Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 25 mars 2018
par Mario Bard.
Un roi de paix et une croix d’amour à porter
Pleine d’enthousiasme, les foules prennent des rameaux, et, à la vue de Ieshoua, crient, hurlent, chantent leur joie : enfin, le Messie Ieshoua entre dans la ville sainte, dans le cénacle des cénacles, dans l’ultime ville, Jérusalem!
Et tout ira mal. Si l’entrée triomphale est un succès du genre People dont le succès est incontestable, les foules tourneront le dos à celui qui proposera d’aller encore plus loin en soi et de se laisser transformer le cœur. Ils ne comprendront pas. Ils n’accepteront pas, car, trop c’est comme pas assez; le changement est trop soudain, mais surtout, il fait peur. « N’ayez pas peur! », a-t-il déjà proclamé ailleurs. Mais non. Ses paroles sont trop dures, trop fortes. « Bienheureux qui osent croire au soleil de ton pays », clame une chanson spécialement destinée au carême. Rien à faire. Après quelques jours, les foules délaisseront celui qui ose défier les autorités religieuses et les mettre devant leurs contradictions les plus évidentes. Les foules préfèrent le statuquo et l’esclavage provoqué par les vieilles habitudes. À quoi servent les changements et transformations sinon à rendre le monde plus difficile à comprendre, et donc, moins facile à gérer? Notre cœur aimerait demeurer de chaire, mais peine à laisser faire le Dieu de Jésus Christ, à le laisser entrer, à le laisser nous transformer.
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En Amérique du Nord, il est parfois risqué de se dire chrétien. Pourquoi? Non parce que la persécution contre les chrétiens y existe. Mais, parce que le « Messie nouveau » n’y est pas pleinement accepté. Clamer « Aimez-vous les uns les autres » à tout prix est une chose bien gentille. Mais, la destruction des méchants finit, dans le cœur et l’esprit de plusieurs chrétiens, par prendre toute la place. De plus, il est beaucoup plus facile d’être celui clame avec force qu’il possède la vérité que de vivre la vérité de la croix… Qui, de ceux et celles qui portent avec force une croix d’or ou d’argent au cou, porte en soi la vraie croix chrétienne, celle qui mène à la résurrection? De nombreuses personnes préfèrent rester accrochées aux sentiments des premiers jours de la conversion. Avec ce sentiment, elles se sentent invincibles. Ainsi, elles finissent par renier la croix; elles ne souffrent plus, mais font souffrir. Par l’amour qu’elles ne veulent plus donner, et surtout, par l’amour qu’elles ne veulent plus souffrir. Elles refusent l’impuissance créatrice et amoureuse que donne l’Évangile et lui préfère une croix ornementale, dur comme le métal… mais plus facile à porter.
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Enfant, je me disais : « Pourquoi pas sur un chameau ou un dromadaire? » Après tout, les gentils rois mages sont arrivés – mais c’est la tradition et non l’Évangile qui le dit – sur des chameaux de l’Orient lointain et mystérieux dont ils venaient. Un ânon? Franchement pas très reluisant pour un Christ-Roi. Sauf que ce Christ-Roi désire régner en mon cœur, comme un signe de paix.
Mario Bard
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