Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 13 septembre 2015
par Mario Bard.
Une croix d’amour qui questionne… toujours.
Souffrir pour suivre et servir? En bon épicurien, c’est bien la dernière chose que j’espère dans ma vie. Rien de plus difficile que ce chemin proposé par Dieu! D’ailleurs, pourquoi la souffrance existe-t-elle? Pour nous rendre fous? Pour nous donner quoi? comme disait Yvon Deschamps dans son fameux monologue sur les syndicats : « Quossa donne? »
En fait, je ne crois pas tant en la souffrance que dans l’espérance qui est liée au travail, au lien, à l’effort que l’on fait, ou encore – de manière plus mystique –, au « temps que l’on prend pour dire je t’aime », comme le chante si bien Gilles Vigneault.
Et ces instants de conversation avec Dieu, ils sont essentiels pour en arriver à soulever en nous des montagnes de désir d’amour; des montagnes de désir de faire le bien; des montagnes de désirs de marcher à sa suite. Les disciples l’avaient devant les yeux. Ils le reconnaissent à mi-chemin de l’Évangile de Marc. Comme Christ.
Mais, comme les disciples à ce moment-là, nos yeux sont peut-être encore aveuglés par l’image de puissance que l’on attend du Christ, le même qu’attendaient les juifs. Rien ne pouvait les empêcher de penser ainsi. Après tout, l’histoire même d’Israël est remplie de ces contes et légendes extraordinaires dans lesquels le héros ne meurt pas et possède des pouvoirs super-naturels illimités.
Pas Ieshoua.
Il meurt sur une croix. Et si sa résurrection est un acte de foi, elle ne constitue en rien, pour le croyant chrétien du moins, un acte super-naturel. Elle constitue simplement une suite logique du don créé par l’amour donné de Ieshoua. Malheureusement, il est passé par la souffrance de la croix.
Un Christ souffrant; rien de plus paradoxal. Si bien qu’encore aujourd’hui, plusieurs vont refuser de suivre Ieshoua et son esprit. Pourtant, le maitre montre la voie. Non qu’il faille chercher à souffrir. Ce dont j’en comprends, c’est que la souffrance est un fruit de l’amour. Douloureux, parfois impossible à soutenir. Paradoxe puisque, lorsque l’amour va jusqu’au bout, il fera souffrir. Une mère qui accompagne son fils criminel, ou sa fille criminelle.
N’excusant rien des actes, mais accompagnant jusqu’à la souffrance.
Souffrance de la croix à porter : cet amour qui nous prend aux entrailles, mais permet d’avancer et faire avancer les autres. Empathie creuser jusqu’aux larmes… Et qui nous apprends à dire : oui, je te reconnais comme le Christ, celui attendu depuis les mots d’Isaïe. Un Christ souffrant certes, mais ô combien plus près de nous, humains.
Et surtout, prêt à nous apprendre à le devenir également. En servant, jusqu’au bout de notre amour.
Mario Bard
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