vous raconter une histoire croustillante sur quelqu’un qui peine à vivre. Ils sont nombreux à ne pas avoir vu le Seigneur et à ne pas avoir cru.
Heureusement, ils sont aussi très nombreux à croire sans avoir vu. Ceux et celles qui luttent pour une société plus juste, qui n’attendent pas la dernière étude pour agir en faveur et avec les plus démunis, ayant foi dans la personne avant tout. Ceux et celles qui n’hésitent pas à secourir leurs prochains et reconnaissent l’humanité profonde dans chaque situation, même les plus tragiques. Voir, c’est avoir foi dans l’être humain sans attendre d’autres preuves de l’existence d’une plus grande générosité. Quitte à souffrir sur la croix.
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Le maître de la Maison-Blanche et le maître de la péninsule nord-coréenne sont des incroyants. Malgré leur prétention – pour l’un croire en Dieu, pour l’autre croire dans sa nation –, ces deux hommes doivent voir pour croire. La foi est un mot vain qu’ils rechignent même à penser, faute de pouvoir en écrire lisiblement les lettres dans leur cœur. Mais… que doivent-ils voir au juste? La fin du monde de l’autre? La fin de la vie sur terre? Que voit-il présentement?
Peut-être pas grand-chose… La soif de puissance efface tous sens fondamentaux de la vie; elle aveugle. Et ces disciples des armes, de la guerre et de la puissance à tout prix se laissent aveugler. Peu importe qui sont leurs voisins, qui sont les enfants qui grandissent et veulent construire un futur qui reflète la lumière, ou bien encore, peu importe que des êtres humains proposent des solutions autour d’eux. L’idéologie et la haine de l’autre habitent leurs cœurs. La foi qu’ils ont se limite à ce qu’ils voient présentement. Ils ne peuvent voir un futur qui brille.
Ou bien, ils sont trop cyniques pour découvrir qu’ils pourraient construire ensemble. Détruire pour reconstruire à son image… Quelle horreur.
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Thomas désire-t-il vraiment voir Ieshoua ressuscité? Est-ce que son désir d’aimer est réel? Est-ce que son désir de continuer à être un disciple se reflète jusqu’en dans une foi aveugle dans l’être humain? Est-ce que nous sommes aussi portés par l’aveuglement d’amour en Ieshoua? Se laisser aimer par le tout puissant d’amour au point où notre vie se donne complètement, sans besoin de preuves. « Cesse d’être incroyant, mais croyant. » Peut-être Ieshoua devenu Christ essaie-t-il de nous faire comprendre la voie pour demeurer dans la lumière. Avoir foi dans la vie, ne plus avoir peur, cesser nos batailles inutiles et construire ensemble, non par la force des armes, mais par la force de nos capacités immergées dans l’amour sans condition.
En sommes-nous capables? Sommes-nous aveuglés par notre manque de foi?
« Aimez-vous les uns les autres », disait notre Rabbouni Ieshoua à l’aube de donner librement sa vie. Avons-nous foi? Le voyons-nous, au-delà de nos détresses intérieures? C’est ce que je nous souhaite en ce dimanche où l’Église célèbre la Miséricorde. Croire au-delà de nos yeux de fer.
Mario Bard
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