Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 15 septembre 2019
par Mario Bard
La Miséricorde : un essentiel éternel
Le chapitre 15 est central à toute vive chrétienne. L’ignorer ou passer rapidement par-dessus, c’est ignorer le cœur même de Jésus.
De tout temps, nous avons été fascinés, choqués ou encore tout à fait surpris de réaliser que Dieu n’est pas un père méchant. Il est plutôt un être d’amour qui nous désire heureux et pleinement épanouis. Cependant, nous avons la fâcheuse tendance à ne pas écouter ou bien à laisser de côté nos peurs, dont celle d’être pleinement heureux. Alors, nous nous éloignons de Dieu; nous partons avec notre part d’héritage faire la guerre à notre relation avec lui. Parfois, nous le renions et pas seulement un peu. L’exemple de Pierre est fascinant.
Ainsi, Pierre renie Ieshoua, trois fois plutôt qu’une, celui avec qui il a marché tous les jours. Du temps de leur rencontre au temps de la croix, Pierre a marché dans les eaux pour s’y enfoncer. Puis, il s’est perdu quelques jours après le reniement. À la résurrection, Jean et lui vont voir ce que Marie-Madeleine a constaté : le corps n’y est plus! Enfin, au jour de la Pentecôte, l’apôtre Pierre n’a plus peur. De la mort aux nouveaux jours soufflés par l’Esprit Saint, Pierre arrive enfin à annoncer l’Évangile avec une vigueur telle qu’il sera mis en croix, comme le maître.
Lorsqu’on commence à annoncer la libération des esclaves et que l’amour est la seule des valeurs qui vaillent; quand on croit qu’un homme ou bien qu’une femme qui a commis le péché peut se relever et retrouver le chemin de sa propre humanité, être réhabilité, nous sommes certainement sur le chemin du Dieu que Ieshoua nous fait rencontrer dans l’Évangile.
Se laisser aimer et aimer : ce sont les seuls éléments qui vont rester à la fin de nos vies. Rien d’autre. Celui ou celle qui affirme le contraire n’a jamais perdu un être cher. Et cet amour contient en lui la grandeur de la miséricorde. Rien n’est plus heureux que la miséricorde. Les grands de ce monde qui désirent mener le monde avec autorité, ordre moral et ordre économique sans merci, n’ont aucune idée de la bonté du Dieu de Ieshoua sur eux. Ils disent, mais ne font pas. Ils tuent la vie au nom de la vie elle-même.
Une fois que l’on a gouté à la douce bonté de la miséricorde, on ne peut plus voir le monde comme avant. Nos grandeurs d’avant deviennent bien petites et insignifiantes; elles n’ont plus de goût dans le centre de notre cœur.
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Pourtant, il existe des jours durant lesquels je ne me sens plus. Je ne sais plus tout à fait qui je suis. Je reste seul et rage parce que des êtres de joie et de paix, remplies du don de service et de gratuité, partent vers le ciel. La mort corporelle m’arrache le cœur. Où sont les êtres que j’ai aimé? Seule la foi me permet de dire qu’ils vivent encore – plus que jamais! Sinon, je ne suis pas du genre à ressentir la présence des personnes revenues de l’au-delà nous dire « Je t’aime ».
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Au cœur de la mort, le seul désir qui reste, c’est d’être aimé. Pourtant, cet amour doit contenir un élément essentiel, sinon il est superficiel : la miséricorde. Celle que l’on reçoit et celle que l’on donne, aussi maladroite soit elle comparée à celle du Christ. Si nous n’entrons pas dans ce mouvement du cœur, nous risquons de demeurer tristes, sans la plénitude essentielle pour l’envol et l’amour éternel.
Mario Bard
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