Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 7 février 2016
par Mario Bard.
Pêcher, parce que c’est aimer
Pêcher des humains… prendre avec soi tous ceux et toutes celles qui luttent dans leurs chairs et leurs esprits, et leur parler, leur faire vivre même, la miséricorde. Leur donner une idée du Royaume. C’est possible. Mais, il faut laisser l’amour écarteler ses peurs et descendre à l’intérieur de soi.
Ce n’est pas simple : quel humain peut prétendre vouloir sauver un autre humain? La prétention a donné lieu à tant de perversité destructrice! Par exemple, les Premières Nations du Canada dans les pensionnats autochtones. On a voulu « tuer l’indien dans l’enfant », car on considérait que la race blanche et sa religion chrétienne – anglican, catholique, presbytérien entre autres –, était le nec plus ultra de l’humain. Rien de plus évolué n’existe et n’existera devaient-ils penser…
Pourtant, après plus 150 ans, ce sont des Nations brisées que l’on a construit : suicide, violence familiale, alcoolisme, solitude, manque de repère. Heureusement aujourd’hui, elles ont repris espérance et bâtissent des Premières Nations qui retrouvent leurs racines, tout en étant capables d’intégrer la postmodernité.
Les Églises et leurs savants ont souvent saisi cette Parole comme si elle était un appel à peupler les églises avec des foules immenses. Après tout, les filets débordent. Mais, si on regarde dans quel endroit les poissons se trouvent, cela peut nous aider à comprendre un autre sens.
Le Lac est une grande mer, la Mer de Galilée. Pour l’homme et la femme de l’Antiquité, il est hors de question de s’y aventurer comme l’ont fait Cousteau ou les personnages de Mille lieux dans les mers. Le fond des eaux est le lieu de la mort. Elle est maître de ce lieu. Alors, aller chercher autant d’humains dans la mort représente une mission majeure pour les hommes et les femmes qui sont appelés à suivre le Christ Ieshoua.
Comment? Par l’exemple même de Ieshoua pardi!
Ieshoua, le maître, guérit, entretien, prie, pardonne. Ce dernier point est d’ailleurs celui qui apporte le plus de changements sur une terre comme la nôtre. Pardonner n’est pas une mince tâche.
Il y a faut une confiance immense en la vie. Il y faut le nécessaire amour désintéressé qui, au lieu de vouloir sauver à tout prix comme je le voudrais, laisse souffler l’Esprit qui propose, accompagne, questionne, et aime sans condition. Ou du moins, apprends à le faire.
Dans la nuit de la croix, Pierre va renier trois fois Ieshoua, les disciples s’éloigneront de lui, influencer par la montée des eaux intérieures de leurs peurs. Les hommes de l’Évangile seront lâches. Seules les femmes accompagneront le Christ Ieshoua sur la croix. Du moins dans les trois premiers Évangiles. Dans l’Évangile de Jean, il accompagne Marie-Madeleine.
Peut-être que les femmes, n’ayant aucun statut officiel dans cette société d’hommes, s’en sont foutues. Le pied de la croix? Pourquoi pas! Après tout, le maître est le premier des Rabbis qui nous ait appris à marcher avec lui, officiellement, ont-elles peut-être pensé.
Il y a un très beau psaume, le 22, qui parle des ravins de la mort : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure. » Ce sont dans ces ravins, ces mers remplies de la mort, que Dieu veut que nous pêchions. Pour y assurer la présence aimante de Dieu auprès de tous ceux et celles qui cherchent un amour inconditionnel. Pour les sortir de la mort.
Mario Bard
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