L’image du bon pasteur: un univers pastoral loin de nos vies urbaines
Ce discours de Jésus que nous lisons aujourd’hui nous vient du livre de l’évangéliste Jean. Aujourd’hui, une écrasante majorité des habitants au Québec vivent dans les villes. Au temps de Jésus, dans la Palestine romaine, les citadins sont très peu nombreux. Plus de 95% des habitants vivent à la campagne. L’activité première, pour survivre à la campagne en Galilée, en Jude, c’est de vivre de la terre, comme agriculteur, en cultivant le blé par exemple. L’autre option, c’est de s’occuper d’élevage des bêtes, en s’occupant de troupeau.
Ce troupeau, il faut le nourrir, faire boire les bêtes. C’est le travail du berger qui part tôt le matin, accompagné de ses bêtes, dans les plaines, sur les plateaux, à la recherche d’herbes fraîches pour faire brouter ses bêtes et des sources pour les abreuver. Jésus parle aussi du pasteur. Il partage la vie de ses bêtes depuis longtemps. Elles le reconnaissent à sa voix, comme notre animal domestique arrive à reconnaître notre voix.
Le texte de Jean mentionne que le berger vient chercher son troupeau dans l’enclos. C’est là que les bêtes ont passé la nuit, à l’abri des bêtes sauvages et des voleurs. Il se pointe à l’entrée de l’enclos et appelle ses bêtes. Ainsi les différents bergers repartent faire nourrir leurs bêtes, chaque main, avec leur propre troupeau. Les enclos sont assez grands pour réunir, pendant la nuit, plusieurs troupeaux. Je passe par-dessus les pêcheurs, qui devaient être assez nombreux autour du lac de Galilée et en bordure de mer. Nous n’avons qu’à penser aux premiers disciples de Jésus qui étaient des pêcheurs, nous disent les évangiles. Je les laisse en dehors de cette présentation, parce qu’ils ne sont pas le sujet de notre texte aujourd’hui.
J’ai voulu montrer l’omniprésence du monde rural dans la province romaine de Palestine à l’époque de Jésus. Ce qui explique pourquoi les mots comme berger, pasteur, troupeau sont très présents dans les évangiles, tout comme dans la bible juive que les chrétiens appellent l’Ancien Testament. C’est parce qu’ils font partie du quotidien du monde juif de l’époque qu’ils y sont si présents. C’est un langage qui a une grande signification pour les habitants des lieux. Ainsi, quand Jésus se compare au bon berger, au bon pasteur, qui prend soin de son troupeau, l’association se fait facilement pour les habitants à l’époque où les évangiles ont été rédigés.
Le pasteur aujourd’hui
Nous avons conservé le nom de pasteur dans le milieu religieux aujourd’hui. Le pasteur est celui qui s’occupe de sa communauté. Jésus avait l’habitude de dire que les humains ne se nourrissaient pas que du pain, mais aussi de toutes paroles venant de Dieu. Donc, le pasteur donne à manger, en faisant connaître la parole de Dieu. Comme le pasteur, le berger amène paitre son troupeau dans les prés verdoyants. Comme il les amène boire à la source. On peut penser à l’image donnée par Jésus au puits de Jacob à la Samaritaine. Il y a ce jeu de mots entre l’eau du puits qui abreuve les humains du village, et la parole de Jésus qui donne une eau qui apaise la soif pour l’éternité! Je veux nous éclairer de nouveau avec un texte fort de cet imaginaire biblique. Je cite les deux premiers versets du psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger: je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles. »
Une longueur d’onde
Jésus explique que tous ceux qui sont venus avant lui n’ont pas bien pris soin du peuple de Dieu. Tous, ils ne les ont pas bien nourris, ne les ont pas défendus contre les bêtes sauvages (i.e. les autres images de dieu, les envahisseurs, les faux prophètes, les exploiteurs, etc.). Dans tous les bruits qui emboucanent l’atmosphère de Palestine, il n’y a pas que son appel qui pouvait se faire entendre. Georges a été le fondateur et longtemps le pasteur du Relats. Il avait l’habitude de remplace l’expression « entendre la voix de Jésus ou du Seigneur » par « être sur la même longueur d’onde de Dieu ». Un exemple pris de son commentaire du texte d’aujourd’hui : « Ceux qui ne sont pas sur la longueur d’onde de Dieu ne peuvent entendre son message. Pour reconnaître en Jésus l’Envoyé du Père, il faut être de son esprit: esprit de bonté et non de stricte justice, esprit de pardon et non de vengeance punitive. »
Jésus se dit aussi être la porte de l’enclos. Nous pouvons en déduire que c’est par lui, par l’écoute de sa parole, en se mettant sur sa longueur d’onde, nous aurait dit Georges, que l’on peut atteindre ce pré verdoyant et la source qui désaltère. C’est ainsi que nous devons comprendre son message aujourd’hui : c’est en se mettant à la suite de sa parole que nous pouvons découvrir la vie en abondance qu’il nous promet. Tout au long de ce texte de Jean, c’est en suivant cette allégorie que nous pouvons saisir le discours de Jésus. Aujourd’hui aussi, notre paysage sonore est envahi par une cacophonie de voix, d’ondes de toutes les variations possibles. Aujourd’hui aussi, comme à l’époque de l’évangéliste Jean, notre défi est de se mettre à l’écoute des voix, des ondes qui nous remplissent d’espérance, qui nous mettent debout, en parallèle avec le discours du maître Jésus que nous amène le texte de Jean. Des ondes, des voix qui donnent à boire et à manger à une source universelle. Une route faite de bienveillance, d’accueil, de miséricorde où se construisent des ponts, se tissent des alliances qui nous font proches les uns des autres.
Le faux berger est désigné comme un voleur. Il est voleur parce qu’il est étranger à la famille de Dieu. Il est étranger à son esprit, parce qu’il n’est pas animé par l’amour. Il ne vient pas donner la vie, mais ne peut que détruire. Jésus se désigne comme ce messie envoyé par le Père. Moi, je suis le bon berger; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père (Jn 10,15). Dans les discussions entre Juifs, c’est toujours la même question qui est posée à propos de Jésus: D’où vient cet homme? Est-il un homme de Dieu? Et Jésus sans cesse reprend l’affirmation de son lien avec le Père.
Georges Convert
Étienne Godard
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