Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 11 novembre 2018
par Mario Bard.
Pour un Dieu de confiance à l’Ère du bling-bling
Hier, six novembre, les États-Uniens d’Amérique menaient leurs élections dites de mi-mandats. Devant un président bling-bling, préférant la peur, le torse bombé, des stratégies douteuses et la division des races, de religion économique, il a été difficile de contrer ses partisans. Un fait troublant. Visiblement, en ces temps où l’économie est la nouvelle religion et où rien ne laisse présager une fin de règne pour ses serviteurs les plus dévots, il est difficile de penser qu’une pauvre veuve peut vaincre la terreur créée par un système de pensée dans lequel les plus riches sont adulés, et les plus pauvres condamnés à vivre confinés dans leur caste.
Oui, le trouble que j’ai peut parfois m’empêcher de dormir. Car, au-delà des facéties d’un homme qui aime le bling-bling – il a le droit – il y a l’établissement d’un règne plus épeurant, plus dangereux pour le cœur de l’être humain. L’établissement d’un nouvel ordre qui réduit au servage ceux et celles qui, pour un court instant dans l’histoire, semblaient avoir réussi à se dépêtrer des griffes autoritaires de ceux et celles qui savent pour notre bien. Une génération a pu s’éduquer afin de s’élever au-dessus de la mêlée, et améliorer son sort. Certes, rien n’est parfait, et de nouveau gourous et prêtres sont nés. Malheureusement, les « hyperlatifs » se sont mis à déferler et ont donné à l’économie-religion un nouveau souffle. L’illusoire pouvoir de l’argent comme ultime don a fait grossir le monde, au point de le rendre capable d’autodestruction; le plus gros bateau; la plus grande tour; la plus grosse fortune; la plus grande armée; la plus grosse bombe…
L’Ère du bling-bling considère aussi que l’amour est une avenue où doit d’abord se réaliser un Égo plus grand que la panse. Ensuite, l’autre qu’on dit aimer peut bien crever : si je me suis accompli dans une relation, tout est accompli.
La veuve représente tout ce que l’Ère bling-bling déteste. Elle n’a pas d’argent – horreur! –, elle fait partie d’une caste que des scribes mâles et bien portants ont choisi d’ignorer et de laisser dans un coin. Elle n’est rien, pareil à l’image de certaines veuves indiennes qui, encore aujourd’hui, sont confinées à des maisons d’accueil. La veuve de l’Évangile dérange parce que la société de son temps a choisi de préférer des lois anciennes qui la confinent à n’être plus rien sans son mari.
Elle dérange aussi, car elle a choisi de mettre sa totale confiance en Dieu. Aujourd’hui, seront nous des scribes qui ne font que verser le surplus avec condescendance, arrogance et la confiance des rois forts et destructeurs? Ou bien seront nous des cœurs ouverts au point de tout verser dans le tronc, confiants dans la bonté et l’amour de Dieu, qui que l’on soit?
Aucun être humain n’est une tare devant Dieu. Et si les chrétiens qui se déclarent ne rendent d’abord amour pour amour, quelle est la valeur de leur croyance, de leur rite et de leur foi? S’ils ne donnent que leur surplus au Dieu d’amour et gardent l’essentiel pour eux, quelle réelle confiance ont-ils en Dieu?
Mario Bard
Chenillot
Je viens de m’abonner à votre news letter.
Je connais votre site depuis quelques années pour la rubrique du « pain sur la table » que j’utilIse dans mes préparations d’echanges avec des catéchumènes.
Le ton et l’engagement de votre lettre me surprennent. Vous affichez une position claire, illustrée, contemporaine, très engagée.
Ma surprise provient de ce que je suis un paroissien français du diocèse d’Annecy (patrie de St François de Sales et de St Pierre Fabre ).
Les clercs français n’ont plus l’habitude de lire dans une lettre d’information chrétienne de tels commentaires politiques.
Cela ne me choque pas, vu de France, le Pdt Trump semble effectivement être un sinistre personnage, s’illustrant par une politique impitoyable mais je n’imaginais pas lire cela dans un blog officiel.
Je suis tellement étonné que je n’arrive pas à porter le moindre jugement de valeur.
La surprise passée, je dirais que « ça me plaît »
Fraternellement votre en Jesus-
Christ et que Dieu vous bénisse.
Thierry Chenillot
De la paroisse Ste Croix en pays de Cruseilles.
Mario Bard
Bonjour à vous Thierry,
tout d’abord, merci pour votre réaction et je suis bien heureux que vous appréciez ce mot qui n’est pas savant, mais simplement faits de connaissances accumulées au cours de ma vie de chrétien.
Au sens large, le mot politique – dont le sens actuel n’apparaît qu’aux environs du 13e siècle selon certaines sources -, veut dire « qui concerne le citoyen ». L’Évangile nous appelle à être pleinement citoyen. Par exemple, lorsque Jésus est dans le temple et chasse les vendeurs, le geste veut dire quelque chose. Éminemment politique? Peut-être. Je crois qu’il laisse peu d’espace à l’interprétation : Jésus refuse la main prise des offrandes vendues en substitution de son âme. La contrition ou l’action de Grâce doivent d’abord se faire avec Dieu et le prochain.
Continuez à nous lire, et je vous rappelle : ces commentaires sont non-savants. Fouillez plusieurs sources et continuez le passionnant chemin de recherches qui est celui d’un chrétien qui veut vivre et partager avec intelligence sa foi.
Au plaisir,
Mario Bard