Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 2 août 2015

par Mario Bard.

La révolution de Dieu 

Imputer le début de Révolution française à la seule faim est une erreur. Il y a plusieurs facteurs qui sont en jeux, notamment, les luttes de pouvoirs entre une bourgeoisie qui s’enrichit grâce au commerce florissant, ainsi qu’à l’industrialisation du textile qui prend de l’ampleur. Mais, pour mon propos d’aujourd’hui, concentrons-nous sur l’estomac dans les talons que les pauvres paysans et les pauvres citadins ont pu expérimenté.

Dans son article web consacré à la question, Larousse indique ceci : « À remuer les documents d’archives qui disent le pain cher et la révolte des pauvres, les premiers historiens, tel Michelet, virent dans la misère la cause essentielle de la Révolution. “Hommes sensibles, s’écrie Michelet, qui pleurez sur les maux de la Révolution (avec trop de raison sans doute), versez donc aussi quelques larmes sur les maux qui l’ont amenée. Venez voir, je vous prie, ce peuple couché par terre, pauvre Job, entre ses faux amis, ses patrons, ses fameux sauveurs, le clergé, la royauté. Voyez le douloureux regard qu’il lance au roi sans parler.” »

Je me suis toujours demandé : si les mauvaises conditions d’agriculture – épizootie en 1785 et un mauvais été de récolte en 1788 —, ainsi que la hausse des produits du blé n’avaient pas eu lieu, est-ce que le peuple de Paris se serait révolté avec autant de véhémence et fait de la prise de la Bastille le départ d’un monde nouveau, basé sur l’égalité, la liberté et la fraternité? J’en doute. Ou plutôt, le temps d’implantation de ces idées aurait été beaucoup plus long.

Certes, les philosophes auraient pu discourir pendant des heures et essayer de convaincre le tout-venant. Mais rien, absolument rien ne provoque si rapidement le soulèvement que la faim. Les idées sont dans les airs et circulent, bienséantes ou tranchantes. Mais, la faim, quand on l’expérimente, elle nous oblige à agir.

De même la faim spirituelle.

En haut de leurs piédestaux de gloire, plusieurs vedettes révèlent des années plus tard qu’elles ne savant plus commencer redescendre. De plus, elles sentent bien que la gloire, quoi qu’agréable et donnant la richesse pour survivre jusqu’à la fin des jours, ne peut tout donner. Elles se tournent alors vers leurs vies spirituelles. Pour un temps – comme une mode passagère – ou pour le reste de leurs jours.

Les chrétiens se nourrissent de la parole de Dieu par le biais de l’Évangile. Peu de livres équivalent à cette parole qui, mise en son contexte, révolutionne notre être intérieur. Quand on la prend au sérieux, cette nourriture nous empêche de tourner en rond. Et deviens, avec le temps, de plus en plus exigeante. Pas dur comme une brique ou un roc. Mais, elle nous questionne avec de plus en plus d’acuité.

On ne peut s’en passer sans devenir plus faible et plus confus. Il y a dans ces mots un sens à la vie qui mène tout droit vers soi et les autres. Dieu s’aperçoit bien que sa Parole révolutionne notre intériorité, qu’elle la chamboule, la passe à la charrue. Le besoin se fait d’ailleurs sentir alors de l’interroger, de douter de Lui, ou encore, de le louanger.

Dans cette révolution intérieure qui s’opère, Dieu est peut-être l’inspirateur. Mais, loin de l’image d’un Robespierre épris d’une lutte inspirée par la terreur. Ainsi, toujours dans le Larousse web, on peut lire à son propos (et ses propos) : « Terrible aux méchants, mais favorable aux bons, le gouvernement révolutionnaire a comme ressort la vertu appuyée sur la terreur, “la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante”. »

Aïe : Robespierre passera lui aussi à l’échafaud, victime – jusqu’à un certain point – de son propre régime d’intransigeance lequel aura d’ailleurs initié le Règne de la terreur, période de la révolution pendant laquelle la guillotine connaîtra ses heures de gloire.

Le Dieu de Ieshoua lui, nourrit d’abord. Apaise ensuite par une nourriture qui ne révèle jamais tout, mais qui porte toujours plus loin notre réflexion intérieure. Pour enfin nous donner la joie d’une révélation intérieure qui ne s’arrête jamais.

C’est mon expérience, c’est aussi mon espérance. Pour une révolution intérieure qui durera toujours.

Mario Bard

  

  1. Étienne Godard

    Merci Mario pour cette réflexion sur le pain et la parole et cette analogie faite avec la révolution française, elle crée un image très sensible entre deux nourritures essentielles à l’humain

    Étienne

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