Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 20 mars 2016
par Mario Bard.
Têtu comme un âne
Quatre Missionnaires de la Charité de Calcutta ont été assassinées au Yémen. Elles travaillaient non seulement avec la très petite minorité chrétienne de ce pays de 24 millions d’habitants en proie aux violences, mais elles donnaient aussi beaucoup de temps aux membres de la majorité musulmane.
Une présence de service qui, visiblement, dérangeait ceux qui espèrent une société pure, libérée des éléments qui sont différents et semblent nuire à la bonne marche de leur vision. Une troublante vision qui n’a rien de celle de l’Évangile. Une vision qui n’a rien de celle du serviteur.
Pourtant, le serviteur souffrant, l’ultime exemple, Dieu fait Humain, se rend jusqu’à la croix. Il se livre. Il s’est déjà caché, on le voit dans certains extraits de l’Évangile. Maintenant est le temps. Maintenant est le moment d’une marche vers la croix. Elle se fait à dos d’âne, symbole du roi de paix.
Mais, les biens pensants n’en ont que faire. Leur société rêvée est ébranlée par les mots et les gestes d’une âme comme celle de Ieshoua qui affirme haut et fort que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Rien. Pas même le péché. L’action du mal est plus petite que toutes les actions d’amour et de service gratuit et pacifique que nous pouvons faire.
Y croyons-nous assez?
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La course américaine à la présidence révèle le ravin de différence de vision qui se trouve portée par les différents candidats. L’un veut couper dans les services publics à l’éducation supérieure, l’autre espère la rendre complètement gratuite. L’un veut couper ce que plusieurs nomme Obamacare, le nouveau système d’assurance maladie, l’autre veut renforcir les acquis. Bref, plusieurs éléments séparent les candidats.
Par contre, ce qui est semblable chez certains candidats, c’est la vision de ce que doit être un président : fort, sans peur et sans reproche, moralement impeccable et surtout, capable de redonner à « l’Amérique » sa grandeur d’antan!
Comment? Par l’exclusion des plus faibles, des illégaux en particulier, et par le service à l’entreprise privée afin qu’elle fasse beaucoup, beaucoup, beaucoup de profits. La population? Elle doit suivre. Et puis, en politique étrangère, il faudra être ferme. Construire des murs aux frontières, réglementer les travailleurs pour qu’ils soient moins oisifs, et donner le minimum à l’éducation.
Les plus forts survivront. Les plus faibles? Ils doivent trouver leurs voies vers les hauteurs. C’est un monde compétitif, « animal » et dangereux. Que les plus forts gagnent et que les plus faibles deviennent des esclaves!
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Vous croyez que j’exagère? Lire les programmes électoraux de certains candidats donne l’impression que les avancées sociales en matière d’éducation et de santé sont des faux pas dangereux pour la bonne gouvernance. De plus en plus, le service des plus faibles et perçu comme une perte de temps, et les riches doivent être adulés comme des demi-dieux.
Ieshoua de Nazareth entre en roi de service et de don à Jérusalem. Le mystère de sa mort – après tout, il n’a rien fait! – réside dans notre cœur. Nous accueillons difficilement les plus faibles, les plus petits, sont qui, en apparence, n’ont rien à donner. Nous cherchons à les éliminer, car il dérange. Ieshoua dérange; nos habitudes, nos supposés forces, nos convictions.
Le mouvement est dangereux. Pourtant, il contient la clé pour s’épanouir.
Heureusement, des personnes comme les Missionnaires de la Charité existent dans toutes les sociétés. Il n’en tient qu’à nous afin qu’elles deviennent des modèles. D’abord, dans nos cœurs, puis extensivement, dans nos gestes. Logiquement, la société changera pour donner la place à tous, dans un élan de la bonté marqué par la recherche du dialogue, un nez de clown pour le bonheur, du pardon, de l’amour complet. La révolution d’amour est commencé. Quand y embarquons-nous?
Seigneur inspire nous sur le chemin et dans l’adversité. Rends-nous têtus comme une mule, comme un âne. Gravir les murs pour ensuite, à coups de petit pic démolisseur, les détruire en faveur de ceux et celles qui n’ont rien. Que je découvre enfin que, dans ma faiblesse peut s’installer ta bonté, grâce à laquelle, je pourrai construire un monde meilleur. Amen.
Mario Bard
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