Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 janvier 2018
par Mario Bard.
Voir, d’abord, à l’intérieur
Habituellement, on dit à quelqu’un que l’on aime, ou bien que l’on veut impressionner, de venir voir! « J’ai quelque chose pour toi! » Ou bien : « Viens voir ce que je te réserve! » On ne dit jamais à quelqu’un de venir voir du rien. Ou bien, on l’attire dans un guet-apens. Comme aux États-Unis ou le grand illusionniste de la télévision réalité a réussi à faire le tout et son contraire… au point d’en gagner les élections, et de dévoiler les grandes lignes d’un programme fait sur mesure pour ses amis les plus riches, et pour lui-même. Mais, c’est une autre histoire…
Celui qui nous invite à venir voir — « Venez et vous verrez » — est moins flamboyant dans ses programmes, sauf qu’il agit : guérison, pardon, retour de la joie sont au programme. Certes, l’ivresse accompagne les foules compactes et heureuses qui marchent avec lui, l’écoutent, ou même, dorment tout près de lui. Elles sont heureuses d’enfin être allégées des fardeaux de lois inutiles, pensées par les plus riches et les plus intelligents de leur peuple. Malheureusement, ces lois ne servent que le profit de ceux et celles qui dominent. Elles n’apportent que misère et ruine au peuple.
Ce voyage que propose Ieshoua est loin d’être facile. Il demande de la constance, de l’humilité – savoir reconnaître qui l’on est vraiment et non pas l’illusion de soi –, de la bonté et de l’abnégation. Il demande de la joie sans réserve, mais aussi, une bonne dose de reconnaissance. Et surtout, il demande que chaque jour, nous parlions avec Dieu, dans la prière. Il demande également que nous sachions voir la bonté qui se cache dans chaque être humain, loin des idées préconçues qui servent souvent à bâtir les lois ou les constats que nous faisons autour et sur l’être humain. Le cynisme, la peur et l’amertume sont des moteurs puissants qui faussent pourtant la route quand ils sont pris comme des chemins principaux. Le cul-de-sac survient sans aucun doute.
Le règne auquel invite Ieshoua n’est pas que la salle de bal illuminée d’or, de lumière et de parures. C’est aussi là où nous sommes guéris et guérissons; l’endroit où nous apportons la joie, la compassion, l’attention à l’autre, le plus faible. Notre monde est parfois bien loin de cela. Les forces sont plutôt tournées vers la performance à tout prix, au risque d’écraser. Mais, c’est la loi naturelle diront les plus forts…
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Venir et voir ce qui se passe et cogite au cœur de l’être humain quand il se met au diapason de l’Évangile, c’est découvrir des initiatives originales qui recréent les tissus intérieurs du cœur de l’humain. Comme celle de cette fondation qui, en France et ailleurs dans le monde, amène des chevaux dans des établissements hospitaliers. Oui, vous avez bien lu : « chevaux ». Un vidéo à propos de l’expérience qui se vit dans un hôpital de Dijon circule présentement. Le cheval, calme et bien dressé, circule et « rencontre » les patients qui eux, se laissent approcher, craintifs ou bien complètement enjoués par la présence de l’animal. Un homme assis en fauteuil roulant pose son front sur le museau de l’animal, qui reste collé, quelques secondes, le temps que l’humain pose ses souffrances, mais aussi sa reconnaissance de vivre. Une vie différente permet de recréer la vie. Avec un investissement minimum, sans tambour ni trompette, la vie reprend son souffle au cœur des patients. Dans l’esprit de François d’Assise, frère cheval permet la recréation d’être humain coincé dans leur lit, ou bien entre les quatre murs du même établissement.
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Venez et vous verrez : les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les pécheurs se relèvent et reprennent goûts à la vie, etc. Sommes-nous aveuglés par les fastes illusions qui mènent aux guerres, ou bien prenons-nous le temps de voir à l’intérieur de soi, pour ensuite marcher d’abondance afin de semer la bonté, la joie et la compassion dans notre monde?
Mario Bard
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