Regards croisés
De mercredi 21 juin
Mt 10,26-33
L’envoi en mission
une invitation à faire confiance
Le texte de Matthieu nous transmet un discours que Jésus fait aux apôtres après leur envoi en mission. On se souviendra de l’évangile de la semaine dernière qui, justement, nous parlait de cet envoi en mission des douze apôtres, après le discours sur la montagne de Matthieu. Cet envoi en mission ne nous semble pas avoir été un choix facile pour les apôtres. Il faut se remettre dans le contexte de l’écriture de l’évangile de Matthieu. Il écrit son évangile autour de l’année 70, soit près de 40 ans après la mort de Jésus. Matthieu s’adresse à sa communauté de chrétiens. Le temps n’est pas au beau fixe pour les disciples de Jésus à cette époque. Certains de ses compatriotes ont certainement connu le dénigrement, la souffrance physique même, après avoir affirmé leur foi en Christ. Cette atmosphère, lourdement chargée, transpire du texte de Matthieu.
Dans cet évangile, par quatre fois, on peut lire l’utilisation du verbe craindre. Il ne faut pas s’y laisser prendre. Le discours de Jésus est avant tout une invitation à la confiance, une invitation à rendre vivant l’enseignement reçu après avoir partagé la vie du Maître sur les routes de la Galilée.
Ce que vous entendez dans l’intimité de vos prières,
traduisez-les en paroles et en actes
Jésus les invite à proclamer haut et fort « ce que vous entendez à l’oreille ». Ce verset fait certainement référence à son enseignement. « Ce que vous recevez dans l’intimité de vos prières, traduisez-les en actes et en paroles visibles », dit Jésus. Il faut y voir un appel au témoignage. Cet appel s’adresse aussi à nous, aujourd’hui. Il nous parle de l’importance de diffuser le récit de notre « résurrection », de raconter le passage du fils de Marie dans nos vies. Raconter ces instants de lumière qui ont su nous relever de nos ténèbres, nous sortir de l’errance. Pour le faire, il faut témoigner, faire part, dans notre discours personnel, de ces moments de bascule qui dans le temps inscrit pour chacun, a amené nos pas dans le chemin du Nazaréen.
Syntoniser la longueur d’onde du Maître
Nous ne sommes pas dans un pays où on brûle les églises, mais, aujourd’hui, il faut admettre que notre monde s’est bâti dans une étonnante complexité. Les voies que nous pouvons emprunter, les chemins sur lesquels nous pouvons inscrire nos pas sont nombreux. La longueur d’onde du Maître peut être confrontée a beaucoup de brouillage. S’y coller, s’y tenir, s’y référencer, en faire notre sens peut être un parcours exigeant. Le réconfort qu’apporte Jésus vient supporter le disciple qui vacille. Il faut cesser de s’enfarger et de chuter dans la quête de l’image de l’autre. À la faculté d’enseignement que j’ai fréquentée, nous appelions cela faire du renforcement positif.
« Comment Jésus nous conseille-t-il de réagir dans les conflits?
Là où votre paix n’est pas accueillie, partez (Mt 10,14).
Quand on vous pourchassera dans une ville, fuyez dans une autre (Mt 10,23). Il ne s’agit pas de vouloir à tous prix convaincre.
On ne saurait, par exemple, imposer la foi à quiconque.
On ne saurait imposer notre point de vue par la violence. La vérité se fera reconnaître par elle-même: Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé. Respecter l’autre, même s’il peut avoir tort, est plus important que de vouloir défendre sa propre vérité à n’importe quel prix. Il y a une ‹rage théologique› faite d’intolérance, de fanatisme et de violence qui n’est pas chrétienne, même si elle est parfois commise au nom de Dieu. Le dialogue avec l’autre pour «marcher ensemble vers une vérité plus grande» fait partie intégrante de l’identité du disciple de Jésus.
Georges Convert
Étienne Godard
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