C’est un jour important que l’Ascension: c’est le temps où Jésus quitte la vie terrestre. En fait, je ne m’exprime pas adéquatement. Jésus a quitté la vie terrestre quand il est mort sur la croix. Avant, il sillonnait la Palestine avec ses disciples, de la Galilée à la Judée, en passant par la Samarie. C’était un temps marqué par les rencontres d’enseignement tant avec la population juive qu’avec les disciples. Un temps où le maître parlait avec sa parole, mais aussi par ses actes. Il cherche à faire connaître le nouveau visage de Dieu qu’il veut répandre chez les vivants. Après sa mort sur la croix, une parenthèse va s’ouvrir. Jésus va se faire voir. D’abord à des femmes au tombeau vide, aux disciples d’Emmaüs, sur la route reliant Jérusalem et ce village en direction de Jaffa, à l’ouest. Puis chez les onze apôtres, enfermés au cénacle puis encore d’autres récits. Un point commun entre les évangélistes: les témoignages divergent sur ces moments où Jésus se laisse voir.
Ce temps intermédiaire cesse avec ce qui est appelé dans la tradition chrétienne l’Ascension. Elle est assez bien perceptible chez certains évangélistes, je pense surtout à Luc et Mathieu, plus difficilement chez Jean, dépendamment à laquelle des deux fins proposées l’on s’adresse (au chapitre 20 ou 21) et complètement absente chez Marc. Dans la réflexion que j’ai développée sur le récit de l’Ascension de Matthieu, je tiens beaucoup mes idées des commentaires de Noël Quesson sur ce texte de Matthieu, dans Parole de Dieu pour chaque dimanche, Droguet et Ardent, pp. 124-129.
Deux fois, à la fin de l’évangile de Matthieu, nous retrouvons cette référence à ce rendez-vous en Galilée. La première fois que Jésus y fait référence, c’est devant ses apôtres, en Mt 26,32, « Une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée ». La seconde c’est la réponse donnée aux femmes devant le tombeau vide. « Allez-dire à ses disciples qu’il les précèdera en Galilée. C’est-là qu’ils le verront ».
Le récit de Matthieu nous fait part de cette rencontre, qui se fait sur une montagne de Galilée. La montagne est désignée, dans toute la bible, comme un lieu de rencontre entre Dieu et les humains. On peut penser à la montagne de la transfiguration, au miracle de la distribution des poissons et des pains, encore sur la montagne et, évidemment, à Moïse sur la montagne, le mont Horeb. Pensons aussi au discours des béatitudes.
Ce discours de Jésus se fait dans un cadre formel. C’est la première et la dernière fois que, dans Matthieu, que Jésus se fait présent, se fait voir à ses disciples. Malgré cette solennité du moment, nous lisons au verset 17: « Quand ils le voient, ils se prosternent, mais certains ont des doutes. » Cette évocation des doutes est souvent présente dans les évangiles. Pensons au récit de la transfiguration. Malgré cette évocation des doutes chez ses disciples, c’est eux que Jésus envoie proclamer le nouveau visage de Dieu dans toutes les nations.
Pour monsieur Quesson, être disciples ce n’est pas ramoner une liste de connaissance intellectuelle, « mais l’apprentissage d’une manière de vivre qui englobe tous les aspects de la vie ». Encore une fois, le croire n’est pas l’équivalent d’une récitation académique, dit Quesson. Croire, c’est accepter de prendre la route, de suivre un chemin et non d’avoir « une certitude scientifique. » Il a une définition très dynamique du mot croire: « Croire, avoir la foi est un élan, une poussée, un pas, une gestuelle qui vient nous projeter dans une direction, c’est un souffle » . Quand Jésus demande de le suivre, la réponse est laissée aux individus. L’auteur poursuit en disant que l’on peut conclure de là à une validation de l’expérience individuelle. Basée sur l’expérience de Jésus et ses disciples présentés par Matthieu, Noël Quesson me dit que mon expérience humaine peut-être une expérience de foi.
Étienne Godard
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