Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 19 novembre 2017

par Mario Bard.

Partagés pour ne pas être rongés!

Voici une parabole que les tenants de la théologie dite de la prospérité doivent considérer comme centrale dans leur plan d’action. Sans tout à fait leur donner tort sur l’aspect très littéral de celle-ci, je ne leur donnerais pas tout à fait raison… Qui oserait raconter une histoire pareille à une personne vivant dans la pauvreté, alors que nous célébrons en ce dernier dimanche du temps ordinaire la 1re Journée mondiale des personnes pauvres?

En effet, le pape François a promulgué que le dimanche qui précède la fête du Christ-Roi – laquelle termine l’année liturgique dans la tradition catholique – sera désormais dédiée aux personnes qui vivent dans la pauvreté. Ou, ceux qu’on appelle les pauvres. Être pauvre n’est pas une tare et la parabole ne concerne pas tant cette situation, que le fait d’être un mauvais serviteur. Quelqu’un qui ne sait pas écouter la générosité que pratique son maître et la mettre en pratique. Qui est-il cet homme qui semble méchant? Dieu! Mais ne devrait-il pas se montrer conciliant?

Le mauvais serviteur n’a rien fait fructifier. Rien. Au contraire, il a tout caché et l’a fait parce qu’il avait peur. Cette dernière, bien mauvaise conseillère, provoque la colère du Seigneur. Quand nous sommes devant le Dieu de l’Évangile, il n’y a aucune place pour la peur. Il importe de laisser passer et fructifier en soi ce qui a été donné par un Dieu qui n’est qu’un amour. Si nous sommes disciples du Christ Jésus de l’Évangile, nous avons le devoir du partage, de partager l’abondance d’amour qui se dresse en nos cœurs quand nous sommes nourris de l’Évangile.

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Aujourd’hui bien plus que la peur, c’est l’appât du gain et la recherche de la fortune qui donne à ce monde un aspect d’hécatombe. Les guerres en Afrique – République centrafricaine, République Démocratique du Congo en particulier – sont le symbole très fort d’un monde où chercher la richesse à tout prix, par le viol, le meurtre, le vol, le pillage. On désinforme en disant qu’elles sont religieuses alors que la religion y joue souvent un rôle très secondaire. Il est dommage de constater aussi l’appât du gain dans le choix que des individus et de compagnies de placer leur dans ce qu’on appelle les paradis fiscaux. Des sommes colossales dorment sur des îles du sud, pendant que des pauvres dorment sur des bancs parce qu’on leur fait croire qu’il n’y a pas d’argent pour payer des programmes sociaux. Juste pour les sommes placées par des Canadiens, il y aurait 300 milliards de dollars : le budget du pays (http://www.journaldemontreal.com/2017/09/22/300-milliards-dargent-canadien-dans-les-paradis-fiscaux).

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Ces sommes dorment, fructifient par elle-même. Mais là s’arrête la comparaison avec la parabole. Finalement, si elles ne sont pas partagées, elles donnent un semblant de pouvoir immense à celui ou celle qui les possède. Par contre, elles dépossèdent ceux et celles qui n’ont rien, ou qui luttent pour survivre, établissant ainsi une société d’esclaves, qui travaille pour de moins en moins. Le cœur généreux du maître n’est pas multiplié chez nos possesseurs. Ils possèdent pour posséder. Le maître trouvera ce monde en ruine, grugé par l’avidité, le manque de partage et des cœurs seuls cherchant la fin de leur jour, rongés par le cynisme qu’ils ont eux-mêmes contribué à faire grandir.

Partager pour ne pas être rongés!

Mario Bard

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