Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 février 2016
par Mario Bard.
Confiance et amour, même avec les crevasses
Qu’est-ce qu’être tenté? Et comment l’éviter? J’aimerais vous donner une recette magique pour que vous ne tombiez pas dans les griffes du malin, ce mal qui est, pour certains, un personnage réel. Ou qui pour d’autres, est une image de tout ce qui peut nous diviser de l’amour de Dieu.
Peu importe : la division qu’il entraîne en notre cœur est bien réelle. Elle nous empêche de voir clair, de donner, de partager, de nous réconcilier. Elle fait en sorte que nous mentons, que nous devenons cupides, que nous devenons aveugles à la souffrance de l’autre.
Il m’est arrivé d’être divisé intérieurement. De ne pas réaliser en moi le Royaume de Dieu. Les trous béants laissés par mon manque d’amour peuvent se remplirent de différentes manières. Je peux choisir d’aimer de manière désintéressée et complète, comme le Christ Ieshoua de Nazareth.
Ou bien, je peux laisser l’amour de côté pour choisir de remplir ces vides – qui ressemblent parfois à des abysses – en me laissant prendre par les soucis du monde. Ou bien, par les trois principales tentations qui se présentent à Ieshoua dans le désert : nourrir son âme de choses terrestres seulement; contrôler la terre entière; forcer sur soi la puissance de Dieu, la commander comme on commande à un enfant d’aller prendre son bain.
Les occasions de tomber sont nombreuses. Comment résister?
Je peux devenir sec, peu accueillant et décider de m’isoler. Ça ne marchera qu’un temps. Le temps que la division intérieure trouve son chemin vers mon esprit, et la tourmente à nouveau. Je peux aussi choisir d’en faire un spectacle permanent, choisissant d’en parler, et d’en parler, et d’en parler, comme ces gens qui témoignent tellement sur les « talk-show » que l’on en vient à douter de la véracité des faits. La crevasse, elle aussi, peut réémerger dans tout ce flot de paroles, de larmes et de témoignages.
Je peux me laisser prendre dans une activité de manière frénétique, couvrir la crevasse et courir autour d’elle. Le seul problème est qu’un jour, je crains qu’à force de courir autour, on oublie qu’elle existe. La couverture s’apparente à une mince couche de glace. Et lorsqu’on marche dessus, on tombe!
Non… fuir le malin n’est pas simple.
Et si on lui faisait face? Si on décidait de marcher en reconnaissant ce qui nous divise intérieurement? Comme si, en sachant exactement quelles sont nos failles, nous pouvions mieux les combattre. Et, se battre peut se faire de mille et une façons.
Le christianisme est rempli de ces « méthodes », de ces chemins proposés pour ne pas laisser la crevasse être remplie par n’importe quoi. Méditation, partage d’Évangile, travail de justice sociale, présence aux plus pauvres et aux malades.
Si au départ, notre travail peut être intéressé et manqué de gratuité, la force de l’Esprit de Ieshoua et du Père – Abba – toujours présente dans ces gestes, finit par avoir le dessus. Il s’agit que nous sachions nous abandonner à l’Esprit du Bon Pasteur, et que nous laissions la confiance monter, de seconde en seconde, de minute en minute, d’heure en heure, et ainsi de suite.
Nos semaines deviennent un chemin pour la vie avec ce Dieu d’amour.
Alors, quand revient le tourment causé par le malin, la tentation de tout laisser est bien amoindrie.
« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu », indique l’Évangile. « Le reste vous sera donné ». Il y a une sagesse si grande dans ces mots d’abandon! Un abandon qui est fait de miséricorde et de confiance. Un abandon qui, même quand nous tombons dans la crevasse nous fait dire: « j’ai confiance que tu es là, que tu me protèges, et que rien ne peux m’arriver, sinon de tomber dans ton amour, tout à la fin. Ouvre mes yeux et mes oreilles à ton amour incondtionnel! Amen »
C’est que je nous souhaite pour ce Carême.
Mario Bard
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