Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 30 septembre 2018
par Mario Bard.
Avant d’en arriver à la main, oser dire oui.
Quelle parole difficile à lire, à entendre et à écouter! On a l’impression que Ieshoua se transforme en grand intendant sans cœur et sans miséricorde et nous fait retourner dans un temps où le péché était punissable de mort par lapidation, l’amputation d’une main, ou la crucifixion. Oups… Avez-vous regardé les informations dernièrement? Quand vous tapez Iran et lapidation ou bien crucifixion et Corée du Nord, vous aurez de malheureuses surprises.
Mais, ce n’est pas de réglementation dont il est question ici. Et je ne crois pas que, comme être humain – étant celui qui a arrêté la lapidation de la femme adultère –, Ieshoua ne désire certainement pas la peine de mort ou l’amputation. Mais, ces exemples extrêmement horribles sont un appel à la conversion la plus profonde. Entrer dans le Règne de Dieu demande parfois de brasser ses propres habitudes, surtout quand celles-ci mènent au péché et à un enfer permanent. L’un des sens donnés au mot enfer – ici probablement synonyme de géhenne – est d’être « un lieu qui évoque de cruelles souffrances ». Pour le chrétien en marche, c’est la séparation d’avec cet amour si grand que désire le Dieu de Ieshoua pour nous qui mène à l’enfer.
Ieshoua désire notre bonheur, notre joie profonde, notre cœur rempli d’un paradis qui se gonfle en nous. Non pas artificiel, mais tout à fait tourné vers l’amour toujours plus fort de ce Dieu père et de tous les saints qui habitent la terre et le ciel.
Pour mieux comprendre cet Évangile, il faut se mettre dans la peau de Ieshoua qui hurle après nous, désespéré de nous voir nous perdre au fond d’un gouffre de plus en plus profond. Certes, l’Évangile ne dit pas qu’il crie. Mais, son injonction est si forte et si claire! Et il nous apprend que son Père désire, aimerait, voudrait – tendrement et librement – habiter notre cœur.
Il brise les anciens préceptes. Son Évangile brise les anciens préceptes. Aucun roi, aucune reine ne sont plus grands, plus grandes que le cœur qu’elle laisse habiter par celui qui peut tout, au plus fort de nos détresses. Si l’on dit oui, le sourire de la bonté peut habiter nos tristesses et nos angoisses. Petit à petit, en respectant nos oui, nos échecs, nos trébuchements.
Le Dieu de l’Évangile, pour qu’il habite notre cœur et en devienne notre maître, a aussi besoin de nos mains et de nos pieds. Mais, pour que ce Dieu de l’Évangile devienne un heureux locataire, nos mains et nos pieds ne doivent pas chercher leur propre gloire, mais ils doivent plutôt apprendre à servir.
La priorité donnée par le Dieu que présente Ieshoua n’est plus dans l’adoration insensée d’un Dieu cruel, revanchard et puissant comme homme ou une femme remplie de forces physiques fabriquées pour la guerre. Le Dieu de Ieshoua habite au cœur même de nos gestes de service donnés avec amour, tout simplement donnés avec gratuité. Nos mains n’ont pas besoin d’être coupées si elles se mettent au service de l’élévation de l’être humain au simple d’un oui. Donné.
Présentement, des mains solidaires se donnent au service des autres, à la suite des tornades qui ont détruit des logements et des bouts de quartiers dans la région d’Ottawa et de Gatineau. Plusieurs d’entre elles, au contact du service, sentent leurs cœurs se gonfler de joie profonde. Rien de bien grand et rien pour faire la une des téléjournaux. Par contre, c’est bien ce dont ces mains ont besoin pour survivre et pour éviter la géhenne. Un lien qui construit la maison de Dieu, sans que l’orgueil – vil et sans mesure – vienne les leur couper. Des mains solidaires osent dire oui, malgré leur faiblesse. Parce qu’elles croient que ces mains peuvent changer le monde. Cela fait du bien.
Mario Bard
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