Mon grain de sel

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Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 30 novembre 2014

par Mario Bard.

Une Église qui veille, c’est…

« En veillant su’l perron, par les beaux soirs d’été, tu m’disais ‘C’est si bon, de pouvoir s’embrasser!’ » Si la veillée dont parle Ieschoua n’est pas de même nature que celle de cette célèbre chanson des années 50 popularisée par Dominique Michel, je fais un parallèle entre les deux veilles : elles sont celles de l’amour.

Ieshoua ne demande pas de veiller pour veiller. Il demande de veiller pour aimer.

Sur le verbe « Veiller », le dictionnaire Antidote conçu pour les ordinateurs, dit ceci :

« Transitif indirect :

  • Veiller à : porter une grande attention à (quelque chose), se préoccuper de.
    Veiller au maintien de l’ordre.
  • Veiller à ce que tout soit prêt.
    Veiller à garder le secret.
  • Transitif direct :
  • Passer la nuit au chevet de (un malade, un mort).
    Veiller un mourant.
  • VieuxSurveiller (quelqu’un).

Intransitif :

  • S’abstenir de dormir le soir, la nuit. Veiller Veiller jusqu’à minuit.
  • Faire une veillée. Veiller entre amis. Veiller en famille.
  • Être de garde. Gardien qui veille.
  • Faire preuve de vigilance, se montrer alerte.
    Il faudra veiller durant les prochains jours.
    Veiller sur (quelqu’un) : surveiller (quelqu’un) dans le but d’éviter des incidents fâcheux.
    Veiller sur de jeunes enfants. »

Que de définitions! Pourtant, je retiendrai celle qui veille en donnant l’amour, comme sul’perron.
Certes, c’est d’abord romantique. C’est peut-être aussi comme cela que le Bon Dieu – comme disaient si bien les anciens – veut que nous apprenions à veiller. Ne jamais laisser de côté cet amour qu’il nous donne au début, rempli de cette sincérité, de cette enfance qui nous rend vulnérables.

Par contre, là s’arrête la comparaison. Ce n’est pas tous les jours faciles : apprendre à aimer comme le désire ce Christ Ieshoua de l’Évangile est difficile. Cela dépasse le romantisme des débuts. Il faut de l’audace, de la ténacité, du courage, de la miséricorde aussi pour traverser une vie de couple, par exemple. Traverser l’Évangile dans notre vie est aussi un grand défi de persévérance.

Le romantisme amoureux des débuts est une grâce dont il nous nous souvenons toute notre vie. Mais si nous attendons qu’il soit la source de notre action de chrétien, alors nous devrons vite abandonner l’idée même d’être disciple du Christ Ieshoua. Non que le chemin soit seulement difficile. Mais, il est parfois souffrant de soutenir la veuve et l’orphelin, ou encore, de soutenir la lutte à l’injustice, la lutte à l’exclusion et la lutte à l’immobilisme à tout prix. Parfois, seuls le souvenir et l’espérance de cet amour permettent de continuer.

Les disciples veulent savoir la date du retour du Fils de l’Homme? Selon moi, il revient tous les jours.

Les fondamentalistes chrétiens croient qu’il reviendra à la fin des temps, quand le monde sera enfin débarrassé des injustes, des pécheurs, et des démocrates! J Et malheureusement, quand leurs comptes en banque seront bien garnis. Ils deviennent des veilleurs de banque…

Veiller, c’est avant tout un état d’être, une façon d’être. Un peu comme le scout qui est toujours prêt, et l’aigle qui surveille ses proies du haut des airs. Il tourne longtemps avant que de foncer sur elles. Mais quand il est prêt, gare à la petite bête!

***

Je pense aux années où je jouais sur scène. Comme jamais, il fallait être prêt. La scène commande, demande à ce que l’artiste interprète soit prêt. Ce moment de communion demande une préparation incroyable. Et quand on entre sur scène, on veille à donner le meilleur.

Jean Lapointe chante La scène. Une chanson magnifique qui dit à quel point ce lieu peut être glorieux, tout comme il peut devenir le lieu de la descente au néant. Le secret? Il faut d’abord y donner tout son amour. Un amour qui déborde le plaisir que la scène procure.
« Elle t’attendra au détour si tu n’as pas assez d’amour. »

Le compositeur et fantaisiste chante également :
Comme c’est une chanson d’amour,
c’est une chanson pour toujours,
tant qu’il y aura des amoureux,
elle vivra pour eux.

Le veilleur du Dieu de l’Évangile ne peut espérer qu’une chose :
être amoureux et devenir veilleur de l’amour. Jusqu’au don de sa vie.

***

À l’Église, veillons sur le perron. C’est là que, l’été, se rassemblent ceux et celles qui ont besoin de se confier, de se donner des nouvelles, d’être consolés. De rire aussi, de vibrer ensemble, de chanter ensemble! Être veilleur, ce n’est pas d’abord surveiller celui qui vient.
C’est veiller à ce que l’amour devienne un Royaume, maintenant, ici-bas.

Mario Bard

  1. Étienne Godard

    Un texte qui m’inspire beaucoup. La veille de l’amour n’est-ette pas parfois plus forte que l’amour lui-même? Comme tu le dis si bien, c’est cet espace de veille qui installe la soif de l’amour dans l’éternité.

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