Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 13 octobre 2019

par Mario Bard

D’abord remplie de grâce

Livré à la bonté de Dieu, le Samaritain purifié revient vers Ieshoua et rend grâce à la source de sa propre guérison : Ieshoua. Mais, pourquoi le Samaritain revient-il vers lui?

D’abord, c’est un Samaritain. Techniquement, il lui est impossible d’aller à Jérusalem au temple comme le prescrit la loi juive… parce qu’il n’est pas considéré comme faisant partie du troupeau d’Israël. Il adore sur le mont Garizim, source de division définitive entre les gens de Samarie, ceux de Galilée, et surtout, ceux de Judée, lieu où se trouve le Saint des Saints à Jérusalem. Selon la loi, ceux qui guérissent de la lèpre ont des étapes à suivre pour être réintégrés dans la société, dont celle d’aller au temple rendre grâce à Dieu. Donc, jusqu’à maintenant, rien de si étonnant dans le fait que le samaritain guérit de la lèpre, soit celui qui retourne vers Ieshoua pour lui rendre grâce. Et puis, les autres ont obéi à ce que Ieshoua ordonné : allez-vous montrer au prêtre.

Dans leur élan et dans leur bonheur d’être enfin guéris, ces lépreux obéissent promptement. Ils sont encore dans le règne de la peur. Ils ne peuvent retourner vers Ieshoua et dire « merci et maintenant nous irons au temple ». Ils demeurent dans les ténèbres d’un monde où la loi et l’ordre règnent : ils obéissent sans âme et sans vraiment penser au futur. Je fais ce que l’on me dit, pendant tant d’années, j’étais un paria, maintenant, il est hors de question que je sois honni de la société parce que j’ai d’abord osé remercier l’auteur même de ce miracle.

Le Samaritain n’avait rien à perdre : dans la société juive, c’est déjà un perdant. Tandis que les autres ont tout à gagner. Mais, qu’auraient-ils perdu en saluant simplement celui qui leur a rendu la vie? Les règles de leur religion interdisent-elles un tel remerciement? Je ne pense pas. Après, ils auraient pu s’y rendre et faire tout ce qu’ils avaient à faire pour réintégrer la société.

***

Le Samaritain est peut-être aussi le symbole de la profondeur du message de Ieshoua. Il ne s’adresse pas seulement aux êtres humains de sa race et de son peuple. Après la résurrection et la Pentecôte, les disciples et les évangélistes ont su reconnaître que la Parole, le Verbe fait chair parmi nous, adresse une bonne nouvelle à toutes et à tous, peu importe la race, la langue et même, la religion! Son message de bonheur, de justice, de paix et de don de soi s’adresse d’abord aux cœurs remplis de bonne volonté. Des cœurs qui sont trop souvent considérés par les gens autour d’eux comme remplis de naïveté et de trop de gratuité. Des cœurs purs diront certains. Pourtant, dans un autre passage des Évangiles, Ieshoua déclare que ce sont les cœurs purs qui verront Dieu.

Le Samaritain a vu Dieu. Et, extrapolons, son cœur s’est rempli d’une joie et d’un feu qui ne s’éteignent pas. Parce qu’il a su reconnaître la bonté de Ieshoua et la grâce de la guérison.

À quand des religions qui sont d’abord remplies de grâce?

Mario Bard

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