Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 12 avril 2020
par Mario Bard.
Se donner, par amour pour ses amis
Le jour décline et la nuit commence à donner ses couleurs : noir, noir sombre, noir léger, noir ténèbres, noir confus. La nuit est obscure. En son mystère, Ieshoua se réfugie. Il n’y a pas que des ténèbres dans la nuit.
Mais, celle de l’agonie fait partie de ces moments clés. De ce temps où l’on sait que demain, tout sera changé. Pour le meilleur ou pour le pire. Ieshoua entre au Jardin de Gethsémani, sachant qu’à l’aube, son corps sera donné en pâture, ses idées et son cœur sont rejetés même par ses disciples ! Après la nuit où passe un peu de lumière, c’est la nuit complète, opaque, inquiétante et affolante, ténébreuse et sans issue qui semble se profiler. Y survivre relève pratiquement de l’exploit.
Ieshoua choisit pourtant, au cœur de la nuit, de finalement se donner. Donner sa vie sans violence, victime offerte aux mains affolantes d’un clergé plus intéressé par son prestige qu’à consoler son peuple, comme le demande pourtant le prophète Isaïe : « Consolez mon peuple », lance le prophète avec force ! Ce que Ieshoua a réussi à faire, c’est justement de redonner Dieu au peuple dans lequel il est venu. Il a guéri, pardonner, redonner la dignité, annoncer que Dieu, Abba, Père, n’est pas le juge que les cœurs endurcis par un savoir qu’ils croient contrôler annoncent.
La peur, la domination par la force, le chaos et le mensonge n’ont pas leur place dans le cœur de Dieu. Malheureusement, nous tombons trop souvent dans le piège de la vulgarité sans nom que représente l’orgueil mal placé : celui de croire que nous savons. De ce savoir naît le sentiment impérieux de tout diriger, replacer, purifier. Au cœur de ce sentiment, où situé l’Esprit de service ? Nulle part. Et ne me faites pas dire ce que je ne veux pas dire. L’éducation et le savoir sont essentiels. Ils deviennent des poisons pour le cœur quand, tout à coup, il monte à notre tête sans passer par le cœur. Pour le chrétien, sans que cette éducation du cœur ne se soit laissée pétrir de l’Évangile.
C’est alors qu’un être humain peut justifier la tuerie d’un autre être humain.
Alors, Ieshoua ne s’est-il pas élevé contre toute attitude de haine et de pouvoir omnipotent ? N’a-t-il pas mis au milieu de ses disciples un enfant en déclarant que le Royaume des Cieux appartient à ceux et celles qui lui ressemblent ? Rappelons-nous que les enfants n’étaient alors considérés que comme des choses : l’adulte, le puissant, celui qui sait et qui possède, était le modèle à suivre. D’ailleurs, est-ce que les choses ont bien changé depuis…
C’est peut-être pourquoi Ieshoua était aussi provocant pour l’être humain de son temps… comme pour celui d’aujourd’hui.
Je nous souhaite de trouver en nous les clés pour accueillir la liberté du don si incroyable de Ieshoua. La liberté qui nous permet de nous donner, par amour pour nos amis.
Bon Triduum et Joyeuses Pâques !
Mario Bard
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