Mon grain de sel

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Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 28 septembre 2014

par Mario Bard.

Entrer par la miséricorde

Pourquoi les percepteurs d’impôts et les prostitués seront-ils premiers dans le paradis? Parce qu’ils reçoivent la nouvelle conversion que propose Iéschoua. Ils sont conscients de leur éloignement de Dieu, eux qui sont particulièrement mal vus par la société d’alors. Quelle est cette nouvelle conversion? Ce nouveau chemin proposé? J’opte pour la miséricorde.

Elle s’adresse équitablement à tous. Par contre, elle n’est pas toujours accueillie de la même manière par tous. Si certains vont ouvrir leurs cœurs et se laisser bercer par le chant de sa tendresse, d’autres auront peine à s’y retrouver, la considérant même comme une faiblesse passagère qu’il vaut mieux contenir et dont il faut se méfier à tout prix.

Pourtant, ils passent à côté de la force offerte par la faiblesse de ce Dieu miséricorde. Loin des signes de guerre qui détruisent, la faiblesse de la miséricorde, quand elle est accueillie dans un terreau fertile, devient un chêne immense! Tout petit est le gland qui se transforme en merveille immense et noble.

Alors, pourquoi ceux et celles qui détiennent un poste de responsabilité semblent-ils perdre de vue, si souvent, qu’ils ne sont que les dépositaires d’un amour qui les dépasse? En particulier, dans les traditions religieuses?

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Le débat fait rage au Vatican. On dit que des prélats ne sont pas contents de la disputatio théologique à propos de l’ouverture à la Table eucharistique aux personnes divorcées remariées. C’est ce que rapporte le magazine français La Vie.

« On ne peut pas déclarer qu’un mariage est éteint sous prétexte que l’amour entre les époux est “mort”. L’indissolubilité du mariage ne dépend pas des sentiments humains, permanents ou transitoires. Cette propriété du mariage est voulue par Dieu lui-même. Le Seigneur s’est impliqué dans le mariage entre l’homme et la femme, c’est pour cela que le lien existe et qu’il a son origine en Dieu. Voilà la différence », déclare le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi

oui, mais Mgr : si l’amour est parti, envolé, violenté? Deux personnes qui ont, de bonne volonté, marché côte à côte, et qui ont vu leurs relations se transformer, disons pour le pire, que fait-on? On les colle l’un l’autre pour qu’ils s’aperçoivent enfin qu’ils s’aiment?

La miséricorde est-elle présente dans ce couple? L’ont-ils vécu? L’ont-ils appris? Peut-être pas, provenant de familles ou d’entourages qui ne savent pas la miséricorde et l’accueil. Alors Mgr, si vous êtes prêts à monter aux créneaux pour défendre une doctrine, serez-vous prêts à monter aux créneaux pour accompagner tous ceux et celles qui auront besoin de comprendre la doctrine de l’Église?

Et cette doctrine, est-elle celle d’un Dieu implacable ou bien est-elle celle d’un Dieu qui permet de marcher à nouveau, après les échecs qui parsèment nos parcours? Permet-elle enfin de s’approcher de la Table eucharistique pour, justement, y puiser à la source?

Mais non. Les règles actuelles interdisent cette approche. Que des purs à la Table…

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Pourtant… pourtant Ieshoua des Évangiles provoque : les prostitués et les percepteurs d’impôts vous précèdent dans le Royaume.

Parce qu’à la miséricorde, parce qu’à ce 77 x 7 fois il faut pardonner – c’est-à-dire à l’infini, ils répondent oui. Et même quand ils chutent sans arrêt, la Table de la solidarité eucharistique les relèves. À l’infini, comme l’a demandé le maître de la maison : 77 x 7 fois. Ils y vont, ils marchent. Ils sont déjà dans le Règne de Dieu.

Source: La Vie

C’est précisément de ce discours qu’est partie la disputatio. En octobre 2013, dans une interview à l’Osservatore romano, le journal du Vatican, puis en juillet, le cardinal Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a sorti un livre-interview où il prend le contre-pied du cardinal Kasper en déclarant que les théories remettant en cause l’indissolubilité sont« radicalement erronées » : « On ne peut pas déclarer qu’un mariage est éteint sous prétexte que l’amour entre les époux est « mort ». L’indissolubilité du mariage ne dépend pas des sentiments humains, permanents ou transitoires. Cette propriété du mariage est voulue par Dieu lui-même. Le Seigneur s’est impliqué dans le mariage entre l’homme et la femme, c’est pour cela que le lien existe et qu’il a son origine en Dieu. Voilà la différence », déclare-t-il.

Plus loin, il s’étonne de l’utilisation par « certains théologiens » de ce « même raisonnement relatif à la miséricorde comme prétexte pour favoriser l’admission des divorcés remariés civilement aux sacrements ». Il remet en question aussi l’utilisation des témoignages provenant des Pères de l’Église prônant une certaine complaisance envers les nouvelles unions : « L’Orient chrétien a certainement connu une certaine confusion entre la législation civile établie par l’empereur et les lois de l’Église, déclare-t-il ; cela y a fait naître une pratique différente qui, dans certains cas, en est arrivée à admettre le divorce. Mais, sous la conduite du pape, l’Église catholique a développé, au cours des siècles, une autre tradition – que l’on retrouve dans l’actuel code de droit canonique et dans le reste de la règlementation ecclésiastique – qui est clairement opposée à toute tentative de sécularisation du mariage ».

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