De l’incrédulité à la reconnaissance
Ce texte de l’évangéliste Luc débute avec l’arrivée, chez les onze disciples, des disciples d’Emmaüs. On connaît ces disciples, qui rentraient de Jérusalem, après avoir assisté à la crucifixion de Jésus. Sur leur route vers le village d’Emmaüs, un inconnu avait fait marche avec eux. Par le repas que cet inconnu va célébrer chez eux en fin de journée, ils vont reconnaître la personne de Jésus. Sur ce, ils rentrent à Jérusalem pour en informer les apôtres.
Le chapitre 24 de Luc nous révèle trois occasions où se fait connaître Jésus ressuscité. Premièrement, la découverte du tombeau vide par les femmes. Puis le récit des compagnons d’Emmaüs, récit qui précède l’évangile d’aujourd’hui et, pour finir, l’apparition de Jésus aux onze. Tout se passe, dans le récit qu’en fait Luc, la même journée. Comme nous avons vu dans le récit qu’en fait Jean, qui invoque notre « jumau » dans l’incroyance, Thomas, nous sommes frappés par la première réaction des disciples: la peur, l’effroi, l’incrédulité. Le passage de cette incrédulité à la reconnaissance est variable, tout comme aujourd’hui.
Redécouvrir les gestes du quotidien
Dans ce récit qui nous est donné de lire aujourd’hui, Luc nous offre un autre élément pour nous amener à la reconnaissance: la nourriture, le repas. On offre du poisson grillé à Jésus. On retrouve chez l’évangéliste Jean, dans ce que l’on appelle l’appendice, au début du chapitre 21, une scène semblable. Jésus attend sur la grève, avec un feu de bois. On assiste à la pêche miraculeuse. Ses apôtres le reconnaissent et il fait griller un poisson sur le feu.
Par ce symbole, le poisson comme repas, on veut bien montrer que ce Jésus s’incarne parfaitement dans l’humain. On y retrouve le geste du repas quotidien. Combien de fois voit-on dans les évangiles, ce même Jésus qui partage un repas. Pour les apôtres, cette nourriture partagée ramène à la symbolique de la table, partagée, inclusive et fraternelle. Une table qui invite au partage. Invité à partager la table, c’est faire miséricorde, c’est inviter à reprendre sa place dans la communauté. Le repas, c’est un acte d’alliance. Malgré sa souffrance, son rejet, toutes nos désertions, nos reniements, Jésus montre qu’il veut toujours faire alliance.
Ainsi Jésus, en mangeant, met le doigt sur les moments privilégiés passés avec ses disciples. C’est autour de la table qu’il leur a souvent enseigné. Ils pensaient voir un esprit, mais un esprit n’exprime pas sa faim biologique. Le poisson grillé c’est le mets de prédilection de ces pêcheurs de Galilée. Ce poisson rappelle les retrouvailles, sur les bords du lac, en matinée, au retour de la pêche. Leur premier lieu de rencontre avec Jésus…
Re-connaître Jésus ressuscité
Entrer dans la Gloire, nous explique Georges Convert en parlant de Jésus, crucifié et ressuscité:
C’est entrer dans la plénitude de l’amour. Pour entrer pleinement dans l’amour, il faut vivre l’amour jusqu’au bout, sans jamais renier ce choix de bonté. C’est l’amour qui conduit celui qui aime au don de sa vie. On ne peut donc re-connaître Jésus ressuscité, entré dans la gloire de Dieu, si l’on n’a pas compris le sens de la croix comme don de vie (…) Ce chemin de la croix est donc le vrai chemin de l’amour, tel que Dieu le vit.
Georges Convert
Étienne Godard
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