Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 7 juin 2015

par Mario Bard.

Devenir chair et sang du Christ : pour que le monde soit un Saint-Sacrement!

Seigneur, viens éclairer les ténèbres de mon cœur chante l’ensemble choral de l’Abbaye de Sylvanès dans le sud de la France. Inspiré de la fameuse prière pour la paix attribuée à Saint-François-d’Assise, ce chant d’espoir redonne force lorsque, trompé par les illusions qui peuplent par millions notre monde, nous aboutissons au bout d’un cul-de-sac.

La gloire de ce Dieu présenté par Ieshoua est l’être humain debout. Un être qui n’a plus peur. Qui peut enfin marcher sur des routes tumultueuses sans peur, car il sait que la route n’est qu’une étape vers le mieux, le Christ. L’amoureux qui se donne jusqu’à la croix.

Celui qui se donne à manger. Qui donne sa chair pour révéler la souffrance. Qui donne sa chair pour révéler la résurrection. Marcher dans ses pas, c’est révélé à notre chair un peu plus de la croix et un peu plus de la résurrection.

Quand il m’arrive d’être pris dans le tourbillon des illusions, je me rappelle Judas. Le disciple traitre, mal avisé qui ne s’aperçoit que plus tard de sa méprise. Et pris de remords, il met fin à sa vie.

Certains lecteurs chrétiens voudraient bien que l’exception confirme la règle. Que Judas soit à jamais sacrifié sur l’autel de l’enfer et qu’il y demeure, brulant sans arrêt parce qu’il a trahi le maitre. Je suis plutôt de ceux qui espèrent que Judas a été sauvé par le Père.

Pourquoi?

Parce qu’à la table, le Fils lava les pieds des douze, signe de pardon et de service absolu devant ces disciples encore peureux et peu zélés. Parce que le souhait ultime de Ieshoua, Fils du père absolu d’amour, c’est que chaque être humain soit sauvé, peu importe le chemin. Pourvu que l’amour, l’amitié et l’agape dominent le cœur d’une personne, qu’il « soit Homme de bonne volonté » comme le chante les anges de Noël. Tout le reste, comme le croyait Thérèse de Lisieux, est noyé dans l’océan d’amour. « Les multitudes d’offenses ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan miséricordieux de Dieu », croyait-elle (je paraphrase).

Le croyons-nous? Comment recevons-nous le pain et le vin partagés par Ieshoua? Sont-ils un bonbon pour nos mérites – comme certains le croient – ou bien sont-ils des instruments qui nous permettent de grandir et de devenir de plus en plus le corps et le sang du Christ Ieshoua dans cette société, appelée à devenir Règne de Dieu?

***

Chaque jour, des gens de toutes traditions religieuses et de toutes nationalités luttent pour que le Règne de Dieu arrive. Je pense à cette jeune fille du Pakistan qui milite pour que les filles de son pays aient accès à l’éducation. Malala a failli mourir, tiré à bout portant par des talibans qui croient encore que les femmes ne sont que des sous-humaines, bonnes seulement à donner des enfants, mâle autant que possible.

Elle a donné son sang, et elle continue à le donner par sa lutte, ses sueurs, son courage. En 2014, et à 17 ans, elle a reçu le prix Nobel de la paix.

Puis il y a sœur Helen Prejean. Religieuse américaine, elle milite pour l’abolition de la peine de mort aux États-Unis. Son dernier geste lui a valu des critiques sévères de la part de plusieurs Américains, dégoutés par le geste de ce jeune poseur de bombe du marathon de Boston. Elle a demandé que la justice du Massachusetts ne le condamne pas à mort. C’est perdu. On ne croit pas aux chances de réhabilitation. On préfère le transformer en martyr pour le camp des extrémistes musulmans.

Et puis, il y a tous ces exemples inconnus de gens qui pardonnent malgré l’impardonnable. Non sans douleur. Pardonner n’est pas oublié. Mais, il croit en l’humain plus qu’en l’acte irréparable qui a été posé. Il pleure, le sang qui coule dans leurs veines est parfois sur le bord d’éclater tellement ils ont mal. Pourtant… ils choisissent le pardon.

***

Pour moi, ce sont tous des chairs et des sangs de Ieshoua. Certains y laissent leurs vies, leurs santés, leurs réputations. Peu importe. Il croit que Judas peut retrouver la liberté.

Y croyons-nous? Est-ce que nous croyons davantage au péché qu’au pécheur?

Et puis… est-ce que nos Eucharisties, nos services religieux et autres temps de prières nous donnent cette force de marcher de la croix vers la résurrection?

Est-ce que le monde, grâce à l’Esprit-Saint qui souffle en nous, devient de plus en plus un Saint-Sacrement?

Mario Bard

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