Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 2 octobre 2016

par Mario Bard.

Servir, malgré nos nuits intérieures

Avancer dans la peur. Mortifié de ne plus trop savoir de quel côté marcher pour arriver à aimer en vérité. Nombre de personnes se sentent impuissantes, bloquées par le sentiment que, quoi qu’elle fasse, l’amour passera sur cette terre comme l’eau sur le dos d’un canard. Alors, à quoi bon se forcer?

Peut-être vaut-il mieux se taire, attendre la mort, choisissant les plaisirs, les rancunes et les fortunes qui — pour un temps du moins — font du bien et semble même par moment être le paradis! Non, il n’est pas simple d’avancer comme humain et de croire à l’amour, malgré et avec tout. La plupart du temps, nous portons un sentiment d’échec. Il faut être « fait’ fort » comme on dit au Québec pour arriver à trouver les clés afin de s’ouvrir sur le monde pour servir.

On peut aussi prendre le temps d’écouter. De regarder. De s’arrêter.

Dans le service, il est parfois plus simple d’être activiste, de se laisser porter par les vagues, que d’oser les affronter en montant sur la planche de surf. Monter prend du temps, du travail, de la patience. Mais, une fois que l’on sait exactement comment faire, la vague ne nous contrôle plus : nous jouons avec elle, nous montons dessus ou bien nous passons dessous… elle devient une complice plutôt qu’une ennemie. Le service n’est plus seulement un espèce de devoir… Il devient vie intérieur donné au monde.

C’est un peu la même chose avec la vie intérieure.

Au début, les vagues que contiennent notre âme – peurs, tristesses, pertes, rancœurs, etc. – prennent le dessus, nous chavire et nous n’avons qu’une idée : nous abriter et ne plus jamais retourner dans ces vagues. Mais, elles reviennent. Et à marée haute, elles nous submergent.

Prendre le temps d’apprendre à « surfer » sur elles plutôt que de les laisser nous submerger (et devenir des pantins aux mains de tout et de rien), c’est le défi que nous avons aujourd’hui. Pourquoi plus spécialement avec cette portion de l’Évangile? Peut-être parce que la seule manière de devenir un serviteur inutile, c’est d’apprendre à écouter ce que veut dire devenir serviteur pour le Règne de Dieu dans l’Évangile. Et pour y arriver, il faut s’éloigner, apprendre, écouter…

***

Le doute… cette bête terrible qui est à certains jours importants, et à d’autres, tout à fait inutiles… le doute. La mort, les pertes, notre corps qui ne résistent pas aux temps qui ravagent… Tant de raisons d’abandonner et de laisser le doute sournois envahir notre cœur. Ne plus croire que, malgré les vagues, l’écoute mènera vers un Dieu qui accompagnera toujours l’être humain. Je veux croire. Mais, je dois d’abord écouter le flot de l’Esprit qui envahit mon cœur. Flot inspiré de l’Évangile. Ne plus laisser les voix sournoises me dire que l’amour n’existe pas.

Surfer grâce à l’amour de Dieu. Pour apprendre à mieux servir. Gratuitement et avec assurance. Malgré toutes nos nuits intérieures.

Mario Bard

  1. Louise Pelletier

    Très beau texte qui nous apporte beaucoup. Je vous suis très reconnaissante car souvent vos pensées m’inspirent. Justement cette fin de semaine je vais présider un office funéraire laïque et la famille endeuillée est une jeune famille qui vient de perdre leur tout petit bébé à la naissance. Quelle insoutenable souffrance!
    Je vais me recueillir et demander à l’Esprit-Saint de se manifester, de m’insuffler les mots pour les aider à faire ce douloureux passage.

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