Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 21 octobre 2018

par Mario Bard.

D’abord, toucher la main, pour mieux comprendre

Je connais des gens dans nos Églises chrétiennes, et dans d’autres traditions chrétiennes, qui font sentir leur pouvoir sur les plus petits. Les croyants les regardent avec une admiration démesurée. Alors, non seulement les croyants font une erreur incroyable sans qu’ils ne s’en rendent compte, mais ils mettent en danger toute l’Église.

Comment? En donnant une importance démesurée à des hommes et des femmes qui, certes, ont beaucoup reçu. Mais, jamais au grand jamais on ne devrait leur donner le Bon Dieu sans confession comme, trop souvent, nous avons tendance à le faire depuis toujours. Nous en avons constaté les fruits de pourriture spirituelle et de direction totalement pervertie qui ont mené aux milliers d’agressions sexuelles sur des mineurs ou bien de l’abus psychologique dans l’Église catholique ainsi que dans d’autres institutions.

Ieshoua m’impressionne encore. En effet, sa vision du chef est d’abord celle d’un serviteur qui porte des fruits. Ce qu’il désire voir fructifier se trouve écrit dans ses gestes les plus controversés; l’accueil inconditionnel de la femme adultère; la guérison d’un paralytique le jour du sabbat; il se laisse toucher par une femme qui perd continuellement du sang; il raconte qu’un samaritain – honnis des Juifs – a sauvé un homme blessé sur la route de Jéricho. Et la liste est longue et pleine de cas inconnus. Ieshoua porte en lui, et d’abord, des guérisons réelles et complètes d’hommes et de femmes, d’enfants aussi, qui sont considérés comme morts pour la société du temps. Il sert d’abord et parle ensuite.

Dans nos sociétés dites chrétiennes, nous privilégions souvent l’inverse. Celui qui sert se retrouve souvent à la dernière place. Si son discours n’est pas convaincant, on ne l’écoute pas, on ne prête pas attention, on passe son chemin et on ne prend même pas le temps d’écouter ses actions. On le traite avec mépris. Pourtant, servir en premier est exactement ce que fait Ieshoua. Il inspire une vision tellement différente de la façon de diriger que ses chefs religieux paniquent. Ils finissent par l’éliminer. Son service d’amour inconditionnel dérange et brasse trop d’éléments en nous. Au cœur de notre cœur, sont remises en condition nos attitudes de xénophobie, de racisme, d’égoïsme, de vol, de manque de générosité, de non-accueil inconditionnel, de manque de joie et d’espérance, nos attitudes mondaines, et j’en passe.

Le baptême donné par le père de Ieshoua n’a rien de bien compliqué. Il demande simplement une ouverture plus grande à l’esprit de service qui habite tous les cœurs de la terre. Sans grande originalité, je vous confie que, ces jours-ci, je suis « stické », collé, « scotché » sur une chanson originalement interprétée par Diana Ross. La version sur laquelle je fais du surplace est chantée par Heather Headly, surtout connue pour ses rôles sur Broadway à New York et dans les milieux de la musique Gospel états-unienne. La chanson est interprétée lors d’une soirée-bénéfice à laquelle assistent quatre anciens présidents : Georges W. Bush, Bill Clinton, Georges Bush et Jimmy Carter. Devant ce gratin politique, elle chante : « Reach out and touch ». Rejoins et touche la main de quelqu’un qui a besoin de ton aide, si tu le peux, oui, tu le peux… pour faire de ce monde un endroit meilleur.

Toucher la main de l’autre, la tenir et écouter pour mieux comprendre le silence ou la parole de l’autre : premier geste d’un vrai chef.

Le premier geste de notre mort sur la croix dans l’Esprit de l’Évangile – et donc qui mène à la résurrection, parce que vécue par et avec amour – est de tendre la main à quelqu’un qui en a besoin. C’est, en tous les cas, le premier geste des vrais chefs.

Mario Bard

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