Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 5 août 2018

par Mario Bard.

Au Seigneur, préserve-nous de la tentation

Un bon nombre de personnes qui se réclament du christianisme se forgent des pensées et des traditions qui, au fil du temps, finissent par être d’abord au service d’une certaine idée de Dieu. Elles risquent même de tomber dans la mondanité,

Que de fois le pape François s’est insurgé contre tout ce qui n’est pas le pain du ciel!

En 2014, à l’occasion de sa rencontre pour donner ses souhaits de Noël à la Curie romaine, ceux-ci sont plutôt devenus des maladies à combattre, et très vite, cette liste est devenue un classique du genre. Des souhaits qui ont presque créés scandales dans cette société fermée. 

Voici la liste de ces maladies à éviter pour s’éloigner du Christ Jésus, tel que rapporté par le site web du Vatican1.

« 1. La maladie de se sentir “immortel”, “à l’abri” et même “indispensable”, outrepassant les contrôles nécessaires ou habituels.

2. La maladie du “marthalisme” (qui vient de Marthe), d’une activité excessive ; ou de ceux qui se noient dans le travail et qui négligent, inévitablement “la meilleure part”: le fait de s’asseoir aux pieds de Jésus (cf. Lc 10, 38-42). 

3. Il y a aussi la maladie de “la pétrification” mentale et spirituelle : de ceux qui ont un cœur de pierre et une “nuque raide” (Ac 7, 51-60); de ceux qui, chemin faisant, perdent la sérénité intérieure, la vitalité et l’audace, et qui se cachent sous les papiers devenant “des machines à dossiers” et non plus des “hommes de Dieu”(cf. Hb 3, 12).

4. La maladie de la planification excessive et du fonctionnarisme. Quand l’apôtre planifie tout minutieusement et croit que les choses progressent effectivement en faisant une parfaite planification, se transformant ainsi en expert-comptable ou en fiscaliste. … En réalité, l’Église se montre aussi fidèle à l’Esprit Saint dans la mesure où elle n’a pas la prétention de le régler ni de le domestiquer – domestiquer l’Esprit Saint ! – … Il est fraîcheur, imagination, nouveauté » [10].

5. La maladie de la mauvaise coordination. … Quand le pied dit au bras : « je n’ai pas besoin de toi », ou la main à la tête : « c’est moi qui commande », causant ainsi embarras et scandales.

6. Il y a aussi la maladie « d’Alzheimer spirituel » : ou l’oubli de l’histoire du salut, de l’histoire personnelle avec le Seigneur, du « premier amour » (Ap 2, 4).

7. La maladie de la rivalité et de la vanité[11]. … Saint Paul lui-même les définit comme des « ennemis de la croix du Christ » parce qu’ils « mettent leur gloire dans leur honte et ils n’apprécient que les choses de la terre » (Ph 3, 19).

8. La maladie de la schizophrénie existentielle. C’est la maladie de ceux qui mènent une double vie, fruit de l’hypocrisie typique du médiocre et du vide spirituel progressif que diplômes et titres académiques ne peuvent combler. … La conversion est plutôt urgente et indispensable pour cette maladie très grave (cf. Lc 15, 11-32).

9. La maladie du bavardage, du murmure et du commérage. J’ai déjà parlé de cette maladie de nombreuses fois mais jamais assez. C’est une maladie grave … Frères, gardons-nous du terrorisme des bavardages !

10. La maladie de diviniser les chefs : c’est la maladie de ceux qui courtisent les Supérieurs, en espérant obtenir leur bienveillance. Ils sont victimes du carriérisme et de l’opportunisme, ils honorent les personnes et non Dieu (cf. Mt 23, 8-12).

11. La maladie de l’indifférence envers les autres. Quand chacun pense seulement à soi-même et perd la sincérité et la chaleur des relations humaines. … Quand, par jalousie ou par ruse, on éprouve de la joie en voyant l’autre tomber au lieu de le relever et de l’encourager.

12. La maladie du visage funèbre. C’est-à-dire des personnes grincheuses et revêches, qui considèrent que pour être sérieuses il faut arborer un visage de mélancolie, de sévérité et traiter les autres – surtout ceux qui sont censés être inférieurs – avec rigidité, dureté et arrogance.

13. La maladie de l’accumulation : quand l’apôtre cherche à combler un vide existentiel dans son cœur, en accumulant des biens matériels, non par nécessité, mais seulement pour se sentir en sécurité. … Je me souviens du déménagement d’un jeune jésuite qui, tandis qu’il chargeait sur un camion ses nombreux biens : bagages, livres, objets et cadeaux, a entendu un vieux jésuite qui l’observait, lui dire avec un sourire sage : c’est ça ‘‘la cavalerie légère de l’Église ?’’. Nos déménagements sont un signe de cette maladie.

14. La maladie des cercles fermés, où l’appartenance au groupe devient plus forte que celle au Corps et, dans certaines situations, au Christ lui-même.

15. Et la dernière : la maladie du profit mondain, des exhibitionnismes[17], quand l’apôtre transforme son service en pouvoir, et son pouvoir en marchandise pour obtenir des profits mondains ou plus de pouvoirs. »

Il me semble que cette liste résume bien tous les dangers qui guettent le disciple, l’apôtre, celui ou celle qui veut mettre sa vie au service de Dieu, mais qui résiste à véritablement manger, adorer, puiser sa force dans le vrai pain, celui qui s’offre pour notre vie, avec un amour extraordinaire.

***

Fidèle à lui-même, le pape François a repris le thème de l’idolâtrie, pas plus tard que ce mercredi 1er août 2018, après un temps d’arrêt pour les vacances – très frugal et bien mérité – du pape. Le site web Vatican News en français rapporte ceci :

« Un Dieu, c’est ce qui est au centre de sa vie, dont dépend ce que l’on fait et ce que l’on pense; une idole, en revanche, est une «divinisation de ce qui n’est pas Dieu», une «vision» qui confine à l’obsession, une «projection de soi-même dans des objets ou des projets». Et le monde, affirme le Pape, nous offre un «supermarché d’idoles», de toutes natures possibles -objets, images, idées ou rôles.»

De quel pain mangeons-nous dans notre propre vie quotidienne? Le pain qui nourrit seulement le corps, ou bien somme des mangeurs gourmand et heureux du pain du ciel?

Mario Bard

  1. http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/december/documents/papa-francesco_20141222_curia-romana.html

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