Mon grain de sel

Classé dans : Activités spirituelles, Grain de Sel | 1

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 1er juin 2014

par Mario Bard.

Baptiser par des gestes fondateurs

La question qui monte en moi : comment devenir disciple? Peut-être nous faut-il d’abord recevoir ce Saint-Esprit, ce Père, et ce Fils qui peuvent nous mettre en mouvement. Puis, il faut avoir l’humilité de savoir que… nous ne sommes qu’humains. Rien de plus, rien de moins.

Car c’est dans notre faiblesse que la « Trinité bienheureuse » peut agir. Elle ne trouve aucun autre endroit qui puisse la loger. Il est dur d’accepter que ce soit en elles – nous en avons plusieurs, avouons-le! – que cette puissance de Dieu puisse agir. Il serait tellement plus facile de tout détruire chaque jour pour apprendre aux humains à devenir meilleurs!

Le Dieu dictateur a vécu. À travers les esprits des Mussolini, Hitler, Néron, Staline, Mao et autres êtres aux penchants abrupts pour la parole, mais surtout pour le geste destructeur. Mieux détruire pour régner. Ils sont des milliers à avoir pensé leurs sociétés en termes de renouvellement par le feu et le tonnerre. Qu’en restent-ils? Peu de choses, sinon des documentaires-chocs à la télé, ou encore des adeptes de fond de sous-sols qui osent se dirent de façon anonyme sur le web.

Celui-ci n’est pas le Dieu des Évangiles. Il n’a aucune emprise sur ceux et celles qui décident de remettre leurs âmes à la bonté d’un Dieu qui sera « avec nous jusqu’à la fin des temps ».

Garder les préceptes de ce Dieu de Ieshoua, c’est d’abord apprendre à garder les paroles de l’Évangile, présentent à nos yeux, nos oreilles et notre esprit aussi souvent que possible. Quand on apprend à aimer comme dans l’Évangile, on peut le faire dans différentes situations. « Qu’il est difficile d’aimer », dit le poète Vigneault! Peut-être. Mais si la confiance règne en mon être, confiance que cette Trinité bienheureuse m’accompagne, pourquoi aurais-je peur d’aimer?

***

Les gestes du pape actuel continuent de me fasciner. En voyage en Terre sainte, il fait arrêter son cortège. Ce qui n’est plus vraiment surprenant avec lui. « Urgence prière » selon ce que rapportent certains organes d’informations. Par contre, le lieu importe. Il débarque de sa papamobile et va prier au mur qui sépare les territoires palestiniens de l’État d’Israël. Décriée comme une véritable honte par plusieurs organisations internationales, la structure de 700 km de long permet officiellement d’empêcher les attentats terroristes sur le territoire israélien. Personne n’est contre la vertu. De plus, les chiffres donnent raison aux autorités puisque depuis sa construction, le nombre d’attaques contre des citoyens dans des lieux publics, que ce soit des cafés ou des autobus, a drastiquement diminué.

L’un des problèmes, c’est que pendant la construction, des terres fertiles ont été arrachées à des agriculteurs palestiniens, qui eux, n’avaient aucun lien avec l’extrémisme et le terrorisme. Le mur passe ici parce qu’on en décide ainsi, qu’on leur a dit.

Aller prier au mur, y mettre sa tête et sa main, c’est un geste fort dans les circonstances. Comme si le pape avait prié et posé sa tête au Mur de Berlin? À mon avis, oui. Pour dire au monde « Assez! » Pour dire que la division permanente ne peut être érigée en système.

Il a beau être une personnalité bien en vue et aimer, le pape François ne peut se permettre d’entourloupettes diplomatiques. Le « Mur de la honte » et des secondes lamentations aurait pu passer inaperçu sans cette prière. La peur d’un incident diplomatique aurait pu être la priorité dans son esprit. Mais il carbure à l’urgence. Le cortège doit s’arrêter, parce que ce geste et cette prière pourraient réconcilier.

***

Baptiser au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, c’est aussi porter en soi et autour de soi ces gestes hautement symboliques, urgents, et les mener à terme. Il faut la réconciliation, dit le pape aux deux parties. Cela ne peut plus continuer; les Palestiniens prisonniers des territoires; les Israéliens prisonniers de la peur des attaques. Un appel retentit, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Sera-t-il capté jusqu’aux confins des cœurs, ou détourné par les murs de la peur, dieux destructeurs et dictateurs?

Mario Bard

  1. Étienne Godard

    Merci pour cette réflexion sur le baptême. Elle m’aide à approfondir un geste, à redonner sens à cette invitation à se mettre en route. Si se mettre en route c’est suivre l’humilité et la justesse de François, moi, j’embarque!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *